Marques et propriété intellectuelle
12/11/25

Droit et licence d'exploitation : tout comprendre pour valoriser vos actifs et sécuriser vos contrats

Le recours à une licence d'exploitation est fondamental pour de nombreuses PME désirant valoriser leurs innovations, marques ou créations. Comprendre son cadre juridique, ses spécificités contractuelles et ses enjeux pratiques s'avère indispensable pour mener à bien tout projet de développement ou de partenariat, notamment face à la diversité des situations rencontrées sur le terrain.

Qu'est-ce qu'une licence d'exploitation ?

Définition générale

Une licence d'exploitation est un contrat par lequel le titulaire d’un droit de propriété intellectuelle (PI) — brevet, marque, droit d’auteur, design, logiciel — accorde à un tiers (le licencié) le droit d’exploiter tout ou partie de ce droit, selon des conditions fixées par le contrat.

Exemple concret : Une PME détentrice d’un brevet sur une innovation accorde à un industriel européen une licence d’exploitation, lui permettant d’usiner et de commercialiser le produit breveté sur tout le marché de l’UE.

Points-clés de la licence d'exploitation :

  • Nature des droits concédés : Le licencié peut, selon le contrat, fabriquer, vendre, distribuer, promouvoir ou modifier l’objet de la licence.
  • Durée et territoire : Précision sur la période de validité et la zone géographique d'exploitation.
  • Rémunération : Le licencié verse le plus souvent une redevance au concédant (montant fixe, pourcentage du chiffre d'affaires, etc.).
  • Obligations et restrictions : Respect de normes (qualité, traçabilité), obligations d'information, clauses de non-concurrence, clauses de confidentialité, etc.
Encadré pédagogique — Pourquoi une licence ?
> La licence d’exploitation permet de rentabiliser un actif immatériel (brevet, marque, logiciel) sans le céder définitivement. Elle offre aussi une solution pour accélérer la diffusion d’une innovation tout en conservant le contrôle sur son utilisation par autr

Les principaux types de licences d'exploitation

Licence d'exploitation de brevet

La licence de brevet permet à un tiers de fabriquer, utiliser ou commercialiser une invention. Elle peut être exclusive ou non exclusive.

  • Exemple : Une société détentrice d’un brevet sur une technique d’usinage accorde à un sous-traitant la licence exclusive de fabrication pour la France. Tous les autres industriels sont alors exclus de ce marché.
  • Clause-type :
  • La société X concède à la société Y, qui accepte, une licence d’exploitation exclusive du brevet n°... sur l’ensemble du territoire français et pour toute la durée de validité du brevet. En vertu de la licence, le licencié pourra fabriquer, vendre et importer les produits couverts par le brevet.

Licence d'exploitation de marque

Le titulaire d'une marque peut autoriser un tiers à l'utiliser, par exemple dans le cadre d’un contrat de franchise ou de partenariat.

  • Exemple : Une PME exploitant une marque de vêtements éco-responsables accorde une licence d'exploitation à un distributeur régional pour commercialiser ses produits sous la marque.

Licence d'exploitation de logiciel

Le contrat de licence de logiciel permet l’utilisation, la reproduction ou la modification d’un logiciel, protégé par le droit d’auteur.

  • Exemple : Une start-up développe une application SaaS (software as a service) et concède une licence annuelle d’utilisation à plusieurs PME, avec restriction à un nombre défini d’utilisateurs.

Licence d'exploitation de dessins et modèles

Un design ou un modèle protégé peut faire l’objet d’une licence d’exploitation.

  • Exemple : Une PME de mobilier concède une licence d'exploitation sur un design de chaise à un fabricant étranger pour le marché asiatique.

Licence d'exploitation d'œuvres soumises au droit d’auteur

Le contrat autorise la reproduction, la représentation ou l’adaptation d’une œuvre (littéraire, musicale, photographique...).

