Contrats commerciaux
6/8/25

Inexécution du contrat : tout savoir sur sa définition, ses sanctions et les recours du créancier

L’inexécution du contrat figure parmi les principales causes de contentieux en droit des affaires. Découvrez dans cet article complet et pratique la définition, les différents types d’inexécution, les sanctions prévues par le Code civil (notamment les articles 1217 et 1231-1), les recours du créancier, des exemples concrets, des modèles de clauses et une FAQ exhaustive.

Qu’est-ce que l’inexécution du contrat ?


L’inexécution du contrat désigne la situation où l’une des parties à un contrat manque à ses obligations contractuelles, en tout ou partie, que ce soit de manière volontaire, tardive ou même imparfaite.

Cette inexécution peut revêtir plusieurs formes, comme l’illustre la pratique :


• Non-paiement du prix convenu : Un prestataire effectue une mission, mais n’est pas réglé.
• Non-livraison d’un bien à la date prévue ou livraison non conforme.
• Exécution imparfaite : Livraison d’une marchandise avec défauts ou prestation non conforme au cahier des charges.


Cet état de fait expose la partie défaillante à l’application des sanctions prévues par le Code civil et, le cas échéant, par le contrat lui-même.


Exemple concret : Un entrepreneur réalise des travaux dans un immeuble, mais ne respecte ni les délais ni les normes techniques exigées. Le donneur d’ordre se trouve en droit de faire valoir l’inexécution contractuelle et d’exercer différents recours.


Les fondements juridiques de l’inexécution du contrat

Les articles clés du Code civil :


• Article 1217 du Code civil : Il liste les sanctions ouvertes au créancier victime d’une inexécution :
• Refuser ou suspendre l’exécution de sa propre obligation.
• Poursuivre l’exécution forcée en nature.
• Obtenir une réduction du prix.
• Provoquer la résolution du contrat.
• Demander réparation des conséquences de l’inexécution.

À savoir : Ces sanctions peuvent être cumulées, sauf incompatibilité, et des dommages et intérêts peuvent toujours s’ajouter.


• Article 1231-1 du Code civil : Le débiteur peut être condamné à des dommages et intérêts en raison de l’inexécution ou du retard, sauf s’il prouve un cas de force majeure.
• Article 1219 et 1220 : Portent sur l’exception d’inexécution et l’exception d’inexécution par anticipation.


Principe du non-recours à la justice privée


La victime ne doit jamais se rendre justice elle-même, sous peine de voir sa propre responsabilité engagée (ex. : interdiction de retenir unilatéralement des biens sans décision de justice ou sans droit contractuel explicite).


Les trois types d’inexécution du contrat (FAQ : Quels sont les 3 types d’inexécution du contrat ?)

Inexécution totale


Aucune exécution n’a été fournie : par exemple, le vendeur ne livre jamais le bien promis.


Inexécution partielle


Obligation délivrée partiellement, l’essentiel ou partie de la prestation manque : livraison de 200 pièces sur 500 commandées.


Mauvaise exécution ou exécution imparfaite


La prestation est fournie mais de façon non conforme au contrat (ex. défauts de qualité, retard, vice caché).


Les sanctions de l’inexécution du contrat


Le Code civil articule un véritable “arsenal”. Voici les voies principales :


L’exception d’inexécution (Articles 1219 et 1220, Code civil)


Le créancier peut suspendre l’exécution de son obligation tant que son cocontractant n’a pas accompli la sienne, sans passer a priori par le juge. Cette mesure est possible uniquement en présence d’un contrat synallagmatique (obligations réciproques).


Exemple pratique : Un locataire refuse de payer s’il ne peut pas occuper les lieux livrés en mauvais état, en attendant mise en conformité.


• Anticipation : L’article 1220 permet la suspension avant même l’échéance, si le comportement du débiteur laisse présager une inexécution certaine.
• Modalités : La gravité de l’inexécution doit justifier cette mesure et la notification à l’autre partie est essentielle.

L’exécution forcée en nature (Article 1221 et 1222 C. civ.)


Le créancier peut demander en justice l’exécution en nature de l’obligation, dans la limite du possible et si ce n’est pas disproportionné. À défaut, il peut faire réaliser la prestation à ses frais en se retournant contre le débiteur.


Exemple : Remise en conformité d’un bien immobilier défectueux ordonnée par le juge.


La réduction du prix (Article 1223 C. civ.)


Dans les cas d’exécution imparfaite et si le prix n’a pas encore été intégralement réglé, le créancier peut notifier au débiteur une réduction du prix proportionnelle aux manquements constatés. Si la totalité a été payée, la réduction doit être demandée au juge.


Exemple de clause :


« En cas de livraison non conforme, l’acheteur pourra notifier au vendeur, dans les 30 jours de la livraison, une réduction de prix proportionnelle à l’inexécution, sous réserve de justification. »


La résolution du contrat (Articles 1224 à 1230 C. civ.)


La résolution met fin rétroactivement au contrat pour inexécution suffisamment grave. Trois modes sont envisageables :


• Clause résolutoire : Résolution prévue à l’avance dans le contrat.
• Résolution unilatérale : Par notification du créancier au débiteur dans les cas graves après mise en demeure restée inefficace.
• Résolution judiciaire : Prononcée par le juge sur demande d’une partie.

Conséquence : Chaque partie doit restituer ce qu’elle a reçu ; le contrat est censé n’avoir jamais existé (anéantissement rétroactif).


