Maîtrisez les délais de paiement en droit commercial français : règles légales, rédaction de clauses, sanctions, gestion du recouvrement, statistiques récentes, conseils d’expert et FAQ. Un article exhaustif pour optimiser vos contrats et prévenir les impayés, rédigé par un avocat à Paris.
La question des délais de paiement revêt une importance cruciale dans la vie des entreprises et la gestion de leur trésorerie. Que ce soit pour la vente de biens ou la prestation de services, connaître les règles, comprendre les marges de négociation et anticiper les conséquences d’un retard de paiement sont essentiels pour tout dirigeant, directeur administratif et financier ou responsable commercial.
Un pilotage avisé des délais de paiement améliore non seulement la relation commerciale mais sécurise aussi la pérennité de l’entreprise face au risque de défaillance de ses partenaires.
Le délai de paiement correspond à la période contractualisée (ou, à défaut de convention, imposée par la loi) dont bénéficie un acheteur pour régler le prix à son fournisseur. Cette notion recouvre plusieurs réalités pratiques :
• Paiement comptant : règlement immédiat à la livraison ou à l’exécution de la prestation.
• Paiement à réception : règlement exigé dès la réception de la facture.
• Crédit fournisseur ou délai contractuel : délai de paiement accordé au client, négocié entre les parties.
Exemple : La facture d’une prestation de services mentionne “Paiement à 30 jours date de facture”, le client doit régler la facture dans les 30 jours suivant la date portée sur la facture.
L’article L441-10 du Code de commerce impose des plafonds stricts pour sécuriser les transactions en B2B :
• Par défaut : délai maximal de 30 jours à partir de la réception des marchandises ou de l’exécution de la prestation.
• Sur accord exprès des parties : délai maximal porté à 60 jours à compter de la date d’émission de la facture.
• Option « 45 jours fin de mois » : sous réserve d’une clause spécifique, permet un paiement le 45ᵉ jour après la fin du mois d’émission de la facture.
Il est impératif que le délai soit mentionné par écrit dans les conditions générales de vente (CGV) ou le contrat pour être opposable.
À retenir : dépasser ces plafonds expose à des pénalités, voire des amendes lourdes lors d’un contrôle administratif.
Explications complémentaires :
• Dans tous les cas, la date de départ est ici le 03 avril 2025 pour illustrer simplement le calcul.
• 30 jours date de facture : le paiement doit intervenir au plus tard le 3 mai 2025.
• 60 jours date de facture : le règlement doit être effectué avant le 2 juin 2025.
• 45 jours fin de mois : il faudra compter jusqu’au 30 avril, puis ajouter 45 jours, soit une échéance fixée au 15 juin 2025.
« Le paiement des factures interviendra dans un délai maximum de 60 jours à compter de leur date d’émission, conformément à l’article L441-10 du Code de commerce. Tout retard donnera lieu à l’application de pénalités de retard de trois fois le taux d’intérêt légal et à une indemnité forfaitaire de 40 euros pour frais de recouvrement. »
Une convention de délai de paiement est un accord, le plus souvent écrit, par lequel le fournisseur accorde au client un certain délai pour s’acquitter de la créance. Cette souplesse contractuelle permet aux parties d’adapter le délai au contexte de leur relation commerciale, sous réserve de ne pas dépasser le plafond légal.
Exemple : Une société de distribution négocie avec son fournisseur un délai de paiement de 45 jours fin de mois, grâce à une clause expresse figurant dans le contrat cadre.
Le délai de paiement accordé s’appelle couramment crédit fournisseur, délai de règlement, ou encore délai de paiement contractuel.
Il faut distinguer :
• Délai de livraison : intervalle entre la commande et l’arrivée du bien ou de la fin de la prestation.
• Délai de paiement : délai à partir de la livraison ou de la facturation pour effectuer le paiement.
Le mode “45 jours fin de mois” doit être clairement stipulé dans le contrat. Deux méthodes existent :
• Prendre la fin du mois d’émission de la facture, puis ajouter 45 jours (exemple : facture émise le 8 janvier, paiement au plus tard le 15 mars).
• Ajouter 45 jours à la date d’émission puis arrondir à la fin du même mois (moins courant, source possible de contentieux).
Mentionnez toujours la méthode retenue pour éviter toute ambiguïté lors d’un contrôle ou d’un litige.
Certains secteurs bénéficient de délais spécifiques :
• Produits alimentaires périssables : paiement sous 30 jours après livraison.
• Boissons alcoolisées, transport, agriculture : délais adaptés à chaque filière.
• Exportations hors UE : la loi permet exceptionnellement des délais supérieurs (jusqu’à 90 jours), à condition de respecter les exigences légales et de ne pas générer de déséquilibres contractuels.
