Résolution amiable des conflits
23/7/25

Compensation des créances : Le guide juridique complet

Découvrez tout sur la compensation des créances : définition, mécanismes légaux, conditions, exemples pratiques, modèles de clauses et FAQ d’expert pour optimiser la gestion de vos dettes et créances, en particulier entre entreprises. Un guide exhaustif rédigé par un avocat à Paris.

Introduction


La compensation des créances est un outil incontournable de gestion et d’optimisation des relations commerciales. Elle permet d’éteindre deux dettes réciproques entre deux parties, en évitant des paiements croisés et en limitant les risques financiers. Véritable mécanisme au carrefour du droit des obligations, de la comptabilité et de la pratique contractuelle, la compensation mérite une attention particulière, tant pour sa simplicité apparente que pour la technicité de ses conditions d’application et de ses limites.
Ce guide a été conçu pour vous accompagner pas à pas dans la compréhension approfondie de la compensation des créances, à travers une approche pédagogique, technique et illustrée d’exemples concrets.


Qu’est-ce que la compensation des créances ? Définition et principe fondamental


La compensation des créances consiste à éteindre, jusqu’à concurrence de la plus faible, deux dettes réciproques existant entre deux personnes distinctes, chacune étant à la fois créancière et débitrice de l’autre. Selon l’article 1347 du Code civil, « la compensation est l’extinction simultanée d’obligations réciproques entre deux personnes ».


C’est donc un mode d’extinction des obligations qui évite de procéder à des mouvements de fonds inutiles et permet de solder rapidement des situations de dettes croisées entre partenaires commerciaux.


Exemple concret :
• La société A doit 15 000 € à la société B pour une prestation de services.
• La société B doit 12 000 € à la société A pour une livraison de fournitures.
• Par compensation, la dette la plus faible s’éteint (12 000 €). La société A ne devra plus à la société B que 3 000 €.

Les différents types de compensation de créances


La compensation peut avoir trois origines principales, chacune répondant à des règles spécifiques.


Compensation légale


La compensation légale s’impose dès que plusieurs conditions strictes sont réunies, sans qu’il soit nécessaire de conclure un accord ou de solliciter le juge. Elle opère de plein droit, à condition d’être invoquée, dès que les créances sont :
• réciproques ;
• fongibles (même nature : généralement des sommes d’argent) ;
• certaines (existence indiscutable) ;
• liquides (montant déterminé) ;
• exigibles (payables immédiatement).
À noter : En comptabilité, cette opération doit être rigoureusement justifiée et documentée pour assurer la traçabilité et respecter les obligations légales.


Compensation conventionnelle


La compensation conventionnelle résulte d’un accord entre les parties. Elle permet de compenser des dettes qui n’auraient pas rempli toutes les conditions de la compensation légale (par exemple, des créances futures ou non exigibles). Un contrat, souvent inséré dans les conditions générales de vente ou de service, formalise l’opération.


Exemple de clause de compensation conventionnelle :


« Les parties conviennent que toute dette certaine, liquide, exigible ou à échoir de l’une envers l’autre pourra être éteinte par compensation avec toutes créances réciproques, sur simple notification. »


Compensation judiciaire


La compensation judiciaire intervient lorsqu’une partie invoque la compensation devant le juge dans le cadre d’un litige, même si l’une des charges n’est pas encore liquide ou exigible. La décision de justice en détermine alors le montant et la date d’effet.

Les conditions de la compensation des créances


Pour qu’une compensation soit possible (légale ou conventionnelle), plusieurs conditions doivent impérativement être réunies.


Réciprocité des créances


Les parties doivent être mutuellement créancières et débitrices l’une envers l’autre, à titre personnel, pour des dettes de même nature et de même niveau de droit.


Exemple : la compensation entre sociétés d’un même groupe n’est possible que si chaque société détient sa créance et sa dette à titre personnel.


Fongibilité des créances


La compensation ne joue qu’entre sommes d’argent ou choses fongibles de même espèce.


Exemple : Une dette en euros ne peut être compensée avec une dette en marchandises, sauf accord pour convertir en équivalent monétaire.


Certitude, liquidité et exigibilité


• Certitude : La créance ne doit pas être contestée (elle doit exister de façon incontestable).
• Liquidité : Son montant doit être déterminé précisément.
• Exigibilité : Elle doit être due (non soumise à un terme futur ou à une condition suspensive).
Précision : La compensation entre dettes non liquides ou non exigibles suppose une convention spécifique ou une intervention judiciaire.


Les exceptions et exclusions


Certaines créances sont insaisissables (ex : créances alimentaires), d’autres ne peuvent être compensées qu’avec l’accord exprès du créancier. De plus, la compensation n’est pas admise en cas de procédures collectives, sauf exception pour les créances connexes.

