Découvrez un guide expert sur les délais de paiement en B2B, le contrôle par la DGCCRF ou DREETS, les sanctions en cas de manquement, et les clés pour sécuriser la trésorerie de votre PME. À travers exemples pratiques, jurisprudence et conseils contractuels, anticipez les risques et optimisez votre gestion financière.
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Les délais de paiement constituent un pilier central de la relation commerciale B2B. Leur respect conditionne la santé financière des entreprises, particulièrement des PME, confrontées à des risques de trésorerie et à une surveillance renforcée par la DGCCRF. Face à un environnement réglementaire strict, tout dirigeant se doit de maîtriser les principes de contrôle, de sanction et de bonne gestion contractuelle pour anticiper les risques et sécuriser son activité.
En France, les délais de paiement interentreprises sont encadrés principalement par l’article L441-10 du Code de commerce. Le principe :
Quelques exceptions existent (produits périssables, certains secteurs réglementés), mais la règle générale reste d’ordre public.
Exemple concret :
La loi de modernisation de l’économie (LME, 4 août 2008) a renforcé ce dispositif en interdisant tout délai excessif. Un contrat qui fixerait des délais supérieurs serait réputé non écrit.
Encadré pédagogique :
« La réglementation des délais de paiement est d’ordre public : il est impossible de prévoir contractuellement des délais plus longs, même d’un commun accord. »
Une convention de délai de paiement est une clause ou un contrat fixant le délai dans lequel le paiement doit intervenir. Elle doit respecter les plafonds légaux, être claire et formalisée (conditions générales ou particulières).
Exemple de clause :
« Les factures émises en vertu du présent contrat devront être réglées au plus tard le 60e jour suivant leur date d’émission, conformément à l’article L441-10 du Code de commerce. »
Les conditions de paiement (modalités, date limite, pénalités, frais de recouvrement) doivent être explicitement stipulées pour éviter tout litige. Très souvent, elles figurent dans les CGV, ou dans une convention annuelle pour les relations suivies.
Exemple pratique : un fournisseur peut prévoir :
« Paiement à 45 jours fin de mois par virement bancaire. Toute somme non réglée à l’échéance donnera lieu à des pénalités de retard et à une indemnité forfaitaire de recouvrement de 40 €. »
La DGCCRF (Direction générale de la Concurrence, de la Consommation et de la Répression des Fraudes) supervise la réglementation des délais de paiement via ses directions régionales (DREETS), sur la base des articles L450-1 et suivants du Code de commerce.
Le champ d’application vise toutes les entreprises et organismes économiques intervenant dans la vente de biens ou de services.
Points clefs du contrôle :
Étapes typiques :
Encadré pédagogique :
« Le secret professionnel ne peut être opposé aux enquêteurs DGCCRF. L’amende peut être prononcée même en l’absence de précédent ou de mauvaise foi. »
L’article L441-16 du Code de commerce prévoit diverses sanctions :
Exemple jurisprudentiel : En 2023, plusieurs sociétés cotées ont écopé d’amendes de plusieurs centaines de milliers d’euros pour des pratiques de paiement systématiquement retardées au-delà de 60 jours.
En cas de retard de paiement :
Exemple concret :
Facture impayée à échéance : le créancier réclame 10% de pénalités de retard et une indemnité de 40 € sur chaque facture.
Cas exonératoires :
Recours contre la sanction :
La réflexion préalable sur la gestion des délais et la documentation sont déterminantes :
Cas pratique : Une PME de distribution adopte un logiciel de suivi des échéances, intègre des alertes automatiques sur les factures et met en place une procédure interne pour relancer tout client 5 jours avant échéance. Résultat : respect des délais et données fiables lors d’un contrôle DGCCRF, aucun risque d’amende.
La DGCCRF (et en région, les DREETS) contrôle de façon proactive le respect des délais dans toutes les entreprises, avec des pouvoirs étendus d’enquête.
Amendes lourdes, publication nominative, et risque de sanctions civiles et pénales en cas de manquement systémique ou intentionnel.
Elle désigne la clause ou le contrat fixant le délai d’exigibilité de la facture, dans le respect du plafond légal (souvent 45 jours fin de mois ou 60 jours date facture).
Hors B2B, le délai est fixé librement, sauf dispositions spécifiques pour certains biens ou services réglementés.
Le paiement doit être effectué au plus tard 45 jours après la fin du mois d’émission de la facture.
Cœur de la réglementation, il fixe les délais maximum B2B (voir tableau ci-dessus).
La loi de modernisation de l’économie interdit la fixation contractuelle de délais excessifs et rend d’ordre public les plafonds légaux.
Prévoyez dès le contrat :
« Le paiement des factures s’effectuera par virement sous 45 jours fin de mois. Tout retard donnera lieu à des pénalités de retard (+10 points sur taux BCE) et à une indemnité forfaitaire de 40 € par facture impayée. »
« 30 days end of month » ou « Net 30 EOM ».
En 2023, une dégradation des pratiques de paiement est constatée, avec une augmentation du nombre de contrôles (+19%) et des sanctions (+74%), mobilisant la vigilance de la DGCCRF et rappelant l’importance de la régularité administrative.
Encadré pédagogique :
« L’amende administrative ne suspend pas l’obligation de régler la facture. Le créancier doit agir pour le recouvrement, en recourant à la procédure de référé ou à une injonction de payer si nécessaire. »
La réglementation sur les délais de paiement est particulièrement technique et évolutive. Une analyse personnalisée par un avocat compétent est indispensable pour anticiper tout contrôle de la DGCCRF, sécuriser la rédaction contractuelle et maximiser sa défense en cas de litige ou de sanction. Les conseils d’un professionnel demeurent le meilleur rempart contre les risques financiers et réputationnels liés aux délais de paiement.
La gestion des délais de paiement relève d’un enjeu stratégique pour les PME. Respecter la réglementation, anticiper la documentation et s’appuyer sur le conseil juridique sont des impératifs pour préserver la trésorerie, éviter les sanctions lourdes et entretenir des relations commerciales sereines et durables.
Article rédigé par Guillaume Leclerc, avocat en contrats commerciaux et contentieux commerciaux à Paris.