Meta description : Le transfert de propriété est une étape centrale des contrats de vente ou d’achat, qu’il s’agisse de biens mobiliers, immobiliers ou de marchandises. Découvrez son cadre juridique, ses conséquences et les bonnes pratiques à adopter pour sécuriser vos opérations.

Pour un dirigeant de PME, la question du transfert de propriété n’est pas qu’une formalité juridique. Elle détermine le moment où l’acheteur devient propriétaire d’un bien — et, surtout, celui où il en assume les risques (perte, détérioration, destruction). Une mauvaise anticipation peut avoir des conséquences lourdes : perte de marchandises, litiges avec vos fournisseurs ou clients, refus d’assurance.
Le transfert de propriété est régi par le Code civil, notamment les articles 1196 à 1198 et 1583, qui posent le principe du transfert solo consensu : la propriété est transférée par le seul accord sur la chose et le prix.
Le transfert de propriété désigne le passage juridique d’un bien d’un propriétaire à un autre. Ce transfert résulte le plus souvent d’un contrat de vente, mais il peut aussi intervenir par donation, succession ou échange.
En principe, l’acheteur acquiert automatiquement la propriété du bien dès l’accord sur la chose et le prix. Ce principe est exprimé à l’article 1583 du Code civil. Autrement dit, la vente est parfaite dès la rencontre des volontés, sans qu’il soit nécessaire que le prix soit payé ou que la chose soit livrée.
Exemple concret :
Vous signez un bon de commande pour l’achat de 100 chaises destinées à votre entreprise. Dès accord sur le prix et la description des chaises, vous en devenez propriétaire juridiquement, même si vous n’avez pas encore reçu la marchandise.
Selon l’article 1196, alinéa 1er, « dans les contrats ayant pour objet l’aliénation de la propriété ou la cession d’un autre droit, le transfert s’opère lors de la conclusion du contrat ».
Cela signifie que le transfert intervient au moment même de l’accord contractuel, sans autre formalité. C’est ce que l’on appelle le principe consensuel.
L’article 1196, alinéa 3 précise que le transfert de propriété emporte transfert des risques de la chose. Le futur acquéreur supporte donc la perte ou la détérioration du bien dès cet instant.
Exemple : Vous achetez un véhicule utilitaire le lundi mais sa livraison est prévue le jeudi. Si un incendie détruit le véhicule chez le vendeur avant la remise, vous en supportez le risque — sauf clause contraire.
Lorsque la vente porte sur des choses non encore individualisées (par exemple, des marchandises en stock), la propriété n’est transférée qu’après individualisation : c’est-à-dire quand les biens vendus sont séparés du stock global et identifiés.
Le transfert de propriété ne doit pas être confondu avec l’obligation de délivrance (article 1604 du Code civil). Le vendeur doit effectivement remettre la chose vendue à l’acheteur, même si ce dernier en est déjà juridiquement propriétaire.
Exemple : Votre entreprise achète un chariot élévateur. Vous en êtes juridiquement propriétaire dès l’accord, mais le vendeur reste tenu de le livrer. Si la livraison prend du retard, il engage sa responsabilité contractuelle, sans remettre en cause le transfert de propriété.
Les parties peuvent aménager le moment du transfert. La plus fréquente est la clause de réserve de propriété, qui permet au vendeur de conserver la propriété jusqu’au paiement intégral du prix.
Cette clause est légale (loi du 12 mai 1980 – articles L. 624-16 et suivants du Code de commerce) et très utile aux PME pour limiter leurs pertes en cas d’impayés.
Exemple de clause :
"Le transfert de propriété des biens vendus est suspendu jusqu’au paiement intégral du prix. En cas de non-paiement, le vendeur pourra revendiquer la restitution des biens, conformément à l’article L. 624-16 du Code de commerce."
Certains contrats prévoient que la propriété ne sera transférée qu’à la livraison, à l’expiration d’un délai ou après vérification de la conformité.
Exemple : dans les ventes avec essais ou validation de prototypes, le transfert est souvent subordonné à l’acceptation du bien.
En matière immobilière, le transfert de propriété se fait au jour de la signature de l’acte authentique devant notaire. Le transfert de propriété doit ensuite être publié au Service de la publicité foncière pour être opposable aux tiers.
Bon à savoir : la promesse de vente (compromis) ne transfère pas encore la propriété ; seul l’acte définitif le fait.
Exemple concret : une PME acquiert un local commercial le 15 juin par acte notarié. Elle en devient propriétaire ce jour-là, même si les clés sont remises quelques jours plus tard.
Pour les biens mobiliers, le transfert de propriété suit en principe la possession (article 2276 du Code civil : en fait de meubles, possession vaut titre). Mais le contrat de vente prime : la propriété est transférée à l’accord sur la chose et le prix.
Lorsque la vente porte sur des marchandises commerciales, notamment dans un contexte international, deux paramètres s’ajoutent :
Les Incoterms (EXW, FOB, CIF, etc.) ne s’appliquent pas à la propriété. Ils déterminent uniquement le lieu et le moment du transfert des risques entre vendeur et acheteur — par exemple lors de la remise au transporteur ou du chargement.
Ainsi, le contrat de vente doit clairement préciser la règle applicable au transfert de propriété, indépendamment des Incoterms.
Le transfert de propriété entraîne plusieurs effets juridiques immédiats :
Pour les PME, la sécurisation des contrats de vente ou d’achat passe avant tout par une rédaction claire des clauses de transfert :
Pour les biens immobiliers, le transfert de propriété doit être rendu opposable aux tiers par publication au service de la publicité foncière.
Le contrat doit prévoir les obligations de délivrance et assurer que le bien est couvert par l’assurance adéquate jusqu’à la livraison effective.
Par le seul accord sur la chose et le prix (articles 1583 et 1196 du Code civil), sauf clause contraire. On parle de transfert solo consensu.
Pour les biens immobiliers, l’acte authentique notarié est obligatoire. Pour les biens mobiliers, un contrat écrit bien rédigé suffit.
Pour les ventes immobilières, il faut compter les frais de notaire (environ 7 à 8% dans l’ancien). Pour les ventes commerciales, le coût dépend essentiellement des honoraires de rédaction et enregistrement.
Le transfert de propriété concerne la titularité juridique du bien, tandis que le transfert de risque porte sur la charge des pertes. Les deux coïncident sauf aménagement contractuel.
C’est une clause qui permet au vendeur de rester propriétaire du bien jusqu’au paiement intégral du prix, protégeant ainsi ses droits en cas d’insolvabilité de l’acheteur.
Pour les dirigeants de PME, comprendre le mécanisme du transfert de propriété est essentiel pour sécuriser leurs opérations contractuelles. Il ne s’agit pas d’une donnée purement juridique : c’est un levier de gestion des risques, de négociation commerciale et de garantie de paiement.
Les erreurs de rédaction ou d’interprétation dans les contrats peuvent avoir des conséquences majeures. Une consultation juridique préalable permet d’adapter les clauses aux spécificités de votre activité et d’anticiper les contentieux.
Le transfert de propriété est une matière réglementée : il est donc recommandé de consulter un avocat avant toute signature de contrat translatif de propriété afin d’en maîtriser toutes les implications.