Article 145 du CPC : Comprendre les mesures d’instruction in futurum (constitution de preuve avant un litige), leurs conditions d’application, leurs enjeux pratiques et l’articulation avec les autres procédures civiles et pénales. Un guide complet pour les praticiens, enrichi d’exemples concrets et de FAQ, rédigé par un avocat en contrats commerciaux et contentieux à Paris.
L’article 145 du Code de procédure civile, instauré par le décret n° 73-1122 du 17 décembre 1973, offre au justiciable la possibilité de demander, avant tout procès, des mesures d’instruction visant à conserver ou établir la preuve de faits pouvant influencer l’issue d’un litige. Cette procédure, qualifiée d’in futurum, est un outil probatoire préventif et transversal, présent dans de nombreux domaines du droit. Elle permet, à condition de démontrer un motif légitime, d’obtenir l’intervention du juge pour renforcer sa position probatoire future.
Encadré pédagogique :
« S’il existe un motif légitime de conserver ou d’établir avant tout procès la preuve de faits dont pourrait dépendre la solution d’un litige, les mesures d’instruction légalement admissibles peuvent être ordonnées à la demande de tout intéressé, sur requête ou en référé » (art. 145 CPC).
La requête 145 du CPC permet d’obtenir une mesure d’instruction préventive, ordonnée par le juge, pour la conservation ou l’établissement de preuves, sur requête (procédure non contradictoire) ou en référé (procédure contradictoire). Cette procédure concerne principalement les situations où le risque de disparition, de falsification ou de perte d’éléments essentiels rend la collecte de preuves avant toute action judiciaire impérative.
Exemples concrets :
Les mesures d’instruction in futurum sont des interventions judiciaires anticipées visant à protéger le droit à la preuve en dehors du procès au fond. Elles peuvent être sollicitées de manière contradictoire (référé) ou non contradictoire (requête sur ordonnance).
Encadré jurisprudentiel :
Cass. civ. 2, 24 mars 2022, n° 20-21.925 (concurrence déloyale) ; Cass. soc., 22 septembre 2021, n° 19-26.144 (discrimination).
Le demandeur doit démontrer que la mesure sollicitée est justifiée par la crainte de la disparition des preuves ou par l’importance de l’élément à démontrer. Le litige futur potentiel doit être suffisamment déterminé dans son objet et son fondement sans être une pure hypothèse.
Le juge doit vérifier que la mesure est :
La mesure ne doit pas porter atteinte de façon illégitime aux droits et libertés des parties, tels que le droit à la vie privée ou le secret des affaires.
Exemples jurisprudentiels :
La demande d’instruction doit intervenir avant toute instance au fond. Il suffit d’identifier le litige futur sans nécessité de démontrer la recevabilité ou le bien-fondé de l’action elle-même.
Exemple :
Une entreprise peut solliciter une mesure sur l’article 145 du CPC pour préparer une action en concurrence déloyale avant toute assignation au fond.
Cette procédure non contradictoire est particulièrement adaptée lorsqu’une intervention rapide est nécessaire pour éviter la disparition de preuves. Exemple : engagement d’un huissier sans que la partie adverse soit avertie.
Le débat contradictoire est organisé devant le juge. La mesure peut être contestée sur la nécessité, la proportionnalité ou le respect des droits fondamentaux.
Une demande sur le fondement de l’article 145 du CPC est recevable même si une procédure pénale est envisagée. Il est toutefois délicat de concilier les deux ; la jurisprudence exige de ne pas entraver l’action pénale et d’anticiper les éventuelles interactions.
L’application de l’article 145 du CPC est possible devant le juge des référés, même en présence d’une clause compromissoire, tant que la juridiction arbitrale n’a pas statué au fond (sauf convention contraire des parties). La compétence territoriale est fixée en fonction du lieu de réalisation de la mesure ou de l’objet à examiner.
Cas pratique :
Exemple de clause de requête :
« Considérant que la société X suspecte la société Y d’actes de concurrence déloyale, la société X sollicite par la présente requête la désignation d’un expert judiciaire afin d’établir la réalité et l’étendue des faits allégués avant tout procès au fond. »
La demande doit être argumentée et circonstanciée ; toute utilisation abusive (collecte massive de données, absence de litige réel) entraîne le rejet de la mesure.
Encadré pratique :
La contestation sur la nécessité ou la légitimité de la mesure peut engendrer des délais.
Des mesures disproportionnées ou non justifiées peuvent être qualifiées d’abus et sanctionnées.
Le respect du secret des affaires ou de la vie privée reste un enjeu majeur, justifiant parfois le refus d’accès à certaines preuves.
La décision de faire droit à la requête relève de l’appréciation du juge, qui veille à l’encadrement de la mesure dans sa durée et son objet.
Application systématique de l’article 145 pour conserver les preuves d’une rupture abusive ou d’un détournement de clientèle.
Recours à l’article 145 pour démontrer une pratique discriminatoire ou un débauchage fautif (Cass. soc., 22 septembre 2021).
Expertises sur la conformité des travaux, la réalité de la surface louée, etc.
C’est une demande adressée au juge, avant toute instance, pour obtenir une mesure d’instruction en vue de conserver ou d’établir la preuve. Cette requête peut être contradictoire (référé) ou non (requête sur ordonnance).
Elles incluent les expertises judiciaires, les constats d’huissier, les saisies de documents, l’examen de comptabilité ou de pièces informatiques, etc. Elles sont prévues pour garantir la conservation de preuves avant tout procès.
L’article 145 CPC a été consacré par le décret n° 73-1122 du 17 décembre 1973 et n’a cessé d’évoluer depuis, notamment par la jurisprudence et les évolutions législatives récentes.
Il permet à la partie gagnante d’obtenir une indemnisation de ses frais irrépétibles (honoraires d’avocat, frais d’expertise…) lorsque ceux-ci ne sont pas compris dans les dépens.
Ils encadrent la procédure de référé, permettant au juge de statuer rapidement, indépendamment de l’urgence dans certains cas (article 834) et en matière d’urgence (article 835).
Non, cet article concerne le droit des personnes et du mariage, sans lien avec les mesures d’instruction probatoires du CPC.
Il régit les modalités de communication de pièces entre les parties et peut être invoqué pour garantir le respect du contradictoire au cours des mesures d’instruction.
Permet une option de compétence territoriale, utile pour déterminer le juge compétent pour les mesures d’instruction.
Le juge prend une décision rapide, souvent provisoire, sur la base d’un débat contradictoire, pour ordonner des mesures conservatoires ou probatoires.
Cet article fixe la compétence territoriale du tribunal, en principe au lieu où demeure le défendeur.
Il s’agit simplement de la traduction portugaise de l’article 145 du Code de procédure civile. Le contenu et les conditions sont similaires à la version française.
C’est un article du Code civil relatif aux conditions de validité du mariage, sans rapport avec les mesures d’instruction probatoires.
L’article 145 du CPC est un mécanisme réglementé, dont l’usage nécessite anticipation et prudence. Il est vivement recommandé de vous faire accompagner par un avocat spécialisé afin d’éviter les écueils et de maximiser l’efficacité de la démarche probatoire.
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L’article 145 du CPC s’impose comme un outil clé des stratégies probatoires modernes : il
Article rédigé par Guillaume Leclerc, avocat en contrats commerciaux et contentieux commerciaux à Paris.