Le retard de livraison reste une problématique centrale autant pour le consommateur que pour le professionnel. Découvrez les droits, recours, sanctions, exemples de clauses et stratégies contractuelles pour anticiper, régler et indemniser efficacement un retard de livraison.
Le retard de livraison touche aussi bien les achats en ligne que les contrats entre professionnels. Cette question soulève d'importants enjeux contractuels, économiques, mais aussi de confiance dans la relation commerciale. Maîtriser les droits applicables, anticiper les causes et connaître les solutions permet de mieux sécuriser ses transactions et, le cas échéant, d'obtenir réparation.
Un retard de livraison désigne l’absence de livraison du bien ou de la prestation dans le délai convenu contractuellement ou à défaut, dans un délai raisonnable. La livraison s’entend du moment où le consommateur ou le professionnel prend possession physique du bien ou en acquiert le contrôle effectif.
Le vendeur ou fournisseur est tenu d’une obligation de résultat : la livraison doit intervenir à la date ou dans le délai convenu, ou au plus tard dans les 30 jours si aucun terme n’a été défini.
Clause abusive : « Livraison dans les meilleurs délais selon la disponibilité du fournisseur ». Cette clause serait inopposable au consommateur.
« En cas de retard de livraison, des pénalités seront automatiquement dues à compter du 8e jour suivant la date contractuelle, selon le barème suivant : 10% du montant total entre 8 et 15 jours, 20% entre 16 et 30 jours, puis 50% au-delà. »
La force majeure doit être prouvée par le débiteur pour l’exonérer de sa responsabilité de livraison.
Le créancier doit exiger l’exécution dans un nouveau délai raisonnable. Cette mise en demeure peut être adressée par lettre recommandée ou tout moyen permettant de prouver sa réception.
Si la livraison n’est toujours pas exécutée dans le nouveau délai, le créancier peut résoudre le contrat par notification écrite et obtenir le remboursement intégral sous 14 jours.
Dans ces hypothèses, pas d’obligation de relancer avant résolution du contrat.
Cour d’appel d’Orléans, 17 juin 2019, n° 17/02476 : la preuve que le délai était essentiel doit être rapportée par écrit, sinon la résolution immédiate du contrat est impossible.
Objet : Mise en demeure de livraison – commande n° [XXXXX]
Madame, Monsieur,
Sauf erreur ou omission, la livraison de [désignation] était prévue le [date].
Or, à ce jour, le bien ne m’a pas été remis. Je vous mets donc en demeure de procéder à la livraison sous un délai de xx jours, à défaut de quoi je me verrai contraint(e) de solliciter la résolution du contrat et le remboursement des sommes versées.
Veuillez agréer…
Vous pouvez réclamer la livraison dans un nouveau délai raisonnable, puis demander la résolution du contrat et le remboursement si le professionnel ne s’exécute pas. Si la date était essentielle, vous pouvez réclamer immédiatement le remboursement. L’indemnisation dépend du préjudice prouvé.
Mise en demeure, puis résolution du contrat et remboursement sous 14 jours ; pénalités légales en cas de remboursement tardif et dommages-intérêts éventuels sur justification du préjudice.
Trente jours à compter de la commande, sauf accord contraire. Toute clause contractuelle prévoyant un délai déraisonnable ou insincère est présumée abusive et inopposable au consommateur.
Il est recommandé d’informer rapidement le créancier, d’indiquer la cause du retard, la nouvelle date estimée, et de rappeler les recours possibles du destinataire. L’honnêteté et la proactivité contribuent à limiter le risque contentieux.
Défaillance du fournisseur, transport, rupture de stocks, événements de force majeure, blocages logistiques, erreurs administratives…
Anticiper contractuellement, prévoir des pénalités réalistes, bien documenter le suivi, privilégier la négociation amiable avant recours judiciaire.
Modèle de clause :
« En cas de retard de livraison, une pénalité calculée à raison de 2% du montant de la commande par semaine de retard, sera automatiquement due par le fournisseur à compter du premier jour de retard, sauf cas de force majeure. La pénalité ne saurait excéder 20% du montant total. »
Les retards dans les ventes en l’état futur d’achèvement ou les contrats de construction sont courants, souvent en lien avec des éléments tiers (raccordements, intempéries). La jurisprudence exige la démonstration de la cause légitime pour exonérer totalement le constructeur ; à défaut, des pénalités importantes peuvent être prononcées.
"Delivery deadline" or "delivery lead time".
Le retard de livraison reste une problématique centrale, à la croisée du droit des obligations, du droit de la consommation et de la pratique commerciale. Anticiper dans les clauses, documenter les échanges et agir méthodiquement en cas de retard sont les clefs d’un règlement efficace, en amont de tout contentieux.
Article rédigé par Guillaume Leclerc, avocat en contrats commerciaux et contentieux commerciaux à Paris, septembre 2025.