Le contrat de concession est un outil de distribution et de gestion aux enjeux majeurs pour les entreprises. Découvrez sa définition, ses réglementations, ses caractéristiques, les exemples concrets de clauses, les distinctions avec la franchise et le service public, ainsi que les points clefs pour rédiger ou négocier un contrat de concession en toute sécurité.
Le contrat de concession est une convention par laquelle un fournisseur (le concédant), confie à un distributeur (le concessionnaire) la distribution exclusive de ses produits ou services sur un territoire donné, généralement pour une durée déterminée ou indéterminée. Ce mécanisme crée un réseau de distribution sélectif, structuré par des intérêts réciproques et encadré par diverses obligations contractuelles et réglementaires.
Encadré pédagogique :
Dans le secteur automobile, un fabricant confie la vente exclusive de ses véhicules à un concessionnaire pour la région Île-de-France : le concessionnaire ne peut vendre d'autres marques concurrentes, le fabricant ne peut vendre en direct sur ce territoire.
L’exclusivité territoriale est la pierre angulaire du contrat. Elle protège juridiquement le concessionnaire contre la concurrence du concédant sur le territoire défini.
Exemple de clause :
« Le concédant s’engage à approvisionner exclusivement le concessionnaire pour la zone géographique du département du Rhône, et s’interdit toute vente directe ou indirecte de produits semblables ou concurrents sur ce territoire pendant la durée du contrat. »
La structure et le contenu sont librement fixés par les parties, sous réserve du respect du droit commun des contrats et de certaines obligations réglementaires. Les clauses prévoient généralement :
Le contrat peut être à durée déterminée (max. 10 ans pour l’automobile, min. 5 ans pour exclusivité de marque auto), ou à durée indéterminée avec faculté de résiliation par préavis raisonnable (6 à 10 mois selon la jurisprudence).
Le concédant doit :
Le non-respect de ces obligations engage sa responsabilité contractuelle et peut donner lieu à résolution du contrat ou demande de dommages et intérêts.
Le concessionnaire doit :
En cas de manquement, il encourt des sanctions contractuelles, et la résolution peut être prononcée sous condition de clause résolutoire.
Le contrat de concession est principalement régi par le droit commun des contrats (liberté contractuelle, capacité, consentement). Toutefois, une règle particulière s’applique : l’obligation d’information préalable issue de la loi Doubin (article L330-3 du Code de commerce).
Le concédant doit transmettre au concessionnaire, au moins 20 jours avant la signature, un document complet sur :
Encadré jurisprudentiel :
La Cour de cassation considère que le non-respect de l’obligation d'information préalable peut entraîner la nullité du contrat pour vice du consentement (Cass. com., 20 mai 1980).
Pour sécuriser la relation, le contrat doit intégrer des clauses précises :
Dans une concession de boissons, la clause stipule :
« Le Distributeur s'interdit, pendant la durée du contrat, de distribuer tout produit de même nature ou concurrents des Produits objets du présent contrat, sur le territoire défini. »
Majoritaire dans l’automobile, l’électroménager, la bijouterie, la concession commerciale est conclue entre acteurs privés et repose sur la vente exclusive de produits à des détaillants indépendants.
La concession de service public permet à une collectivité de déléguer la gestion d’un service (eau, gaz, parking…) à une entreprise privée, qui l’exploite à ses risques et périls contre rémunération via redevance ou exploitation.
Exemple concret :
La commune de Colmar confie la gestion du stationnement payant à une société via un contrat de concession de service public pour 15 ans. La société perçoit directement les recettes et assume l’entretien et la modernisation des infrastructures.
Les contrats de concession automobile sont emblématiques : ils impliquent exclusivité territoriale, objectif de volume de ventes, assistance technique du constructeur, et généralement une durée déterminée (max. 10 ans).
Encadré pédagogique :
Un concessionnaire Peugeot pour Paris dispose de l’exclusivité de la marque dans la capitale, doit atteindre un quota de ventes, bénéficie d’une assistance technique régulière, mais ne peut vendre de Renault ou Citroën.
La franchise porte sur la transmission d’un savoir-faire et l’exploitation d’un concept commercial, tandis que la concession concerne uniquement la commercialisation en exclusivité de produits:
Tableau de comparaison :
CritèreConcession exclusiveFranchiseExclusivité d’approvisionnementOuiParfoisTransmission de savoir-faireNonOuiAssistance permanenteParfoisOuiUtilisation de la marqueOuiOui
La rupture est libre à l’échéance d’un contrat à durée déterminée, ou par préavis raisonnable pour une durée indéterminée.
Encadré jurisprudentiel :
Si le concédant rompt sans préavis et alors que le concessionnaire a réalisé de lourds investissements, il peut être condamné pour rupture abusive (Cass. com., 5 octobre 2004).
C’est un contrat par lequel un fournisseur réserve la distribution exclusive de ses produits à un concessionnaire sur un territoire donné, avec des obligations précises à la charge de chaque partie.
C’est la forme la plus courante : la concession porte sur la vente exclusive d’une gamme de produits (automobile, pièces détachées, boissons…) sur un territoire défini. Le concessionnaire bénéficie d’une exclusivité de commercialisation et d’un support technique.
Le concessionnaire obtient l’exclusivité de vente sur un secteur défini, aucun autre distributeur ou concurrent ne peut commercialiser les produits sur ce territoire.
Exemple automobile : La société Renault confie à un concessionnaire l’exclusivité de la marque pour le département de la Gironde, avec obligation de ventes annuelles minimales et assistance technique du constructeur.
Convention par laquelle un fournisseur confie à un distributeur l’exclusivité de vente de ses produits sur un territoire ou pour une clientèle donnée, avec clauses précises d’approvisionnement, d’assistance et de non-concurrence.
De nombreux modèles sont disponibles auprès d’éditeurs spécialisés, d’avocats ou en open source. Se référer à des modèles validés par des professionnels du secteur pour tenir compte des évolutions réglementaires récentes.
Le commerce automobile, les boissons, la bijouterie, l’électroménager, la distribution spécialisée, etc.
Les contrats entre acteurs privés pour la distribution exclusive de produits, souvent dans le secteur automobile ou des équipements industriels.
La concession porte sur l’exclusivité de distribution de produits, sans transmission de savoir-faire ou assistance permanente, contrairement à la franchise qui inclut ces éléments.
C’est une délégation par une collectivité locale à un opérateur privé pour gérer un service public (eau, stationnement, transports), à ses risques et périls, généralement contre rémunération via les recettes du service. Ce contrat est encadré par le code de la commande publique et la jurisprudence administrative.
Article rédigé par Guillaume Leclerc, avocat en contrats commerciaux et contentieux commerciaux à Paris.