Tout savoir sur l’augmentation du loyer dans un bail commercial en 2025 : modalités d’indexation, limites légales, rôle de l’Indice des Loyers Commerciaux (ILC 2025), stratégies de négociation et recours possibles. Un guide complet rédigé par un avocat pour aider les dirigeants de PME à anticiper et sécuriser la révision de leur loyer commercial.

L’augmentation du loyer en bail commercial est un sujet stratégique pour les dirigeants de PME. Elle résulte d’un équilibre entre les droits du bailleur, les protections du locataire commerçant et les indices économiques publiés par l’INSEE. En 2025, ce mécanisme reste très encadré, que la hausse soit liée à une indexation automatique (clause d’échelle mobile) ou à une révision triennale légale.
Ce guide vous permettra de comprendre les règles en vigueur, les méthodes de calcul, les recours possibles, et les dernières évolutions de l’Indice des Loyers Commerciaux (ILC).
Il existe deux mécanismes distincts :
En pratique, la plupart des baux commerciaux 3-6-9 combinent les deux : une clause d’indexation annuelle et la possibilité d’une révision triennale.
« Le loyer sera automatiquement révisé chaque année à la date anniversaire du bail, proportionnellement à la variation de l’Indice des Loyers Commerciaux (ILC) publié par l’INSEE. Le nouveau loyer sera obtenu en appliquant la formule suivante : (Loyer de référence × Nouvel indice) / Indice de référence. »
Une telle clause permet au bailleur d’ajuster le loyer à l’évolution économique sans avoir à renégocier.
En 2025, l’ILC a connu une quasi-stagnation :
Cette faible augmentation illustre un ralentissement par rapport aux hausses de 2023 et 2024, où l’évolution annuelle dépassait les 4 %.
L’ILC, indexé sur 75 % de l’indice des prix à la consommation et 25 % du coût de la construction, vise à mieux refléter la conjoncture économique réelle que l’ancien indice du coût de la construction (ICC), réputé trop volatil.
L’ILAT est utilisé pour les baux d’activités tertiaires (bureaux, entrepôts, professions libérales). Comme l’ILC, il est publié chaque trimestre par l’INSEE. En 2025, il suit une évolution proche de celle de l’ILC, avec une légère hausse inférieure à 1 %.
Avant la loi de modernisation de l’économie du 4 août 2008, c’était l’indice de référence historique pour les révisions de loyers commerciaux. Son usage est désormais limité, car il entraînait parfois des augmentations brutales. Il reste cependant applicable si le bail le prévoit expressément.
Le calcul dépend directement de l’indice choisi contractuellement.
Exemple concret :
Votre bail fixe un loyer annuel de 30 000 € basé sur l’ILC du 1er trimestre 2022 (120,61). En 2025, l’indice est de 135,87.
30 000×(135,87/120,61)=33 825 €30 000×(135,87/120,61)=33 825 €.
Le nouveau loyer s’élève donc à 33 825 €.
La loi de finances 2022 a instauré un plafonnement temporaire à 3,5 % de la variation annuelle de l’ILC pour les PME jusqu’au 1er trimestre 2024 inclus. Ce plafond n’est plus applicable en 2025, mais il illustre la volonté du législateur de freiner la hausse des loyers en période d’inflation.
L’augmentation peut intervenir chaque année si une clause d’échelle mobile le prévoit. Elle est automatique et ne nécessite pas de notification particulière, sauf si le bail impose une demande écrite.
Tous les trois ans, le bailleur peut solliciter une révision du loyer à la valeur locative, à condition d’en faire la demande par acte extrajudiciaire ou par lettre recommandée avec avis de réception. Cette révision ne peut pas faire dépasser le plafond défini par la variation de l’indice.
Lors du renouvellement du bail commercial, le bailleur peut proposer un loyer réévalué, à condition qu’il ne dépasse pas la valeur locative (article L.145-33 du Code de commerce). En l’absence d’accord, la fixation du loyer relève du juge des loyers commerciaux.
Le locataire peut contester une hausse jugée abusive ou non conforme au contrat.
Certaines clauses d’indexation peuvent être annulées si elles violent le principe de réciprocité ou si elles ne prévoient qu’une variation à la hausse. La jurisprudence de la Cour de cassation (3e civ., 14 janv. 2016, n° 14-23.214) sanctionne les clauses pure one way, c’est-à-dire ne permettant qu’une augmentation.
En cas de désaccord sur la variation ou le calcul, les parties peuvent saisir le tribunal judiciaire, qui dispose d’un pouvoir de fixation du loyer révisé. L’expertise judiciaire est souvent nécessaire pour déterminer la valeur locative objective.
Un restaurateur à Lyon a vu son loyer passer de 2 000 € à 2 130 € entre 2024 et 2025 en raison de l’indexation sur l’ILC. Il a pu solliciter une négociation amiable en invoquant la baisse d’activité post-inflation.
Lorsque le contrat n’en prévoit pas, le bailleur ne peut pas augmenter unilatéralement le loyer. Il devra attendre la révision triennale légale, sauf renouvellement du bail.
Une clause prévoyant une indexation uniquement à la hausse a été déclarée nulle par le juge, le bailleur devant restituer les loyers perçus en excès. D’où l’importance d’une rédaction équilibrée.
Le loyer peut augmenter chaque année (si le bail contient une clause d’indexation) ou tous les trois ans (révision triennale). En cas de renouvellement du bail, le nouveau loyer peut être réévalué selon la valeur locative.
Selon l’INSEE, la hausse de l’ILC au 2e trimestre 2025 est de +0,07 % sur un an, soit une quasi-stabilité par rapport à 2024.
Appliquez la formule : Loyer reˊviseˊ = Loyer initial × (Indice nouveau / Indice reˊfeˊrence)Loyer reˊviseˊ = Loyer initial × (Indice nouveau / Indice reˊfeˊrence). Pensez à utiliser l’indice correspondant au trimestre mentionné dans votre bail.
Oui, notamment si la clause d’indexation est illégale ou si la hausse dépasse le plafond légal. Dans ce cas, une contestation judiciaire est possible.
L’ILC s’applique aux commerces et artisans, tandis que l’ILAT concerne les bureaux et activités tertiaires.
Le bailleur peut réviser le loyer au renouvellement, mais uniquement à hauteur de la valeur locative. En cas de désaccord, le montant est fixé par le juge.
Lorsqu’une révision ou une indexation n’a pas été appliquée à temps, le bailleur peut réclamer un rattrapage rétroactif, limité à 5 ans au maximum (prescription quinquennale).
La révision du loyer d’un bail commercial est une matière réglementée et technique. L’assistance d’un avocat permet d’anticiper les impacts financiers, de sécuriser les clauses d’indexation et de préserver la relation contractuelle avec votre bailleur.
Faire appel à un avocat, c’est garantir une révision maîtrisée, juridiquement fondée et économiquement soutenable.
Article rédigé par Guillaume Leclerc, avocat en contrats commerciaux et contentieux commerciaux à Paris.