Contrats immobiliers commerciaux
15/10/25

Baux commerciaux et indice : article d'avocat sur l’indexation des loyers pour les dirigeants de PME

Découvrez le fonctionnement complet de l’indexation des loyers des baux commerciaux, les caractéristiques des indices ICC, ILC, ILAT, leur évolution en 2021, 2022 et 2025, la formule d’indexation, ainsi que des conseils pratiques pour optimiser et sécuriser votre contrat de bail commercial comme dirigeant de PME.

Introduction

L’indexation du loyer en matière de baux commerciaux représente une problématique cruciale pour tout chef d’entreprise. Entre enjeux financiers, évolution des indices (ICC, ILC, ILAT), et sécurisation contractuelle, maîtriser les règles applicables à l’indice de révision des loyers commerciaux est indispensable pour négocier ou gérer son bail.

Ce guide complet, rédigé dans une posture à la fois pédagogique et technique, vise à démystifier le fonctionnement des indices, leur mode d’application, ainsi que les précautions à adopter en tant que dirigeant de PME.

Qu’est-ce que l’indice des baux commerciaux ?

L’indice des baux commerciaux est un indicateur servant à actualiser le montant du loyer d’un local commercial, de manière régulière, pour le mettre en adéquation avec l’évolution de la conjoncture économique et immobilière.

Trois indices principaux existent, avec des champs d’application différents :

  • ICC (Indice du Coût de la Construction)
  • ILC (Indice des Loyers Commerciaux)
  • ILAT (Indice des Loyers des Activités Tertiaires)

Chaque indice est publié chaque trimestre par l’INSEE.

Exemples concrets

  • Un bail signé pour une boutique à Paris en 2015 prévoit une clause d’indexation sur l’ILC. Le loyer sera donc révisé chaque année à la date anniversaire, sur la base de l’évolution de cet indice.
  • Un bail de bureaux utilisés exclusivement pour une activité tertiaire (cabinet d’avocats, agence de communication…) pourra prévoir une indexation sur l’ILAT.

Encadré pédagogique : Pourquoi indexer le loyer ?

L’indexation permet de protéger à la fois le bailleur (contre la dépréciation monétaire) et le locataire (contre des augmentations démesurées), assurant ainsi un équilibre contractuel.

Les différents indices applicables aux baux commerciaux

Qu’est-ce que l’indice ICC ?

L’indice du coût de la construction (ICC) est historiquement l’indice de référence, composé de l’évolution des prix dans le secteur du bâtiment. Il est aujourd’hui moins utilisé au profit de l’ILC ou de l’ILAT, car son évolution peut être très volatile. Il reste toutefois possible de le prévoir contractuellement pour les baux conclus avant avril 2008 ou par volonté expresse des parties.

Exemple de clause ICC (pour baux antérieurs à 2008) :

« Le loyer sera révisé annuellement à la date anniversaire du bail, en fonction de la variation de l’indice du coût de la construction publié par l’INSEE. »

Qu’est-ce que l’indice ILC ?

L’Indice des Loyers Commerciaux (ILC) a été spécifiquement créé pour les activités commerciales et artisanales (cf. Loi n° 2008-776 du 4 août 2008). Il offre une alternative plus stable à l’ICC, prenant en compte l’évolution de la consommation, de la construction et du chiffre d’affaires du commerce de détail.

Cet indice est désormais la référence pour la plupart des baux commerciaux de boutiques, magasins, exploitations artisanales, etc.

Qu’est-ce que l’indice ILAT ?

L’Indice des Loyers des Activités Tertiaires (ILAT) concerne principalement les locaux loués pour des activités tertiaires autres que commerciales (bureaux, entrepôts, professions libérales). Il intègre l’évolution des prix à la consommation hors tabac et loyers, l’indice du coût de la construction et celle du Produit Intérieur Brut.

Tableau comparatif des indices applicables

IndiceActivité concernéeFréquence de publicationOrganisme de publication
ICCToutes (avant 2008), possible en optionTrimestrielleINSEE
ILCCommerçants, artisansTrimestrielleINSEE
ILATTertiaire, bureaux, entrepôtsTrimestrielleINSEE

Quelle est la formule d’indexation du loyer pour un bail commercial ?

L’indexation du loyer se fait le plus souvent annuellement, à date fixe prévue par le contrat, sur la base de l’indice choisi (la variation du dernier indice publié par rapport à celui du même trimestre de l’année précédente).

Formule de calcul :

Nouveau loyer=Ancien loyer×Indice de reˊfeˊrence (anneˊe n)Indice de reˊfeˊrence (anneˊe n−1)Nouveauloyer=Ancienloyer×Indicedereˊfeˊrence (anneˊen−1)Indicedereˊfeˊrence (anneˊen)

Exemple concret

Pour un loyer annuel de 30 000 € en 2024, avec l’ILC 2e trimestre 2024 à 138,41 et l’ILC 2e trimestre 2025 à 142,68 :

30 000×142,68138,41=30 924,02 → nouveau loyer 202530 000×138,41142,68=30 924,02 → nouveauloyer 2025

Encadré pédagogie : où trouver l’indice utilisé ?

L’indice applicable doit être clairement mentionné dans la clause d’indexation du bail. Il s’agit généralement de celui publié au trimestre précédant la date de révision.

Exemple de clause d’indexation pour bail commercial récent :

« Le loyer sera révisé chaque année à la date anniversaire du bail, en fonction de la variation de l’Indice des Loyers Commerciaux (ILC) publié par l’INSEE pour le trimestre de référence. »

Quelle est l’évolution des indices des baux commerciaux en 2021, 2022 et 2025 ?

