Contrats immobiliers commerciaux
9/10/25

Renouvellement du bail commercial : Nouvelles conditions, procédure, exemples et FAQ

Le renouvellement d’un bail commercial constitue une étape cruciale dans la vie d’un commerce. Découvrez toutes les conditions, exemples pratiques, mécanismes de fixation du nouveau loyer et prérogatives permettant une négociation efficace, sous l’éclairage des dernières évolutions jurisprudentielles et des conseils d'avocat.

Le renouvellement d’un bail commercial est une phase stratégique pour toutes les parties. Il garantit la stabilité du locataire tout en permettant au bailleur de valoriser son bien. Or, sa mise en œuvre impose de maîtriser parfaitement le statut des baux commerciaux et ses dernières évolutions.

Définitions et principes clés du renouvellement du bail commercial

Qu’est-ce que le renouvellement du bail commercial ?

Le mécanisme du renouvellement du bail commercial permet au locataire, à l’expiration du bail, de poursuivre son activité dans les locaux loués, soit aux mêmes conditions, soit selon des aménagements nouvellement négociés. C’est un droit d’ordre public qui assure la pérennité du fonds de commerce.

Les enjeux majeurs du renouvellement du bail commercial

L’intérêt principal réside dans la sécurisation de l’exploitation du fonds de commerce et la protection du locataire. Pour le bailleur, il s’agit d’une opportunité de réviser le loyer ou certains termes contractuels. (Exemple concret : une réévaluation du loyer en fonction de l’indice ILC).

Les conditions du renouvellement du bail commercial (L. 145-8 et s. du Code de commerce)

Conditions cumulatives à remplir par le locataire

Pour bénéficier du droit au renouvellement, le locataire doit remplir de façon cumulative :

  • Être propriétaire du fonds de commerce exploité dans les locaux.
  • Être immatriculé au Registre du commerce et des sociétés (RCS) ou, pour les artisans, au Registre national des entreprises (RNE), à la date du congé ou de la demande de renouvellement.
  • Exploiter effectivement le fonds dans les lieux depuis au moins 3 années précédant la demande de renouvellement. (Exemple : une exploitation saisonnière trop récente ou une cessation d’activité quelques mois avant la fin du bail prive le locataire du droit au renouvellement.).

Encadré pédagogique :
Cas pratique : Mme Duval exploite une boulangerie depuis 5 ans. Elle oublie de se réimmatriculer au RCS après un changement d’adresse, avant la demande de renouvellement : elle risque de perdre son droit au renouvellement.

Particularités : Cession, location-gérance et sous-location

  • Cession du fonds ou du droit au bail : Si la cession porte sur le fonds, le cessionnaire peut cumuler la durée d’exploitation du cédant pour justifier des 3 ans d’exploitation. En revanche, pour la cession du seul droit au bail, le nouvel acquéreur doit négocier une promesse de renouvellement.
  • Location-gérance ou sous-location totale : Seul le propriétaire du fonds peut solliciter le renouvellement.

Procédure de renouvellement du bail commercial

Demandes à l’initiative du bailleur ou du locataire

  • Bailleur : Il doit délivrer un congé au moins six mois avant l’échéance, avec offre de renouvellement ou refus motivé, par acte d’huissier (extrajudiciaire). Le congé doit indiquer clairement s’il offre le renouvellement, à quelles conditions, et informer des conséquences.
  • Locataire : À défaut de congé, le locataire peut demander le renouvellement dans les six mois précédant la date d’expiration du bail, ou à tout moment en période de prolongation tacite, par acte extrajudiciaire ou lettre recommandée avec AR.

Exemple de clause type :

« Le locataire pourra demander, par acte recommandé avec AR, le renouvellement du bail dans les six mois précédant l’expiration, conformément à l’article L. 145-10 du Code de commerce. »

Prolongation tacite et ses implications

Si aucune demande ou congé n’est formulé à la fin du bail, celui-ci se prolonge tacitement, selon les clauses précédentes. Attention, cette prolongation n’est pas un renouvellement et n’offre pas la même sécurité juridique.

Encadré pratique :
Le bail de M. Lambert arrive à terme, aucune démarche n’est effectuée : le bail est prolongé tacitement. Si le bailleur souhaite retrouver la libre disposition du local, il doit impérativement délivrer congé selon la procédure précitée.

Clauses et conditions du bail renouvelé : ce que l’on peut négocier

Les clauses reconduites et les nouveautés possibles

Le bail renouvelé se poursuit en principe aux mêmes conditions et clauses sauf réévaluation du loyer. Les parties peuvent négocier de nouvelles stipulations, par avenant — exemple : clause de destination, modalités de sous-location, répartition des charges.

Exemple de clause :

« Le loyer du bail renouvelé s’établira sur la base de l’indice ILC en vigueur au jour du renouvellement. »

Nouvelles conditions : fixation du loyer, répartition des charges, autres modalités

L’article L. 145-33 du Code de commerce encadre la révision du loyer. Le nouveau loyer peut être fixé librement mais doit tenir compte de l’évolution de l’indice des loyers commerciaux (ILC) et du marché.

