La clause d’échelle mobile est l’une des principales clauses d’indexation dans le bail commercial. Elle offre la possibilité d’ajuster le loyer périodiquement en fonction d’un indice, le plus souvent économique, afin de préserver l’équilibre contractuel entre bailleur et preneur, notamment face à l’inflation ou la conjoncture économique.
Cette matière est réglementée : il est vivement conseillé de consulter un avocat pour anticiper correctement les évolutions de loyer, éviter les pièges classiques et garantir la pleine efficacité du contrat.
La clause d’échelle mobile est une stipulation intégrée à un bail commercial permettant la variation du loyer en fonction d’un ou plusieurs indices publics (souvent l’indice des loyers commerciaux – ILC, l’indice du coût de la construction – ICC, ou l’indice des loyers des activités tertiaires – ILAT).
Exemple pédagogique :
Un bail commercial prévoit que le loyer sera révisé chaque année selon la variation de l’indice ILC du trimestre de référence.
Le but principal de la clause d’échelle mobile est de compenser l’érosion monétaire, garantir l’équité entre parties, tout en assurant la transparence et la prévisibilité.
Encadré pédagogique :
Supposons qu’un commerçant signe un bail en 2020 pour un loyer annuel de 30 000 €. L’indice ILC évolue de 120 à 124 en 1 an. Le loyer révisé sera : 30 000 € × (124 ÷ 120) = 31 000 €.
• Précisez l’indice de référence (ILC, ICC, ILAT)
• Date de révision et périodicité (annuelle, trimestrielle…)
• Modalités de calcul explicites pour éviter toute contestation
• Possibilité de suppléer en cas de disparition de l’indice
Erreur courante : ne pas prévoir un indice de substitution en cas de disparition ou modification profonde de l’indice principal.
« Le loyer sera automatiquement révisé chaque année à la date anniversaire du contrat, proportionnellement à la variation de l’indice des loyers commerciaux (ILC) publié par l’INSEE. À défaut de publication, il sera remplacé par l’indice de substitution le plus proche. »
Créé par la loi de modernisation de l’économie de 2008, l’ILC est destiné aux activités commerciales et artisanales. Il est calculé sur la base de l’évolution des prix à la consommation, du coût de la construction et du chiffre d’affaires du commerce de détail.
Tableau – Comparatif des indices :
L’ICC n’est plus adapté aux activités commerciales. L’ILC et l’ILAT sont aujourd’hui privilégiés, avec un plafonnement légal de la variation annuelle de loyer à 3,5 % pour l’ILC (depuis la Loi pouvoir d’achat 2022 – prolongée en 2024). Ce plafonnement vise à préserver les commerçants en période d’inflation élevée.
• Interdiction de variation de loyer selon le SMIC ou les salaires (article L. 112-2 Code monétaire et financier)
• Interdiction de clauses à variation purement automatique sans rapport avec la réalité économique de l’activité
• Interdiction pour les locaux à usage d’habitation ou mixte de toute indexation hors loi spécifique (L. 145-39 Code de commerce)
Ex : une clause prévoyant la variation automatique du loyer selon le seul prix de vente des produits ou selon une devise étrangère est nulle.
Exemple chiffré :
Loyer initial: 1 200 €/mois, ILC de base : 118, ILC actuel : 127
Nouveau loyer = 1 200 × (127 ÷ 118) = 1 292 €
• ILC Q2 2024 : 133,45
• ICC Q2 2024 : 2 090
• ILAT Q2 2024 : 127,65
Actualisation régulière indispensable pour éviter toute contestation lors du renouvellement.
La révision triennale légale est encadrée par l’article L 145-38 du Code de commerce : elle permet au bailleur ou au preneur de demander une modification du loyer à chaque période de 3 ans, même en présence d’une clause d’indexation.
Exception :
• Si une clause d’indexation est stipulée, elle prime sur la révision triennale sauf variation anormale ou disproportionnée de l’indice.
Lors du renouvellement, le loyer est fixé sur la base de la valeur locative dans la limite du plafonnement (déplafonnement possible si modification notable des facteurs locaux ou si clause d’échelle mobile)
En cas de résiliation du bail commercial, le preneur peut prétendre à une indemnité d’éviction (ou éventuellement la refuser s’il rejoint un autre local équivalent). Le montant dépend de la valeur du droit au bail, du mobilier, de la clientèle.
Exemple simplifié :
« Le présent bail est conclu pour une durée de 9 ans. Le loyer annuel s’élève à 24 000 €, hors taxes et hors charges. Il sera révisé chaque année selon la variation de l’indice des loyers commerciaux (ILC) publié par l’INSEE, selon la formule suivante :
Loyer révisé = Loyer initial × (Nouvel ILC / ILC de référence).
Si l’ILC venait à disparaître, les parties conviennent d’utiliser l’indice de substitution officiel proposé par l’INSEE. »
C’est une clause permettant l’ajustement automatique du loyer en fonction d’un indice légalement publié (ILC, ICC ou ILAT), afin de prendre en compte l’inflation et les évolutions économiques.
La clause prévoit par exemple : « Le loyer sera indexé chaque année selon la variation de l’indice des loyers commerciaux publié par l’INSEE ».
Est interdite toute clause d’indexation liée aux salaires, au SMIC, ou à une devise étrangère, ainsi que des clauses sans réel lien économique avec l’activité.
Non, l’ICC n’est pas en soi plafonné, mais son usage est restreint depuis 2014. Depuis 2022, l’usage de l’ILC ou l’ILAT est privilégié avec plafonnement annuel à 3,5 % sur un an.
L’ILC est constitué par la moyenne pondérée de l’indice des prix à la consommation, de l’indice du chiffre d’affaires du commerce de détail et du coût de la construction.
Au terme du bail, en présence d’une clause d’échelle mobile, le loyer peut être fixé librement dans la mesure prévue par la loi, et par application des plafonds ou du déplafonnement si les conditions sont remplies.
L’indemnité d’éviction se calcule en fonction de la valeur vénale du fonds, des éléments matériels, immatériels et des préjudices subis.
• Choisissez toujours l’indice approprié à l’activité
• Vérifiez la périodicité et le mode de calcul
• Préparez un indice de substitution
• Sollicitez un conseil juridique en cas de doute ou de volonté d’aménager/renégocier une clause
Cour de cassation, 3ème civ., 12 janvier 2022 : nullité d’une clause d’indexation asymétrique ou menant à une distorsion excessive des loyers.
Le droit des baux commerciaux et la rédaction des clauses d’indexation sont des matières encadrées par de nombreuses règles cumulatives, parfois complexes. Il est primordial de solliciter les conseils d’un avocat spécialisé en baux commerciaux pour anticiper les impacts économiques, sécuriser la rédaction et ajuster le contrat à la jurisprudence la plus récente.