Tout comprendre sur la non-conformité en droit des contrats commerciaux et en contentieux : définition, exemples, droits, recours pratiques, modèles de lettre et conseils d’avocat pour entrepreneurs et dirigeants.

La non-conformité en droit commercial désigne l’écart entre la prestation réalisée, le bien livré ou le service fourni et ce qui était prévu dans le contrat, le devis ou la commande validée entre professionnels. Cette notion traverse l’ensemble des opérations de la vie des affaires : vente de marchandises, travaux, prestations intellectuelles, sous-traitance ou encore livraison de produits finis.
La non-conformité se distingue du simple défaut ou de la non-qualité, qui renvoient à des problématiques d’absence ou de diminution de la valeur, là où la non-conformité s’attache avant tout au respect strict de la commande, du cahier des charges ou des spécifications contractuelles.
Exemple pédagogique :
Vous commandez 500 chaises bleues pour vos bureaux, la livraison comporte 480 chaises bleues et 20 chaises rouges. C’est une non-conformité manifeste : même si les chaises rouges sont de bonne qualité, elles ne correspondent pas à la commande.
La maîtrise de la non-conformité contractualisée permet d’anticiper vos risques commerciaux, de sécuriser vos transactions, et d’activer rapidement les recours en cas de litige.
• Non-conformité de marchandise ou de produit : produit livré ne correspondant pas à la commande ou au cahier des charges.
• Non-conformité de travaux ou services : prestation exécutée différemment des prévisions du devis ou du contrat.
• Non-conformité contractuelle : écarts entre ce qui est stipulé au contrat et ce qui est effectivement réalisé.
Encadré pédagogique :
Les conséquences de la non-conformité peuvent aller de la simple reprise des travaux à l’annulation des contrats et indemnisation des préjudices.
Les praticiens et les juges distinguent généralement trois formes principales de non qualité :
1. Non-conformité : Écart entre produit/prestation et le contrat, comme vu ci-dessus.
2. Défaut de qualité ou vice caché : Produit livré conforme en apparence mais présentant un défaut qui le rend impropre à l’usage.
3. Non-performance : Inexécution totale ou partielle de la prestation ou de la livraison.
La non-conformité produit s’applique à tout bien ou marchandise présenté comme conforme à un cahier des charges, à des spécifications ou à une norme contractuelle, mais qui, lors de la livraison ou à la découverte ultérieure, révèle un écart par rapport à ces exigences.
Cas pratique :
Une PME commande 200 ordinateurs configurés avec 16Go de RAM ; à la livraison, 50 ordinateurs présentent seulement 8Go de RAM. La non-conformité est ici parfaitement caractérisée.
Mesures de prévention :
• Demander une fiche technique signée en amont.
• Préciser les modes de contrôle qualité dans le contrat de vente.
• Imposer des pénalités ou refus de paiement en cas de non-conformité avérée.
Les conséquences pour l’entreprise dépendent de la gravité et de la nature de la non-conformité, mais également de la rédaction des clauses contractuelles.
• Suspension ou refus de paiement : En cas de non-conformité manifeste, le client peut légitimement suspendre tout ou partie du paiement.
• Obligation de refaire ou remplacer la prestation : Le prestataire ou vendeur doit prendre en charge la reprise à ses frais.
• Résolution du contrat et indemnisation : Selon la gravité, l’acheteur peut solliciter l’annulation du contrat et l’indemnisation de tous préjudices subis.
• Responsabilité civile et judiciaire : L’entreprise exposée peut être poursuivie devant le tribunal de commerce.
Encadré jurisprudentiel : Les juges apprécient souverainement la gravité de la non-conformité et peuvent octroyer des dommages-intérêts même en l’absence de clause expresse si le préjudice est établi.
Dans le secteur du BTP ou lors de prestations intellectuelles, la non-conformité des travaux désigne l’écart entre le devis accepté et la réalisation effective du chantier ou du service.
Exemple concret :
Un entrepreneur commande la rénovation de ses bureaux avec un devis prévoyant une peinture blanche satinée. À l’issue du chantier, les murs sont peints en mat : il s’agit d’une non-conformité.
Actions à mener :
• Constat d’huissier ou expertise pour établir la non-conformité.