  • Révision du loyer au renouvellement : Souvent, le bailleur propose une augmentation du loyer conforme à la hausse de l’ILC ou à la valeur locative réelle.
    • Exemple : Le loyer initial était de 2000 € ; l’ILC a évolué de 5 % depuis la conclusion du bail, le loyer renouvelé pourra être indexé à 2100 €.
  • Périmètre des charges et taxes : Possible adaptation dans le bail renouvelé (exclure ou inclure de nouveaux travaux, charges ou taxes).

Tableaux HTML : Évolution du loyer au renouvellement (ILC)

AnnéeIndice ILCLoyer en vigueurLoyer renouvelé
2016112,502000 €
2025118,132101,33 € (indexé)

Le refus de renouvellement et l’indemnité d’éviction

Le bailleur peut-il refuser le renouvellement du bail commercial ?

Oui, mais uniquement dans certains cas prévus par la loi : motif grave et légitime (non-respect des obligations, sous-location non autorisée, cessation d’activité), réalisation d’un projet d’urbanisme, ou encore destruction de l’immeuble.

Conséquences d’un refus injustifié : indemnité d’éviction

Si le refus n’est pas légitime, le bailleur doit verser une indemnité d’éviction équivalente à la valeur du fonds et à la perte subie par le locataire (incluant parfois la perte de clientèle).

Encadré pédagogique :
Exemple : Mme A, propriétaire, souhaite récupérer son local pour le vendre mais sans motif légitime. Le tribunal lui impose le versement d’une indemnité d’éviction au locataire.

Le droit de préemption du locataire commercial

En cas de vente du local, le locataire commercial bénéficie d’un droit de priorité pour acquérir le bien. Ce droit doit être notifié par le propriétaire lors de la mise en vente.

Spécificités du renouvellement pour la location meublée et autres régimes

Les règles du bail commercial s’appliquent, mais le régime des baux meublés possède ses propres spécificités notamment pour l’usage mixte ou les tolérances relatives à la destination des locaux.

Résiliation du bail commercial et indemnité d’éviction

La résiliation anticipée est possible en cas de manquements graves ou à l’initiative du locataire tous les trois ans (bail 3-6-9), avec respect du préavis. L’indemnité d’éviction s’applique si le refus de renouvellement est injustifié.

FAQ : Les principales questions liées au renouvellement du bail commercial

Quelles sont les conditions de renouvellement du bail commercial ?

  • Exploitation effective du fonds pendant 3 ans, immatriculation au RCS/RNE, et propriété du fonds dans les lieux loués.

Quel est l’intérêt majeur du renouvellement du bail commercial ?

  • Sécurisation de votre activité et préservation de la clientèle grâce à la stabilité du local.

Un propriétaire peut-il refuser de renouveler le bail ?

  • Oui, mais pour motifs graves, légitimes ou en cas d’opération de reconstruction, sinon il doit une indemnité d’éviction.

Comment demander le renouvellement pendant la période de tacite reconduction ?

  • Le locataire peut demander le renouvellement par acte extrajudiciaire ou lettre recommandée à tout moment lors de la prolongation tacite.

Quelles sont les modalités de fixation du loyer du bail renouvelé ?

  • Indexation sur l’ILC, prise en compte de la valeur locative réelle et possibilité de négociation entre les parties.

Quelle est la durée du bail renouvelé ?

  • En principe, 9 ans reconductibles, avec résiliation possible tous les trois ans à l’initiative du locataire.

Que se passe-t-il en cas de refus de renouvellement ? Qu’est-ce que l’indemnité d’éviction ?

  • Refus injustifié : le bailleur doit verser une indemnité d’éviction au locataire équivalente à la valeur du fonds et des éventuelles pertes.

Quelles différences avec le renouvellement d’un bail d’habitation meublée ?

  • Le régime des baux très diffère sur la durée, la fixation du loyer et l’existence d’un droit au renouvellement.

Statut du locataire-gérant et du sous-locataire au renouvellement

  • Le propriétaire du fonds seulement peut demander le renouvellement en cas de location-gérance ou sous-location totale.

Points d’attention et conseils pratiques d’avocat

Le renouvellement du bail commercial est un processus technique et réglementé. Une stratégie adaptée permet d’anticiper les négociations, sécuriser la fixation du loyer, et préserver le fonds de commerce. Chaque situation doit être étudiée : n’hésitez pas à solliciter les conseils d’un avocat spécialiste, indispensable pour anticiper les écueils et défendre vos intérêts.

Conclusion

Le renouvellement du bail commercial constitue la clef de voûte de la stabilité et la valorisation du fonds de commerce. Il nécessite d’analyser attentivement les conditions juridiques, négocier les nouvelles clauses et veiller à la bonne exécution des formalités. Une bonne anticipation est indispensable pour un renouvellement réussi.

Article rédigé par Guillaume Leclerc, avocat en contrats commerciaux et contentieux commerciaux à Paris.