Baux commerciaux indice 2021

En 2021, les indices ILC et ILAT ont connu une hausse progressive, traduisant une reprise globale de l’activité économique post-crise sanitaire.

Baux commerciaux indice 2022

L’année 2022 s’est caractérisée par une progression plus nette de l’ILC et de l’ILAT, alimentée par la reprise économique et la hausse de l’inflation notamment dans le secteur du commerce de détail.

Baux commerciaux indice 2025

À ce jour, l’indice ILC pour le 2ème trimestre 2025 n’est pas encore publié. Cependant, il convient de consulter régulièrement le site de l’INSEE pour connaître la dernière valeur officielle de l’indice. L’évolution récente laisse présager une poursuite de la dynamique inflationniste.

Exemple pratique

Pour tout ajustement du loyer en 2025, reportez-vous à la dernière publication trimestrielle INSEE sous la rubrique "Indices des loyers commerciaux".

Tableau récapitulatif des indices ILC trimestriels (2021 à 2025)

TrimestreILCILATICC
T1 2021116,46117,671829
T2 2021119,96120,631852
T2 2022126,74127,661967
T2 2025à venirà venirà venir
Conseil d’avocat : Pour chaque échéance annuelle, vérifiez sur le site de l’INSEE la dernière valeur publiée correspondant à l’indice choisi par votre contrat.

FAQ – Toutes les questions pratiques sur les indices des baux commerciaux

Quel est l’indice des baux commerciaux pour 2025 ?

L’indice ILC pour 2025 n’est pas encore publié à la date de rédaction, mais il sera disponible au fil des trimestres par l’INSEE. Il est essentiel de consulter le site officiel pour l’obtenir avant toute révision du loyer.

Quel est l’indice de la construction pour les baux commerciaux ?

L’indice du coût de la construction (ICC) concerne principalement les baux conclus avant 2008, ou si la clause d’indexation y fait expressément référence. Il est moins plébiscité actuellement en raison de sa forte variabilité.

Quelle est la formule d’indexation du loyer pour un bail commercial ?

Utilisez la formule : Nouveau loyer = Ancien loyer x (Nouvel indice / Ancien indice). Choisissez le bon indice (ILC, ILAT ou ICC) selon votre activité et la clause prévue au contrat.

Qu’est-ce que l’indice ICC ?

L’ICC est l’Indice du Coût de la Construction, longtemps utilisé par défaut dans les baux commerciaux mais désormais concurrencé par l’ILC et l’ILAT pour plus de stabilité et d’adaptation sectorielle.

Comment choisir le bon indice (ILC, ILAT, ICC) ?

  • ILC : bail commercial avec activité commerciale ou artisanale (boutiques, galeries, restaurateurs…)
  • ILAT : activités tertiaires (bureaux, sociétés de conseils, professions libérales…)
  • ICC : usage résiduel, principalement pour anciens baux ou volonté expresse

Où trouver l’historique des indices des loyers commerciaux ?

L'intégralité des valeurs trimestrielles de l’ILC, ILAT et ICC est accessible sur le site de l’INSEE (rubrique "Indices des loyers commerciaux").

Les indices des loyers commerciaux sont-ils plafonnés ?

Depuis la loi de juillet 2022 sur le pouvoir d’achat, les hausses de l’ILC sont temporairement plafonnées pour certaines PME (hausse maximale de 3,5 % par an sur 2022, 2023 et 2024). Ce plafonnement vise à limiter les hausses trop brutales pour les locataires PME.

Un exemple de négociation sur l’indice d’un bail commercial

Lors de la conclusion ou du renouvellement du bail, il est conseillé de :

  • Privilégier l’ILC ou l’ILAT selon votre activité
  • Clarifier le trimestre de référence
  • Encadrer les hausses annuelles en négociant un plafond ou un plancher (« clause de tunnel »)
Encadré : Clause de tunnel
« Le loyer ne pourra pas être majoré ou diminué de plus de 4% chaque année, quelle que soit l’évolution de l’indice choisi. »

Points de vigilance pour le dirigeant PME

  • Lisez attentivement la clause d’indexation : Assurez-vous qu’elle vise l’indice adapté à votre activité (ILC ou ILAT en priorité)
  • Vérifiez la publication de l’indice : Utilisez toujours la valeur officielle INSEE.
  • Prévoyez des plafonds/planchers : Pour évitez les hausses ou baisses trop importantes.
  • Faites-vous accompagner : La négociation d’un bail commercial est un exercice technique.
L’enjeu financier d’une clause d’indexation mal rédigée peut être majeur. N’hésitez pas à faire appel à un avocat pour sécuriser et optimiser votre stratégie immobilière commerciale.

Matière réglementée et importance du conseil d’avocat

La gestion et la négociation des clauses d’indexation des baux commerciaux relèvent d’une matière technique, soumise à des évolutions réglementaires fréquentes. Seul un avocat spécialisé saura vous guider pour :

  • Anticiper les risques contractuels
  • Choisir l’indice le plus adapté à votre situation
  • Rédiger des clauses équilibrées et sécurisantes
  • Prévenir les litiges avec le bailleur ou le locataire

Consultez systématiquement un avocat pour adapter les clauses à votre activité et à la conjoncture du marché.

Article rédigé par Guillaume Leclerc, avocat en contrats commerciaux et contentieux commerciaux à Paris.