• Mise en demeure au prestataire de reprendre les travaux.
• Suspension des paiements jusqu’à la régularisation.
En cas de marchandise non conforme entre professionnels, la loi et la jurisprudence protègent efficacement l’acheteur, notamment au titre des articles 1604 et suivants du Code civil :
• Réception sous réserve : Toujours émettre des réserves à la livraison, même si la non-conformité n’est pas immédiatement apparente.
• Droit au remplacement ou remboursement : L’acheteur peut demander le remplacement, la reprise ou le remboursement total ou partiel.
• Action en justice : Si le vendeur refuse de régulariser, l’acheteur peut saisir le tribunal compétent pour obtenir l’exécution ou la résolution du contrat et l’indemnisation.
Exemple réel :
Une société de distribution alimentaire reçoit des produits labellisés bio, alors que les certificats ne sont pas conformes : elle notifie la non-conformité et obtient, après mise en demeure, le remboursement et des pénalités pour rupture de chaîne logistique.
Face à une situation de non-conformité des travaux, produits ou prestations, il est impératif d’agir avec rapidité et méthode.
Étapes recommandées :
1. Documenter la non-conformité (photos, rapports, plaintes écrites, constats d’huissier)
2. Mise en demeure formelle au cocontractant, précisant les écarts et les attentes
3. Suspension des paiements en cas de blocage
4. Négociation amiable (toujours privilégiée en B2B)
5. Recours judiciaire (assignation devant le tribunal de commerce)
Encadré pratique :
En présence de clauses de contrôle qualité, exiger leur application. Pensez à insérer des obligations de déclaration et de vérification dans tous vos contrats importants.
La non-conformité est l’écart constaté entre le produit ou la prestation livrée et les attentes contractuelles fixées dans le contrat, le devis ou la commande.
• Non-conformité
• Vice caché
• Non-performance
(cf tableau comparatif ci-dessus)
Un produit non conforme est un bien livré qui ne correspond pas à la description, aux caractéristiques techniques ou aux normes de la commande validée.
Vous pouvez exiger le remplacement, le remboursement, la reprise, les réparations, l’annulation du contrat ou l’obtention de dommages-intérêts.
C’est le défaut de correspondance d’un produit avec les exigences du contrat ou de la commande, révélé lors de la livraison ou de l’utilisation.
• Retard ou suspension de paiement
• Obligation de remplacement ou de réparation
• Résolution du contrat
• Indemnités pour préjudice subi
• Risque réputationnel et civil pour le fournisseur
Il faut :
• Rassembler des preuves de la non-conformité
• Mettre en demeure le prestataire de régulariser
• Faire appel à un expert ou à un huissier
• Suspendre les paiements
• Envisager une action judiciaire, en dernier recours
Il s’agit d’un écart entre la réalisation et le devis/contrat, pouvant porter sur les matériaux, les finitions ou les spécifications techniques.
Faire établir un constat d’huissier ou solliciter un expert judiciaire ; photographier les défauts; conserver la documentation écrite ; notifier formellement au prestataire.
Depuis peu, les avocats peuvent également effectuer personnellement certains constats à l'aide d'une application.
• Mise en demeure
• Négociation amiable
• Action judiciaire
• Demande d’expertise
• Résolution du contrat et indemnisation
Même en B2B, la non-conformité entraîne le droit à l’exécution conforme, la résolution, la reprise, le remboursement ou l’indemnité, selon les clauses et la gravité.
Voir plus haut dans la partie « Non-conformité des travaux au devis ».
La non-conformité est une matière réglementée, complexe et évolutive. Seul l’accompagnement par un avocat spécialisé permet d’anticiper les risques, négocier les recours, rédiger des clauses efficaces et choisir la meilleure procédure en cas de contentieux. Pensez à vous faire conseiller pour toute négociation contractuelle ou litige portant sur la non-conformité de produits, services ou travaux.
La non-conformité n’est pas une fatalité : c’est un risque à maîtriser par la prévention contractuelle, la vigilance dans la réception des produits et travaux, et la réactivité en cas de litige. Les entreprises bien accompagnées, formées et rigoureuses sur les procédures limitent drastiquement leurs pertes et valorisent leur image professionnelle.