Droit d'exploitation et permis d'exploitation : quelles différences ?

Il ne faut pas confondre :

  • Licence d'exploitation : concerne des droits de propriété intellectuelle.
  • Permis d'exploitation : concerne une autorisation administrative pour exercer certaines activités (ex. : débit de boissons, exploitation commerciale d’une grande surface, restaurant de nuit).
Exemple : Un restaurateur en France doit détenir un permis d’exploitation pour ouvrir son établissement (question relevant du droit public), alors qu’il devra négocier une licence s’il souhaite utiliser une marque reconnue pour son enseigne.

Les conditions de validité et rédaction d’une licence d’exploitation

Clauses essentielles du contrat

Pour sécuriser la relation, votre contrat de licence d'exploitation doit impérativement prévoir :

  • L’objet précis de la licence (brevet, marque, logiciel, design, etc.).
  • Le périmètre des droits concédés : fabrication, vente, distribution, durée, territoire.
  • Le caractère exclusif ou non exclusif.
  • Les conditions financières : redevance forfaitaire, royalties sur chiffre d’affaires…
  • Les garanties (originalité, titularité, validité).
  • La répartition des responsabilités (ex. : contrefaçon, vices cachés).
  • Les conditions de contrôle du licencié (audits, traçabilité des ventes).
  • Les modalités de résiliation anticipée et renouvellement.

Exemple de clause — Rémunération

Le licencié versera au concédant une redevance annuelle de 10 000 € HT, majorée d’une redevance variable égale à 3 % du chiffre d’affaires réalisé grâce à l’exploitation du brevet.

Bonnes pratiques rédactionnelles

  • Anticiper les évolutions techniques
  • Préciser les modalités de transmission des savoir-faire (formation, documentation technique)
  • Définir les méthodes de calcul et d’audit des redevances
  • Prévoir des mécanismes en cas de litiges (arbitrage, juridiction compétente)
Astuce de l’avocat : Adaptez chaque licence d’exploitation à la réalité de votre projet et à la stratégie de valorisation de vos actifs.

Licences d’exploitation exclusives et non exclusives : enjeux pour les PME

  • Licence exclusive : Un seul licencié dispose du droit d’exploiter l’objet de la licence sur un périmètre défini. Ni le concédant, ni d’autres licenciés, ne peuvent l’exploiter sur ce même périmètre.
  • Licence non exclusive : Le droit est octroyé à plusieurs licenciés, le concédant conservant le droit d’exploiter en parallèle.

Comparatif

Type de licence Nombre de licenciés Exploitation par le concédant Intérêt PME
Exclusive Un seul Interdite Sécurise le licencié contre la concurrence, valorise le brevet pour le concédant
Non exclusive Plusieurs Possible Favorise la diffusion rapide, revenus multipliés pour le concédant

Différence licence d’exploitation et licence d’utilisation

La licence d’exploitation confère le droit d’exploiter un actif intellectuel de manière commerciale (fabrication, commercialisation, sous-licence...), alors que la licence d’utilisation se limite à l’utilisation personnelle ou interne d’une invention ou d’un logiciel, sans droit d’exploitation commerciale directe.

  • Exemple concret :
    • Licence d'exploitation : un distributeur peut revendre le logiciel sous sa propre marque.
    • Licence d'utilisation : une entreprise utilise le logiciel pour ses besoins internes, sans revente.
Important : De nombreux litiges entre partenaires commerciaux naissent de la mauvaise définition du périmètre des droits concédés par la licence.

Procédure et conditions d'obtention d'une licence d'exploitation commerciale

Pour obtenir une licence d’exploitation sur un brevet ou un autre droit de PI :

  1. Négociation : Accord sur l’objet, la durée, le territoire, la rémunération et les obligations du licencié.
  2. Rédaction du contrat sur-mesure, idéalement par un avocat spécialisé.
  3. Formalités d’inscription (pour brevets, dessins, modèles, marques), requises auprès de l’INPI (Institut National de la Propriété Industrielle).
  4. Publicité ou dépôt du contrat, dans certains cas, pour opposabilité à l’égard des tiers.
  5. Paiement des redevances et autres obligations.

