Découvrez une analyse complète, claire et actualisée des conditions de validité du cautionnement en droit français : points clés, réforme du cautionnement, mentions obligatoires, causes de nullité et exemples pratiques. Idéal pour les professionnels, étudiants ou cautionnaires souhaitant maîtriser ce sujet fondamental du droit des contrats.
Le cautionnement occupe une place centrale dans la pratique contractuelle, tant en matière commerciale que civile. Très encadré, ce contrat de garantie doit répondre à des exigences strictes de fond et de forme dont le non-respect expose à la nullité de l'acte ou à sa réduction. Depuis le 1er janvier 2022, la réforme du droit des sûretés a apporté des modifications essentielles, avec des incidences pratiques majeures pour les créanciers, les débiteurs et bien sûr, les cautions.
Le cautionnement est un contrat par lequel une personne, la caution, s’engage à garantir l’exécution de l’obligation d’un tiers, le débiteur principal, envers un créancier. Il peut être simple ou solidaire, légal, judiciaire ou conventionnel. Dans les relations d'affaires, il est presque toujours conventionnel, souvent solidaire (la caution renonce alors au bénéfice de discussion et de division). La distinction entre cautionnement simple et solidaire conditionne les droits de la caution lors de l’exécution.
Exemple : un dirigeant de société se porte caution solidaire d’un prêt bancaire contracté par la société.
Le consentement de la caution doit être donné librement et en connaissance de cause. Toute erreur sur la portée de l’engagement, dol, violence ou vice du consentement peut entraîner la nullité de l’acte. La caution doit avoir la capacité civile d’engager son patrimoine (pas de cautionnement valable par un mineur non émancipé, ou par un majeur protégé sans autorisation du juge ou du conseil de famille selon les situations).
En cas de représentation, celui qui consent le cautionnement pour autrui doit pouvoir justifier d’un mandat exprès. La nullité est également encourue si l’un des époux mariés sous communauté engage un bien commun sans le consentement de l’autre au-delà des dettes ménagères.
Exemple de jurisprudence : nullité d’un cautionnement parce qu’il avait été signé sous la contrainte exercée par une banque, ou à l'insu du conjoint avec un bien commun.
L’acte de cautionnement doit avoir un objet licite et déterminable : la dette garantie doit être certaine ou à tout le moins déterminable, même si elle porte sur des dettes futures (dans la limite d’un plafond ou d’une définition précise). Une garantie générale et indéterminée peut être annulée pour indétermination de l’objet.
La cause doit être réelle et licite. Un acte reposant sur un objet illicite (par exemple faciliter une opération interdite) sera nul.
Exemple de clause valable : « Je me porte caution solidaire du remboursement de toutes sommes que la société X pourra devoir à la banque Y, dans la limite de 50 000 euros, au titre du prêt du 3 février 2023 ».
Depuis la réforme, le caractère manifestement disproportionné de l’engagement de caution personne physique, lors de la conclusion, à son patrimoine ou à ses revenus, n'entraîne plus l’annulation automatique mais une réduction de cet engagement dans la limite du montant que la caution pouvait garantir à la date de la signature. Cette protection bénéficie à la caution non avertie et encadre très fortement la pratique bancaire notamment.
Exemple pratique : une caution disposant de revenus modestes et d’aucun patrimoine ne peut légalement garantir une dette très largement supérieure à ses capacités financières. L’engagement sera automatiquement réduit par le juge.
Avant la réforme, l’acte de cautionnement sous seing privé par une personne physique devait impérativement comporter la reproduction manuscrite d’une formule légale, sous peine de nullité. Depuis 2022, la mention manuscrite a été simplifiée : la caution doit maintenant apposer elle-même la mention de son engagement à payer, en qualité de caution, dans la limite d’un montant exprimé en chiffres et lettres, au bénéfice du créancier, en cas de défaillance du débiteur principal. Cette mention est exigée à peine de nullité.
Si la caution renonce aux bénéfices de discussion et de division (en cas de solidarité), cette renonciation doit aussi apparaître expressément dans la mention.
Exemple de formulaire valable :
« Je soussigné(e) …, m’engage en qualité de caution à payer au créancier … ce que doit le débiteur … en cas de défaillance de celui-ci, dans la limite d’un montant de …€ (en toutes lettres), intégrant les intérêts et accessoires éventuels. »
L’acte doit impérativement préciser :
L’absence d’une seule de ces mentions, ou une mention erronée (par exemple confusion entre les chiffres et les lettres), peut entraîner la nullité de l’engagement.
L’acte passé devant notaire n’exige pas la mention manuscrite désormais requise pour les actes sous seing privé. La force exécutoire des actes authentiques offre un avantage significatif au créancier. Toutefois, l’acte notarié doit aussi comporter toutes les informations substantielles, notamment le montant et l’objet de l’engagement, et répondre aux exigences générales de consentement et de proportionnalité.
En 2025, la signature électronique répond pleinement aux exigences légales à condition de garantir l’authenticité du signataire et l’intégrité de l’acte. Le formalisme de la mention obligatoire doit être respecté également dans sa version électronique. La dématérialisation ne dispense pas de la vérification de la capacité, de l'objet, ni de la proportionnalité.
Plusieurs arrêts récents rappellent la nullité systématique des cautionnements non conformes aux exigences de position de signature ou de formulation de la mention, même en présence d’un paraphe ou d’un consentement par ailleurs non équivoques.
Une clause de cautionnement solide mentionne toujours la désignation des parties, la désignation de la dette garantie, la durée, le montant (en lettres et chiffres), le caractère simple ou solidaire (avec renonciation expresse si besoin aux bénéfices), la date et la signature.
Exemple de clause
« Je soussigné(e) [Nom, Prénom, adresse], m’engage en qualité de caution solidaire envers [créancier], à payer en cas de défaillance de [débiteur], toutes sommes dues en principal, intérêts, pénalités, dans la limite de [montant en lettres et en chiffres], sans bénéfice de discussion ni de division, le tout à titre personnel, pour la durée de [x] années à compter de ce jour. »
Non. L’acte sous seing privé suffit, à condition de remplir toutes les exigences légales de forme et de fond. L’acte notarié donne une force exécutoire supplémentaire mais suppose un coût et une intervention notariale.
Oui, à condition de respecter l’ensemble des formalités et de garantir la vérification de l’identité du signataire, l’intégrité de la signature et la reproduction des mentions exigées.
Non, sauf exception pour les étudiants et apprentis. Le cumul GLI + cautionnement est interdit dans la location d’habitation principale sauf dérogation légale.
En cas de novation (modification essentielle de la dette garantie ou changement de débiteur), la caution peut être déchargée de son engagement sauf acceptation expresse de la nouvelle situation. De même, en cas de procédure collective et absence de déclaration de créance, le créancier ne pourra pas agir contre la caution pour la part non déclarée.
Guillaume Leclerc. Avocat au Barreau de Paris en contrats commerciaux et contentieux des affaires.
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