À noter : l’article L441-11 du Code de commerce détaille ces exceptions.
Tout professionnel payant au-delà du délai contractuel ou légal encourt :
• Des pénalités de retard d’intérêt : taux minimal de trois fois le taux d’intérêt légal, ou taux BCE majoré de 10 points à défaut de clause spécifique.
• Indemnité forfaitaire pour frais de recouvrement : 40 € par facture impayée.
Exemple : Pour une facture impayée de 8 000 €, avec 20 jours de retard, le fournisseur applique les intérêts légaux plus 40 € d’indemnité.
Certaines pratiques (plafonds dépassés, clauses abusives, retards récurrents) exposent à :
• Amende administrative jusqu’à 2 millions d’euros pour une entreprise (4 millions en cas de récidive).
• Mention publique des sanctions par l’administration après contrôle.
La mise en demeure formalise la demande de paiement. Elle doit respecter certaines formes pour déclencher intérêts de retard et ouvrir la voie à une procédure judiciaire.
Exemple de rédaction :
« En cas de retard de paiement, une mise en demeure sera adressée par lettre recommandée, le débiteur disposera alors d’un délai de 15 jours pour régulariser sa situation, faute de quoi une procédure d’injonction de payer sera engagée. »
La procédure d’injonction de payer est une voie de recouvrement rapide : le créancier peut, sans comparution devant le tribunal, obtenir un titre exécutoire à l’encontre du débiteur, sauf contestation.
Délai constaté : une à deux semaines en l’absence d’opposition.
• Retard moyen de paiement en 2024 : 13,6 jours pour les fournisseurs, selon la Banque de France. Après plusieurs années d’amélioration, le rythme de diminution des retards a marqué le pas.
• Secteur public : délais en nette amélioration, autour de 14 jours en moyenne.
• Défis persistants : les petites entreprises restent les plus exposées aux délais « hors la loi ».
Il est de 30 jours après réception (ou exécution), porté à 60 jours ou 45 jours fin de mois en cas de convention. Attention au respect strict de l’article L441-10 du Code de commerce.
C’est un accord écrit stipulant un délai plus long (dans la limite de 60 jours, ou 45 jours fin de mois), généralement pour répondre aux usages d’un secteur ou renforcer la fidélisation du client.
On parle indifféremment de « crédit fournisseur », « délai de règlement », ou « délai de paiement contractuel ».
Envoyez une lettre recommandée détaillant le montant dû et accordant un délai de régularisation (15 à 30 jours type). Sans paiement, lancez une injonction de payer, procédure simple et rapide.
Deux méthodes courantes : ajouter 45 jours à la fin du mois d’émission ou à la date d’émission puis arrondir au dernier jour du mois courant. Précisez le mode choisi dans le contrat !
• Pénalités de retard (intérêt légal triplé ou taux BCE + 10 points)
• Indemnité de 40 €
• Amendes administratives jusqu’à 2 à 4 millions d’euros
• Risque de publication de la sanction administrative
Il pose les règles fondamentales, interdit les clauses abusives qui allongent les délais, et institue des amendes dissuasives. Il oblige à la transparence contractuelle (CGV claires, facturation nette et précise).
Les principales règles sur les délais ont été transférées à L441-10. L’article L441-6 continue à s'appliquer pour d’autres sujets (conditions générales, transparence, etc.).
Certains secteurs (agroalimentaire, agriculture, transports, etc.) disposent de délais spécifiques souvent < 30 jours. Renseignez-vous sur les usages sectoriels.
Checklist à suivre pour sécuriser vos contrats :
• Précisez, dans chaque contrat, le délai exact, ses modalités et son point de départ.
• Choisissez une clause pénale ou des pénalités de retard claires et accessibles.
• Mettez en place des relances automatiques et tenez un suivi rigoureux des factures.
• Veillez au respect strict des plafonds légaux pour éviter des contentieux et des sanctions.
Erreurs à éviter :
• Omissions ou clauses floues sur la date de départ du délai de paiement.
• Délai supérieur au plafond légal sans justification.
• Absence d’indication de pénalités.
• Oubli de l’indemnité forfaitaire de 40 € dans vos CGV.
La maîtrise des délais de paiement est indispensable pour toute entreprise : elle protège la trésorerie, sécurise la relation commerciale et permet d’éviter des sanctions lourdes. Rédigez systématiquement vos clauses avec clarté, en respectant les plafonds légaux et les exigences de transparence. En cas de doute, l’accompagnement par un avocat vous garantit une conformité totale et optimise la solidité de vos contrats commerciaux.