La faute de gestion expose les dirigeants d’entreprise à de lourdes responsabilités. Définition juridique, exemples concrets, sanctions civiles et pénales, et conseils de prévention : découvrez tout ce qu’il faut savoir pour sécuriser la gouvernance et éviter les pièges qui jalonnent la vie sociale.
La notion de faute de gestion occupe une place centrale dans le droit des sociétés et des entreprises. C’est un concept façonné essentiellement par la jurisprudence, qui qualifie tout acte ou omission du dirigeant contraires à l’intérêt social et aux obligations légales.
Exemple concret : La poursuite d’une activité déficitaire sans plan d’assainissement constitue une faute de gestion fréquemment retenue par les tribunaux.
Les juges disposent d’une appréciation souveraine, faute de définition expresse dans la loi. Sont généralement retenus comme fautes de gestion :
Depuis la loi Sapin II (2016), la simple négligence n’est plus sanctionnée comme une faute de gestion, sauf circonstances aggravantes (volonté délibérée, gravité des conséquences…).
Encadré pédagogique : Un retard isolé dans un dépôt de comptes annuels n’engage pas nécessairement la responsabilité civile du dirigeant. En revanche, l’omission répétée et délibérée sera sanctionnée.
"Le gérant s’engage à exercer ses fonctions dans l’intérêt exclusif de la société, à respecter les lois et règlements applicables et à ne pas exposer la société à des risques manifestement disproportionnés au regard de son objet social."
La faute de gestion peut entraîner la condamnation à des dommages et intérêts envers la société, les associés, voire les créanciers, voire le comblement du passif en procédure collective.
Certains comportements sont doublement qualifiés : faute civile et infraction pénale (abus de biens sociaux, banqueroute, recel, faux en écritures).
Radiation d’instances professionnelles, privation du mandat social, interdiction temporaire ou définitive d’exercer.
Il s’agit d’un acte ou d’une omission du dirigeant contraire à l’intérêt social ou aux obligations légales, mais pas d’une simple négligence ou d’un choix économique infructueux isolé.
Il faut démontrer :
Elles vont du comblement du passif à l’interdiction de gérer, en passant par des amendes, dommages-intérêts, voire la prison pour les infractions les plus graves.
Les règles sont similaires mais l’engagement de la responsabilité est précisé par les articles L.227-7 (SAS), L.223-22 (SARL), et varie selon la forme sociale, le degré de collégialité de la gestion, les pouvoirs accordés aux dirigeants par les statuts.
En procédure collective, le mandataire ou le ministère public peut assigner le dirigeant. La preuve repose sur le rapport du liquidateur, les pièces comptables, les procès-verbaux d’assemblée.
La jurisprudence affine régulièrement la frontière entre choix malheureux et véritable faute. La tendance actuelle protège la liberté d’entreprendre, mais demeure intransigeante envers la carence, la fraude ou l’abus manifeste de confiance.
La même logique s’applique en matière de gestion locative, où le mandataire peut voir sa responsabilité engagée sur le fondement de la faute de gestion (ex : défaut de vérification de l’assurance du locataire, défaut de suivi des impayés).
Traduction usuelle : "mismanagement" ou "breach of fiduciary duty".
Éviter la faute de gestion, c’est avant tout s’informer, documenter, consulter et formaliser chaque étape de la gestion sociale. Le recours à un conseil technique et l’adoption de process rigoureux demeurent la meilleure assurance contre la mise en cause de la responsabilité du dirigeant.
Article rédigé par Guillaume Leclerc, avocat en contrats commerciaux et contentieux commerciaux à Paris, septembre 2025.