La déchéance du terme est une cause majeure d'exigibilité anticipée du prêt en cas de défaut de paiement, avec des conséquences juridiques, financières et pratiques lourdes pour les emprunteurs et les entreprises. Découvrez son fonctionnement, ses conditions, ses enjeux et les moyens de défense, illustrés par des exemples concrets et des conseils d’avocat.
La déchéance du terme permet au créancier d’exiger le remboursement immédiat d’une dette lorsque l’emprunteur manque à ses obligations contractuelles, notamment en cas de retard ou d’absence de paiement d’une échéance de prêt. Cette sanction contractuelle particulièrement courante dans le domaine bancaire et commercial se traduit par la suppression du délai initialement accordé au débiteur, rendant l'intégralité du capital et des intérêts immédiatement exigibles.
La déchéance du terme trouve son origine dans le droit commun des obligations et des contrats :
Prenons le cas d’un prêt immobilier : le contrat prévoit que si l’emprunteur ne règle pas une ou plusieurs échéances dans le délai imparti, la banque peut prononcer la déchéance du terme et exiger la totalité du capital et des intérêts immédiats. En liquidation judiciaire, la loi prévoit la déchéance du terme pour traiter équitablement les créanciers : toutes les créances à échoir deviennent échues.
La clause de déchéance du terme doit respecter des exigences de précision et de proportionnalité. La jurisprudence européenne et française sanctionne toute clause laissant croire à un pouvoir discrétionnaire du prêteur ou ne prévoyant pas de délai raisonnable pour régularisation. Selon la CJUE (Banco Primus, C-421/14) et la Cour de cassation, le juge doit vérifier :
« En cas de défaut de paiement d’une échéance du prêt, non régularisée dans un délai de trente jours suivant la mise en demeure adressée à l’emprunteur, le prêteur pourra prononcer la déchéance du terme et exiger le remboursement immédiat du capital restant dû, majoré des intérêts échus. »
Cette clause précise le manquement, le délai de mise en demeure et les conséquences, respectant ainsi les exigences légales.
Les clauses qui ne prévoient pas de préavis raisonnable, ou attribuent au prêteur un pouvoir d’appréciation discrétionnaire, sont réputées abusives et donc non écrites. Exemple : délai de 8 ou 15 jours jugé trop court, absence de mise en demeure expressément sanctionnée.
La mise en demeure préalable est la garantie juridique essentielle pour l’emprunteur :
Faute de respect de cette étape, la déchéance du terme est écartée par les juges.
Une fois le délai expiré sans régularisation, le créancier notifie la déchéance du terme par courrier recommandé, puis engage les mesures de recouvrement : saisie, vente forcée, inscription au fichier des incidents de paiement.
La déchéance du terme affecte également les cautions qui peuvent être assignées pour l’intégralité des sommes dues sauf stipulation contraire ou irrégularité de la procédure.
Seule la liquidation judiciaire emporte de plein droit la déchéance du terme pour toutes les dettes ; le redressement et la sauvegarde maintiennent l’échéancier contratuel sauf dispositions du plan.
Le juge contrôle d’office le caractère abusif de la clause, même sans demande. L’emprunteur peut invoquer :
En cas de contestation, l’emprunteur peut saisir le juge pour obtenir l’annulation de la clause de déchéance, un délai de paiement, ou la suspension des mesures d’exécution.
En liquidation judiciaire, le jugement rend exigibles toutes les créances non échues ; les cautions ne sont pas automatiquement redevables sauf stipulation expresse.
Lorsqu’une clause prévoit la restitution du bien financé après déchéance du terme sans vente judiciaire, elle peut être abusive.
Avant de signer tout contrat de prêt ou de crédit, vérifiez scrupuleusement la clause de déchéance du terme. Assurez-vous qu’elle précise le délai laissé pour régularisation, la procédure de mise en demeure, la nature exacte du manquement et les recours ouverts. En cas de mise en œuvre, sollicitez conseil auprès d’un avocat spécialisé pour examiner la régularité de la procédure et les possibilités de contestation.
La déchéance du terme est la suppression du délai de paiement accordé initialement au débiteur, rendant la dette immédiatement exigible en cas de manquement.
L’avis de déchéance du terme est la notification formelle adressée par le créancier au débiteur, l’informant que le bénéfice du terme lui est retiré et que la totalité de la dette est exigible.
La déchéance du terme peut être prononcée dès lors qu’une clause contractuelle la prévoit et que l’emprunteur n’a pas régularisé son défaut de paiement à l’issue du délai de mise en demeure.
L’emprunteur peut stopper la procédure en régularisant sa situation dans le délai de préavis ou en saisissant le juge pour contester l’application ou le caractère abusif de la clause.
Il s’agit du mécanisme contractuel (ou légal, en procédure collective) par lequel le terme d’une dette est supprimé pour rendre celle-ci immédiatement exigible.
Exigibilité du solde de la dette, mesures de recouvrement, atteinte à la réputation, effets sur les cautions.
Le terme correspond à « acceleration clause » ou « forfeiture of term » en anglais.
Le débiteur peut encore régler sa dette après la déchéance du terme, mais les sommes exigibles incluent l’intégralité du capital et des intérêts restant dus.
Principalement articles 1226 et suivants du Code civil, et articles spécifiques pour certains contrats (ex. prêt immobilier, procédures collectives).
Elle constitue le principal mécanisme contractuel utilisé par les banques en cas d’impayé pour exiger l’exigibilité anticipée du prêt.
En liquidation judiciaire, toutes les créances deviennent immédiatement exigibles sauf poursuite d’activité et adoption de plan de cession.
La déchéance du terme est un outil majeur de gestion du risque pour les créanciers, mais elle implique des conséquences lourdes pour les débiteurs. La rédaction de la clause, le respect du préavis et de la mise en demeure, ainsi que les moyens de contestation, sont des points essentiels à maîtriser dans toute stratégie contractuelle ou judiciaire. Il est vivement conseillé de consulter un professionnel pour toute difficulté.
Article rédigé par Guillaume Leclerc, avocat en contrats commerciaux et contentieux commerciaux à Paris.