La facture d’acompte est-elle obligatoire ? Tour d’horizon juridique et fiscal de la facture d’acompte : définitions, enjeux, obligations, pratiques, exemples, modèles, sanctions et conseils d’avocat pour comprendre et optimiser la gestion des acomptes dans vos contrats commerciaux.
La facture d’acompte est un document comptable qui constate le paiement partiel d’une somme versée avant la livraison d’un bien ou l’exécution complète d’une prestation de services : elle atteste de l’engagement contractuel des parties et sécurise la transaction. L’acompte doit être distingué des arrhes et avoirs, qui n’emportent pas les mêmes obligations d’exécution et de paiement des parties.
L’obligation d’émettre une facture d’acompte en France trouve son origine dans l’article 289 du Code général des impôts, renforcée depuis le 1er janvier 2024 pour toutes sommes perçues en avance dans certaines situations commerciales.
Encadré pédagogique : Depuis le 1er janvier 2024, toute entreprise doit émettre une facture d’acompte en cas de perception d’un acompte, afin d’assurer une meilleure traçabilité et transparence des flux financiers, avec possible contrôle fiscal à la clé.
La facture d’acompte n’est pas systématiquement obligatoire. Elle le devient dès lors qu’une somme d’argent est perçue avant la livraison du bien ou de la prestation. Elle s’impose à toutes les formes juridiques et dans la majorité des secteurs, hors rares exceptions (export, livraison intracommunautaire de biens, vente de certains véhicules neufs).
Exemple concret : Un cabinet d’architecture obtient un chantier de rénovation d’envergure : il demande 30 % d’acompte à l’acceptation du devis, puis établit une facture d’acompte à réception du paiement du client, formalisant contractuellement l’engagement réciproque et la sécurisation des premières dépenses.
Toute facture d’acompte doit comporter :
Un défaut de mention expose à des sanctions administratives et fiscales.
Exemple de clause CGV :
« Il sera demandé au client le versement d’un acompte de 40 % à la signature du devis. Une facture d’acompte sera émise dès réception de ce paiement, avec imputation sur la facture définitive lors du règlement du solde. »
La facture d’acompte ne se substitue jamais à la facture définitive : elle est indépendante et atteste du montant effectivement versé en avance. À la fin de l’exécution, la facture définitive doit expressément tenir compte de l’acompte, le déduisant du total dû et rappelant sa référence.
Exemple pédagogique : Pour un contrat de vente de logiciel à 15 000 €, la société édite une facture d’acompte à la commande pour 20 % soit 3 000 €. Une fois le projet livré, la facture définitive de 15 000 € mentionne l’acompte, avec le solde exigible indiqué à 12 000 €.
L’enregistrement comptable d’une facture d’acompte s’effectue distinctement du chiffre d’affaires définitif, en attendant la livraison du bien ou la réalisation de la prestation conforme à la réglementation comptable française. La TVA, sauf exceptions, devient exigible au moment de l’encaissement de l’acompte, à la différence de la facturation classique.
Exemple d’écriture :
Le défaut d’émission de facture d’acompte malgré la perception d’un acompte peut entraîner de lourdes sanctions fiscales et des redressements, notamment en cas de contrôle fiscal, la transaction étant susceptible d’être requalifiée en dissimulation de revenus.
Jurisprudence : La Cour d’appel de Paris a confirmé qu’en l’absence de facture d’acompte lors du versement anticipé, la bonne foi ne pouvait être opposée à l’administration fiscale qui restait fondée à appliquer des sanctions pour manquement aux obligations déclaratives.
Oui, une facture d’acompte devient obligatoire dès lors qu’un acompte est versé avant la livraison ou l’exécution d’une prestation, conformément à l’article 289 du CGI, indépendamment du statut de l’entreprise (hors exceptions).
Non, rien n’oblige juridiquement à demander un acompte. Il s’agit d’un choix contractuel ou commercial, mais dès qu’il est demandé, la facture d’acompte l’est tout autant.
Le délai est fixé contractuellement entre les parties, mais il doit figurer sur la facture d’acompte, lequel est généralement « payable à réception » ou selon un terme convenu dans les CGV ou le devis.
L’acompte reçu fait l’objet d’une écriture comptable dans un compte dédié, avec enregistrement immédiat de la TVA au moment où il est encaissé, indépendamment de la livraison finale.
Un artisan reçoit un acompte de 2 000 € sur un chantier devisé à 7 500 €. Il établit une facture d’acompte pour cette somme, enregistre la TVA correspondante, puis, à l’achèvement des travaux, émet une facture définitive mentionnant le paiement déjà reçu, le solde exigible et rappelant la référence de l’acompte.
L’obligation générale existe de longue date, mais a été renforcée par les instructions fiscales et la réforme de la facturation au 1er janvier 2024 qui insiste sur la traçabilité et la lutte contre la fraude.
La première atteste du paiement partiel en avance ; la facture définitive solde la totalité due et déduit les acomptes versés, assurant transparence et conformité à la législation.
De nombreux sites professionnels proposent des modèles gratuits ou payants, à adapter aux particularités de chaque activité (PDF, Word, Excel ou via logiciels métiers). Il est recommandé de toujours vérifier la conformité des mentions avec les évolutions réglementaires.
« Down payment invoice » ou « advance invoice » en anglais. Elle suit le même principe : attestation officielle d’un versement partiel pré-livraison ou pré-exécution.
L’évolution vers la facturation électronique à partir de 2024 impose d’intégrer le cycle des factures d’acompte dans un système dématérialisé et traçable pour garantir la conformité légale et le bon suivi commercial.
La facture d’acompte obligatoire est un outil puissant de sécurisation des relations commerciales, imposé par la réglementation dès lors qu’un paiement anticipé est convenu. Maîtriser ses règles, ses exceptions et ses conséquences pratiques protège l’entreprise des risques juridiques, fiscaux et assure une gestion efficiente des contrats.
Article rédigé par Guillaume Leclerc, avocat en contrats commerciaux et contentieux commerciaux à Paris, septembre 2025.