Tout comprendre sur la clause léonine en droit des sociétés : définition, interdiction, exemples, risques et conseils pratiques pour les dirigeants de PME. Article rédigé par Guillaume Leclerc, avocat à Paris.

La clause léonine est l’un des pièges du droit des sociétés qui peut neutraliser vos clauses statutaires, rendre inefficaces certains montages et entraîner de lourds contentieux entre associés. Pour les dirigeants de PME, sa maîtrise est indispensable tant lors de la rédaction des statuts que des pactes ou des opérations d’investissement.
La clause léonine consiste à réserver à un associé l’intégralité des profits générés par une société ou à l’exonérer totalement de toute participation aux pertes. Cette exclusion extrême rompt l’équilibre entre associés et va à l’encontre de la philosophie même de la société.
L’article 1844-1 du Code civil interdit expressément tout dispositif qui attribuerait à un associé la totalité des bénéfices ou l’exonérerait intégralement des pertes. La loi permet une répartition inégale, mais jamais l’exclusion complète d’un associé.
À retenir : Toute clause qui exclut entièrement un associé d’un résultat positif ou négatif sera neutralisée par le juge.
Le terme “léonine” vient de la fable où le lion s’attribue tout le butin, laissant ses partenaires sans rien. En droit, ce principe est devenu une règle d’ordre public destinée à protéger l’équilibre et la loyauté dans les sociétés.
La prohibition concerne :
Même hors contexte sociétaire, tout arrangement manifestement déséquilibré peut être requalifié en clause léonine.
L’article 1844-1 : « Toute clause attribuant à un associé la totalité du profit procuré par la société ou l’exonérant intégralement des pertes, ou excluant un associé entièrement du profit, ou l’obligeant à supporter la totalité des pertes, est réputée non écrite. »
La société ou le contrat subsiste, seule la clause léonine disparaît.
Exemple de clause interdite :
« X percevra 100% des bénéfices, Y sera seulement remboursé de ses apports. »
Exemple licite :
« 80% des bénéfices pour X, 20% pour Y, pertes réparties à l’identique. »
Une société suppose un partage des risques et des profits. Autoriser une clause léonine reviendrait à vider de sens la notion de groupement d’intérêts économiques communs, et favoriser l’abus de majorité.
Une clause léonine est réputée non écrite. Le reste du texte statutaire ou du contrat s’applique normalement. En cas de fraude, la nullité de l’ensemble du contrat ou de la société peut être envisagée.
Un accord qui réserve la totalité des bénéfices ou exonère totalement un associé des pertes. Il est systématiquement privé d’effet.
Elles imposent un déséquilibre significatif au détriment d’une partie, notamment en droit de la consommation ou d’affaires. Leur seuil est apprécié par le juge.
La clause est « réputée non écrite » : elle est neutralisée sans remettre en cause l'ensemble de la société ou du contrat (hors fraude).
Oui, à condition qu’aucun associé ne soit totalement exclu du partage.
Perte d’efficacité de la clause, contentieux entre associés, risqué de requalification juridique, voire perte de confiance des partenaires financiers.
Le droit des sociétés est complexe et évolutif. Seul un avocat pourra anticiper et sécuriser vos opérations, rédiger ou auditer vos statuts et conventions afin d’éviter le risque léonin.