Exemple pratique : Acheteur d’une voiture qui refuse de payer car le véhicule livré ne correspond pas à la commande, et qui obtient la résolution judiciaire du contrat.


Les dommages et intérêts (Article 1231-1 C. civ.)


Le créancier victime peut obtenir l’indemnisation de son préjudice résultant du retard ou de l’exécution défectueuse, à condition d’en rapporter la preuve (dommage et lien de causalité).


Exemple : Indemnisation d’un restaurateur pour défaut de fourniture du matériel indispensable à l’ouverture de son établissement, cause de perte de chiffres d’affaires.


Les clauses contractuelles spécifiques et leur articulation avec le droit commun


Les clauses pénales


Elles prévoient un montant forfaitaire de pénalités pour retard ou inexécution. Sauf abus manifeste, le juge peut les modérer ou augmenter (art. 1231-5 C. civ.). Attention, cette sanction n’interdit pas le recours aux autres modes de sanction comme l’exception d’inexécution.


Exemple de clause :


« Le retard d’exécution entraînera, de plein droit et sans mise en demeure préalable, une pénalité de 2% du montant du marché par jour de retard. »


Clauses de force majeure

Permettent à une partie de s’exonérer de sa responsabilité en cas d’événement irrésistible, imprévisible et extérieur rendant impossible l’exécution. La jurisprudence a confirmé l’importance de ces clauses durant la pandémie de COVID-19.


Procédure et délai de prescription des recours pour inexécution


• Point de départ : la demande se prescrit généralement en 5 ans à partir de la date d’inexécution ou de connaissance du préjudice (C. civ., art. 2224).
• Procédure : Une mise en demeure préalable est souvent requise, sauf urgence ou exception. En cas d’échec, la saisine du juge peut s’avérer nécessaire.


Exemples jurisprudentiels et cas concrets


• CA Paris, 9 janvier 2020 : La détermination de la sanction à une inexécution peut être souverainement appréciée par le juge, à défaut de précision contractuelle sur la sanction applicable.
• Cass. 3e civ., 14 février 2019 : Une clause pénale n’empêche pas la partie lésée de suspendre l’exécution de sa prestation tant qu’elle n’a pas été payée.
• Cass. 1re civ., 31 janvier 2018 : L’inexécution est établie même sans que le débiteur ait nécessairement connaissance du préjudice, s’il a refusé d’exécuter ses obligations.


Conseils pour prévenir l’inexécution contractuelle


• Soignez la rédaction contractuelle : Précisez les obligations essentielles, les délais, modalités, sanctions applicables.
• Gérez la preuve : Conservez tous les échanges, bons de commande, procès-verbaux.
• Anticipez les risques : Prévoyez des mécanismes d’alerte (mises en demeure, pénalités, clause de médiation).
• Réagissez rapidement : Un comportement trop tolérant ou une réaction tardive peut faire perdre certains droits ou aggraver la situation.


FAQ sur l’inexécution du contrat


C’est quoi l’inexécution du contrat ?


Il s’agit de la non-exécution, l’exécution partielle ou la mauvaise exécution d’une obligation prévue dans un contrat synallagmatique ou unilatéral, de manière volontaire ou accidentelle. L’inexécution place la partie lésée en situation de recours, soit amiable, soit judiciaire.


Quel est le nouvel article 1231-1 du Code civil ?


L’article 1231-1 dispose que le débiteur est condamné, le cas échéant, au paiement de dommages et intérêts pour inexécution ou retard, sauf force majeure dûment prouvée. Il remplace l’ancien article 1147.


Quels sont les 3 types d’inexécution du contrat ?


1. Inexécution totale
2. Inexécution partielle
3. Mauvaise exécution ou exécution imparfaite

Que se passe-t-il si je ne respecte pas le contrat ?


Vous vous exposez à diverses sanctions : exécution forcée, injonction, suspension d’obligations en retour, réduction de prix, résolution judiciaire, et paiement de dommages et intérêts selon la gravité ou le préjudice causé.


Quelles sont les sanctions de l’inexécution du contrat ?


Elles sont : l’exception d’inexécution, l’exécution forcée, la réduction du prix, la résolution du contrat et les dommages et intérêts (indemnisation).


Résolution du contrat : quelles conséquences ?


La résolution remet les parties dans l’état initial, entraîne la restitution des prestations échangées et la fin de toute obligation à venir. Elle peut intervenir de plein droit (clause résolutoire), unilatéralement par notification, ou judiciaire.


Inexécution contractuelle et force majeure : quelles nuances ?


La force majeure, si elle est reconnue, exonère la partie défaillante de toute responsabilité et suspend ou éteint les obligations contractuelles selon les cas.


Faut-il toujours saisir un juge ?


Non, certaines sanctions comme l’exception d’inexécution ou la réduction de prix peuvent être mises en œuvre sans recours au juge, à condition de respecter le formalisme légal ou contractuel.


Modèles de clauses


« En cas d’inexécution imputable à l’une quelconque des parties, la partie diligente pourra, sans préjudice de tous dommages et intérêts, résoudre le présent contrat 15 jours après une mise en demeure restée sans effet. »


En conclusion, l’inexécution du contrat offre plusieurs voies de recours, dont l’efficacité dépendra à la fois de la rédaction initiale du contrat, de la réactivité des parties et de la maîtrise des procédures applicables. Avocat en droit commercial, je vous recommande d’anticiper ces situations par des stipulations précises et de réagir sans attendre en cas d’inexécution. N’hésitez pas à consulter un spécialiste pour maximiser vos chances de succès ou réduire vos risques.