En matière de licence d’exploitation commerciale (ex. : grande distribution, création de magasin, drive…), le dirigeant doit solliciter une autorisation administrative au titre du Code de commerce pour la création/extension d’un commerce de détail de plus de 1 000 m² (procédure spécifique distincte du droit de la license de PI).

Prix d’une licence d’exploitation de brevet et coûts associés

Frais principaux pour le concédant :

  • Dépôt de brevet (INPI) :
    • Dépôt de demande : 26 €
    • Rapport de recherche : 520 €
    • Délivrance : 90 €
    • Total 1ère année : 674 €
  • Taxes annuelles : Montant progressif chaque année (de 38 € la 1ère année à 800 € la 20ème pour le maintien du brevet).
Année Taxe annuelle (€)
138
238
338
... jusqu'à la 20e année800

Rémunération du licencié :

  • Forfait fixe (par an ou par mois) OU
  • Royalties (pourcentage du chiffre d'affaires résultant de l'exploitation)
  • Possibilité de cumuler les deux

Coûts additionnels :

  • Formation et transfert de savoir-faire
  • Frais juridiques (rédaction du contrat, conseils juridiques)
  • Coûts de dépôt et de renouvellement des titres
Astuces PME : Évaluez précisément le rendement attendu, négociez un modèle adapté à votre structure, prévoyez les modalités de contrôle du calcul des royalties.

Encadré pédagogique : Comment bien négocier sa licence d’exploitation ?

  • Faites réaliser un audit de vos actifs immatériels (brevets, marques, logiciels, design…)
  • Adaptez le contrat à votre stratégie (marché, exclusivité, territoires, réseaux, etc.)
  • Anticipez les litiges potentiels (clause de médiation, juridiction compétente)
  • Intégrez des obligations de reporting et d’audit pour suivre l’exploitation et le calcul des redevances
  • Prévoyez des formations et transferts de savoir-faire pour maximiser la valorisation
  • Sollicitez systématiquement l’aide d’un avocat pour sécuriser la rédaction

Modèle de contrat de licence d'exploitation (extrait)

Cet extrait est donné à titre d'illustration. Il conviendra de l'adapter au contexte propre de chaque PME et de consulter un avocat.

"Le Concédant concède au Licencié, qui accepte, une licence d'exploitation [exclusive/non-exclusive] portant sur le brevet n° [...], valable sur le territoire de [...], pour la durée du brevet. Le Licencié aura le droit de fabriquer, faire fabriquer, vendre, faire vendre et importer les produits objet du brevet. En contrepartie, le Licencié versera au Concédant une redevance annuelle de [montant] ainsi qu'une redevance proportionnelle de [pourcentage] sur le chiffre d'affaires réalisé grâce à l'exploitation."

Foire aux questions (FAQ) sur la licence d'exploitation

Qu'est-ce qu'une licence d'exploitation ?

Une licence d’exploitation est un contrat par lequel le titulaire d’un droit de propriété intellectuelle autorise une autre personne à utiliser ce droit selon des modalités librement fixées (objet, durée, territoire, contrepartie financière).

Qu'est-ce qu'un permis d'exploitation ?

Il s’agit d’une autorisation administrative nécessaire à l’exercice de certaines activités réglementées (buvette, débit de boisson, exploitation commerciale supérieure à 1 000 m², restaurant de nuit, etc.) Il relève du droit public.

Qu'est-ce qu'une licence de système d'exploitation ?

Il s’agit d’une licence informatique autorisant l’utilisation d’un système d’exploitation (Windows, MacOS, Linux…) sur un ordinateur ou serveur. Cette licence en encadre l’installation, la reproduction, les mises à jour et la revente éventuelle.