Compensation des créances : application en entreprise et en comptabilité


Pour les entreprises, la compensation des créances est un outil de gestion et d’optimisation de la trésorerie. Elle permet un paiement simplifié, la réduction du risque de crédit et l’économie de frais bancaires liés aux mouvements de fonds.


Exemple courant entre entreprises


Deux fournisseurs se livrent et se facturent mutuellement des prestations ou marchandises. Plutôt que de régler les montants par virement croisé, ils procèdent à une compensation, simplifiant l’écriture en comptabilité et la gestion de trésorerie.


Modalités comptables


Une comptabilisation rigoureuse doit accompagner toute opération de compensation, en tenant un justificatif écrit (contrat, accord de compensation ou échange de courriers).


Focus : Compensation et procédure collective


Lorsqu’une des parties fait l’objet d’une procédure de sauvegarde, de redressement ou liquidation judiciaire, la compensation est en principe suspendue pour garantir l’égalité entre tous les créanciers.
Exception notable : la compensation reste possible pour les créances connexes, c’est-à-dire liées à une même opération ou un même contrat. Il est alors indispensable de déclarer les créances antérieures au passif de la procédure collective, sous peine de forclusion.


Comparatif : Compensation versus confusion de créances


La compensation suppose deux personnes distinctes, chacune créancière et débitrice de l’autre.
La confusion de créances, quant à elle, intervient lorsque les qualités de créancier et de débiteur se retrouvent réunies dans la même personne (ex : héritier unique qui était débiteur du défunt). La confusion éteint automatiquement la dette puisqu’il ne peut y avoir d’obligation envers soi-même.

Modèle de convention de compensation des dettes et créances


Modèle synthétique :

Convention de compensation des dettes et créances Entre les sociétés [A] et [B], Vu l’existence de créances et de dettes réciproques, Il est convenu ce jour que les dettes et créances suivantes seront compensées à concurrence de la plus faible d’entre elles, conformément à l’article 1347 du Code civil. Tableau récapitulatif des créances et dettes à compenser : [à insérer par les parties] Il est expressément convenu que seuls les montants restants, le cas échéant, feront l’objet d’un paiement effectif. Fait à Paris, le [date]. Signatures : ....

Ce modèle devra être adapté selon la spécificité de chaque relation d’affaires et accompagné des justificatifs des créances.


Paiement par compensation : avantages et points de vigilance


• Simplification des opérations de règlement ;
• Réduction des risques de défaut de paiement ;
• Traçabilité comptable et fiscale ;
• Gain de temps et économie de frais bancaires ;
• Attention en cas de procédures collectives ou de créances non liquides ou contestées.


FAQ – Les questions courantes sur la compensation des créances


Qu’est-ce que la compensation de créances ?


C’est le mécanisme juridique permettant à deux personnes mutuellement créancières et débitrices de s’acquitter l’une envers l’autre par extinction de leurs obligations à due concurrence des montants respectifs.


Qu’est-ce que le principe de compensation ?


Le principe est l’extinction simultanée d’obligations réciproques, possible lorsqu’elles sont certaines, liquides, exigibles et fongibles.


Quelle est la différence entre la compensation et la confusion de créances ?


La compensation concerne deux personnes, chacune débitrice et créancière réciproquement. La confusion porte sur l’union des qualités de créancier et débiteur dans la même personne : l’obligation disparaît car il ne saurait y avoir d’obligation envers soi-même.


Quels sont les différents types de compensation ?


• Compensation légale (automatique si toutes les conditions sont réunies) ;
• Compensation conventionnelle (basée sur un accord entre les parties) ;
• Compensation judiciaire (décidée par le juge).

Quelles sont les conditions de la compensation ?


Réciprocité, certitude, liquidité, exigibilité, et fongibilité des créances. Ces conditions sont cumulatives pour la compensation légale.


Peut-on compenser une créance en comptabilité d’entreprise ?


Oui, sous réserve de respecter les conditions légales et d’assurer une justification rigoureuse de l’opération dans la comptabilité de chaque entreprise.


Un paiement par compensation est-il possible entre sociétés liées ?


Oui, à condition que la réciprocité des créances soit réelle et non fictive, chaque entité devant avoir une créance personnelle sur l’autre.


Conclusion


La compensation des créances, efficace mais encadrée, suppose rigueur juridique et anticipation. Elle constitue à la fois un mode de paiement, une garantie contre le risque de défaut et un vecteur d’optimisation financière pour l’entreprise.


En pratique, il est vivement recommandé de sécuriser toute opération de compensation par un écrit clair et des justificatifs précis, et de consulter un avocat spécialisé en droit commercial en cas de doute ou de situation complexe.


À retenir : La compensation des créances, simple en apparence, est un outil puissant mais qui exige maîtrise des conditions juridiques : un réflexe à adopter dans toute stratégie contractuelle et de gestion des risques.