Le pacte de préférence, outil contractuel incontournable du droit français, est souvent utilisé dans les ventes immobilières, les cessions de droits sociaux ou les relations commerciales. Cet article complet et pédagogique décrypte son régime, sa distinction avec la promesse unilatérale, ses enjeux pratiques, ainsi que toutes vos questions fréquemment posées, illustrées d’exemples concrets rédigés par un avocat spécialiste.
Le pacte de préférence est un avant-contrat par lequel une personne (le "promettant") s’engage à proposer en priorité à une autre (le "bénéficiaire") de traiter avec elle si jamais elle décide de contracter à l’avenir sur un bien ou un droit déterminé. Autrement dit, le promettant accorde au bénéficiaire la priorité pour conclure ce contrat futur, mais sans s’engager d’avance à le conclure.
Art. 1123 – "Le pacte de préférence est le contrat par lequel une partie s’engage à proposer prioritairement à son bénéficiaire de traiter avec lui pour le cas où elle déciderait de contracter."
Ce mécanisme protège le bénéficiaire contre le risque de voir le bien « échapper » à sa priorité; à la différence d’une promesse unilatérale, il ne peut forcer la vente.
Les pactes de préférence sont couramment utilisés dans diverses situations, par exemple :
Exemple de clause de pacte de préférence :
"En cas de volonté de céder tout ou partie des actions détenues, le cédant s’engage à notifier sa décision au bénéficiaire qui disposera d’un délai de 30 jours pour manifester son intention d’acquérir lesdites actions aux conditions prévues."
Attention :
Exemple illustratif :
La "purge" consiste à informer officiellement le bénéficiaire du pacte de préférence, afin qu’il puisse faire valoir ou non son droit de priorité.
Exemple pratique :
Dans le cadre d’une vente immobilière, un notaire notifie au bénéficiaire du pacte la décision de vendre, précisant les conditions et le délai pour répondre. Si le bénéficiaire renonce ou laisse passer le délai, le bien peut être vendu à un tiers
L’action interrogatoire est une innovation permise par l’article 1123 du Code civil suite à la réforme de 2016.
Exemple d’application :
Un investisseur souhaite acheter un bien susceptible d’être grevé d’un pacte de préférence. Il écrit au bénéficiaire possible et, sans réponse, acquiert en toute sécurité, hors mauvaise foi démontrée
Le pacte d’actionnaires est une convention entre les associés d’une société complémentaire aux statuts, visant à organiser les cessions de titres, l’exercice des droits de vote ou la gestion des conflits.
Il permet notamment de prévoir des pactes de préférence pour garantir la stabilité du groupe d’actionnaires et anticiper les situations conflictuelles ou les entrées/sorties d’associés.
"Tout associé souhaitant céder ses actions devra en informer les autres associés, qui bénéficieront d’un droit de préférence pour l’acquisition, dans les conditions et délais prévus au présent pacte."
Le pacte de préférence est un contrat par lequel une partie promet de réserver la priorité à un bénéficiaire pour contracter, dans l’hypothèse où elle déciderait de vendre ou transférer un bien ou un droit.
La promesse unilatérale engage le promettant à l’avance ; son consentement est entier et la vente est acquise si le bénéficiaire lève l’option. Le pacte de préférence ne donne qu’un droit prioritaire ; la vente n’existera que si le promettant décide d’y procéder ET si le bénéficiaire accepte l’offre.
La purge consiste à notifier au bénéficiaire l’intention de conclure afin qu’il puisse exercer ou non son droit de préférence. Elle assure la sécurité juridique de la transaction, notamment en matière immobilière.
Le bénéficiaire a simplement la priorité pour contracter, mais n’est jamais obligé d’acheter. Le promettant ne peut vendre à un tiers sans l’avoir d’abord proposé au bénéficiaire.
L’action interrogatoire engage le bénéficiaire à se prononcer dans un délai défini sur sa volonté d’utiliser la préférence. Cela protège les tiers contre des risques d’annulation ou de substitution ultérieurement à la vente.
Dans la promesse de vente, la vente devient obligatoire pour le promettant si le bénéficiaire lève l’option. Le pacte de préférence laisse toute liberté au promettant de ne pas vendre.
Article relatif aux actes d’état civil (hors champ direct du pacte de préférence).
Garantir la stabilité capitalistique et l’organisation des relations entre actionnaires, dans la confidentialité et avec souplesse, grâce notamment à des droits de priorité convenus.
L’article 1165 encadre la fixation du prix dans les contrats de prestation de services.
La promesse de vente vaut vente s’il y a accord sur la chose et le prix.
Définit la promesse unilatérale de contrat.
Droit à la réduction du prix en cas d’inexécution partielle.
Obligation précontractuelle d’information.
Le domaine du pacte de préférence est réglementé et complexe en raison de ses enjeux juridiques et financiers parfois considérables. La rédaction, l’interprétation ou la contestation d’une telle clause méritent l’avis d’un avocat expérimenté, seul à même d’anticiper les pièges, de sécuriser la transaction et d’assurer la meilleure protection des intérêts des parties.
Le pacte de préférence est un outil souple mais exigeant. Sa bonne rédaction et sa purge efficace sont essentielles, tant dans la vie des affaires, l’immobilier, que les relations de société. Grâce à des exemples concrets, des rappels des textes légaux et la comparaison avec les promesses unilatérales, vous disposez désormais d’une vue d’ensemble pour comprendre ce mécanisme et éviter ses écueils.
Article rédigé par Guillaume Leclerc, avocat en contrats commerciaux et contentieux commerciaux à Paris.