Qu'est-ce qu'une licence d'exploitation d'un produit ?

C’est l’autorisation par le titulaire d’un droit d’auteur, d’un brevet ou d’une marque, d’exploiter ce produit : fabrication, commercialisation, adaptation, distribution selon les termes du contrat de licence.

Formulaire de licence d'exploitation : comment procéder ?

Il n’existe pas de « formulaire type universel ». Selon la nature de l’actif (brevet, marque…), le contrat sera rédigé sur-mesure. Certains organismes (INPI, sociétés de gestion collective, associations professionnelles) proposent des modèles adaptables à votre activité.

Exemple concret de licence d'exploitation

Une entreprise ayant breveté un procédé industriel concède à une autre société (non concurrente) le droit d’exploiter ce procédé sur le marché étranger, contre le paiement de royalties proportionnelles au chiffre d’affaires généré.

Qu'est-ce qu'une licence d'exploitation commerciale ?

C’est l’autorisation de valoriser une innovation ou création protégée sur une base purement commerciale (fabrication, vente, sous-licence...), selon les modalités négociées dans le contrat.

Qu'est-ce qu'un contrat d'exploitation ?

Il s’agit du contrat actant la concession de droits d’exploitation (brevet, marque, logiciel…), précisant tous les éléments nécessaires à une exploitation sécurisée et efficace du droit.

Différence entre licence d'utilisation et licence d'exploitation ?

La licence d’exploitation ouvre la possibilité à une exploitation commerciale, là où la licence d’utilisation se limite à l’utilisation interne. Il s’agit d’un point central à négocier et formaliser dans le contrat.

Qu'est-ce que le contrat d'exploitation commerciale ?

C’est un contrat permettant à un tiers d’exploiter commercialement un actif (modèle, marque, brevet) au profit de son propre développement économique, à la différence de la simple licence d’utilisation.

Quelles sont les conditions d'exploitation ?

Elles sont fixées contractuellement : respect des normes (techniques, qualité), secret industriel, modes de calcul des redevances, obligations de reporting, exclusivité éventuelle, etc.

Quel est le prix d’une licence d’exploitation de brevet ?

Le coût comprend : les frais de dépôt et de maintien du brevet, la rémunération versée au concédant (fixe, variable), les frais de formation et transfert de savoir-faire, et les frais juridiques.

Les risques et sécurisation de la licence d’exploitation – Pourquoi être accompagné par un avocat ?

La rédaction et la négociation d’une licence d’exploitation impliquent de multiples enjeux techniques, financiers et juridiques. Nombreux sont les contentieux nés d’erreurs de périmètre, de rémunération ou encore de violation des droits de PI.

Cette matière reste hautement réglementée : il est dès lors indispensable de consulter un avocat spécialisé en propriété intellectuelle et contrats commerciaux pour :

  • Adapter le contrat à la réalité de votre entreprise et sécuriser ses intérêts,
  • Anticiper les risques de nullité ou de contestation,
  • Maîtriser la fiscalité et la valorisation des flux liés à la licence,
  • Optimiser l’opposabilité vis-à-vis des tiers et l’efficacité en cas de litige.
À retenir : Toute concession de licence doit être encadrée contractuellement pour anticiper chaque situation et maximiser la valorisation de vos actifs.

Conclusion : la licence d'exploitation, levier stratégique pour les PME

La licence d’exploitation se révèle être un outil juridique et stratégique de premier ordre pour toutes les PME innovantes. Elle permet de valoriser les actifs immatériels, d’accélérer la croissance, de sécuriser le développement à l’international et d’encadrer des partenariats sereins.

Accompagner chaque étape par un professionnel dédié reste essentiel pour anticiper au mieux toutes les spécificités que soulève une telle opération.

Article rédigé par Guillaume Leclerc, avocat en contrats commerciaux et contentieux commerciaux à Paris.