Tout savoir sur la clause de hardship : définition, rédaction, exemples concrets et conseils pratiques pour intégrer une clause d’imprévision (hardship) dans vos contrats commerciaux. Article rédigé par un avocat expert en contrats commerciaux à Paris
La clause de hardship, parfois dite clause de sauvegarde ou clause d’imprévision contractuelle, est une disposition essentielle dans tout contrat commercial ou international de longue durée. Elle permet d’anticiper les situations dans lesquelles un événement imprévisible bouleverse de manière significative l’équilibre du contrat et rend l’exécution excessivement onéreuse pour l’une des parties. En offrant un cadre à la renégociation, elle permet d’éviter la rupture pure et simple du contrat face à un choc économique majeur, une crise règlementaire ou une inflation soudaine[4][7][13].
Le terme anglais « hardship » désigne la notion de rigueur, d’épreuve ou de difficulté extrême. En droit des contrats, la clause de hardship a émergé dans les contrats internationaux pour pallier l’insuffisance de la force majeure, offrant aux parties des solutions intermédiaires adaptées à la variabilité des contextes économiques[8][17].
Selon les Principes Unidroit et la pratique française, il y a hardship lorsque surviennent :
Depuis la réforme du Code civil (art. 1195), la notion d’imprévision a été introduite : un juge peut réviser ou résilier un contrat devenu excessivement onéreux en cas de circonstances imprévisibles non assumées contractuellement. Toutefois, l’article 1195 est supplétif : les parties peuvent décider d’y renoncer et privilégier une clause de hardship, dont elles fixent librement les seuils, la procédure et les conséquences[2][15][16].
Différences clés :
Exemple concret : Durant la crise du Covid-19, de nombreuses entreprises n’ayant pas prévu de clause de hardship se sont retrouvées tributaires du cadre légal de l’imprévision pour demander l’adaptation de leur contrat de bail commercial ou de fourniture[2].
La clause de hardship vise des situations spécifiques listées dans le contrat : hausse brutale des coûts (>10% par exemple), modification législative majeure, crise sectorielle, guerre, événements climatiques majeurs. Plus la clause est précise, plus elle évite les litiges sur la qualification de l’événement imprévu[4][10].
Étapes classiques :
Bon à savoir : Pendant la renégociation, les obligations initiales doivent généralement être poursuivies, sous peine de mise en cause pour inexécution contractuelle.
Voici un exemple de clause d’imprévision (hardship) issu de la Chambre de Commerce Internationale – ICC (traduction libre adaptée à la pratique française) :
« Si, en raison de la survenance d’événements imprévisibles échappant au contrôle des parties, l’exécution du contrat devient excessivement onéreuse pour l’une d’elles, les parties conviennent de se rencontrer pour négocier de bonne foi une adaptation raisonnable du contrat. Si aucun accord n’est trouvé dans un délai de XX jours à compter de la demande de renégociation, chacune des parties pourra :
- soit résilier le contrat sans indemnité,
- soit, d’un commun accord, saisir un médiateur ou un expert,
- soit, si la clause le prévoit, saisir le juge compétent afin qu’il adapte ou résilie le contrat. »
Pour un texte complet et actualisé, reportez-vous au modèle ICC 2022.
Type de clause | Finalité | Exemple |
---|---|---|
Hardship | Permet la renégociation en cas de bouleversement imprévu | Pandémie, inflation soudaine, changement de législation |
Imprévision (art. 1195) | Donne le pouvoir au juge de réviser un contrat devenu excessivement onéreux | Hausse imprévue des coûts après signature du bail |
Renégociation | Ouvre la discussion sur certains paramètres contractuels | Indexation du prix, ajustement périodique |
Non-concurrence | Limite la liberté d’action d’une partie à l’issue du contrat | Interdiction d’exercer une activité similaire pendant x années |
Intégralité | Affirme que le contrat contient l’ensemble de l’accord entre les parties | Préserve l’exclusivité du texte signé |
La clause d’imprévision est une disposition permettant aux parties de convenir qu’en cas de circonstances imprévisibles rendant l’exécution du contrat excessivement onéreuse, une renégociation des termes du contrat pourra être engagée. Elle trouve son socle légal dans l’article 1195 du Code civil mais peut aussi être librement organisée par une clause hardship[4][15].
Une clause de force majeure suspend ou libère les parties de leurs obligations en cas d’événement rendant l’exécution absolument impossible, comme un cataclysme. La clause de hardship intervient lorsque l’exécution reste possible mais devient excessivement difficile ou onéreuse sans empêché la réalisation de la prestation (ex : inflation, crise sectorielle, règlementation…)[8][13][23].
Jusqu’à la récente crise sanitaire, certains praticiens et juges étaient réservés, en droit interne, sur la portée de la clause de hardship, notamment pour les baux commerciaux. La clause est désormais considérée comme un outil efficace de gestion des risques contractuels, à condition d’être rédigée de manière circonstanciée et équilibrée, en cohérence avec la réglementation applicable[2][1].
Guillaume Leclerc, avocat au barreau de Paris, reste à votre disposition pour tout accompagnement personnalisé en matière de négociation et rédaction contractuelle, et pour la mise en conformité de vos contrats face aux nouveaux enjeux économiques.