Découvrez tout sur la clause d'exclusivité en contrat commercial ou de travail : définitions, validité, conditions, modèles, exemples, jurisprudence et pièges à éviter, analysés par un avocat à Paris.
La clause d’exclusivité désigne une stipulation contractuelle interdisant à une partie de traiter avec d’autres partenaires ou d’exercer une activité concurrente dans un domaine ou sur un territoire déterminé pendant une durée précise. Ce mécanisme vise à protéger les intérêts économiques d’un contractant – distributeur, salarié, prestataire ou partenaire commercial – et à organiser la loyauté au sein de la relation contractuelle.
Exemple pratique :
Un fabricant accorde l’exclusivité de distribution de ses produits à un distributeur en France, à la condition qu’il ne distribue pas de produits concurrents sur ce marché pendant 5 ans.
Encadré pédagogique
La clause d’exclusivité se distingue de la clause de non-concurrence, cette dernière opérant postérieurement à la rupture du contrat, quand la clause d’exclusivité s’applique durant l’exécution du contrat.
La clause d’exclusivité commerciale s’intègre très souvent dans les contrats de distribution, d’agence, de franchise, ou de fourniture. Elle peut revêtir deux configurations :
Exemple d’exclusivité commerciale :
« Le Distributeur s’engage à acheter et à commercialiser exclusivement les produits X dans la région Île-de-France pour une durée de 3 ans. Il s’interdit toute commercialisation de produits concurrents sur ce territoire. ».
Jurisprudence illustrant la validité territoriale
La chambre commerciale de la Cour de cassation exige que la clause soit précisément définie dans l’espace et dans le temps, sous peine de nullité
Dans les contrats de travail, la clause d’exclusivité interdit au salarié d’exercer toute autre activité professionnelle, rémunérée ou non, durant la relation d’emploi.
Exemple concret
Une clause insérée au contrat d’un responsable commercial interdisant l’exercice d’une activité annexe auprès d’un concurrent durant son temps de travail.
Attention aux temps partiels :
La clause d’exclusivité insérée dans un contrat à temps partiel est par principe abusive et n’est valable qu’à de strictes conditions, notamment la nécessité absolue pour protéger l’intérêt de l’entreprise (Cass. soc., 12 mars 2008, n° 06-45.464).
Cette clause figure aussi dans les contrats de prestation de services ou de partenariats commerciaux, protégeant l’innovation ou l’expertise partagée entre entreprises ; elle impose qu’aucun service similaire ne soit presté pour des tiers en concurrence directe pendant la durée du contrat.
La clause d’exclusivité ne sera valable qu’à la condition d’être:
Attention : La nullité de la clause est encourue si elle prive la partie obligée de sa liberté fondamentale (travailler ou entreprendre), sans justification.
« Au titre de la présente convention, le Distributeur s’engage pendant une durée de x années à promouvoir et vendre exclusivement les Produits du Fournisseur sur le territoire de …… . En contrepartie, le Fournisseur garantit au Distributeur une exclusivité territoriale sur ce même territoire et lui accorde un avantage commercial particulier (préciser : remises, assistance, etc.). ».
« Pendant toute la durée du présent contrat, le Salarié s’engage à consacrer l’exclusivité de son activité professionnelle à l’Employeur et s’interdit, sauf accord préalable écrit, d’exercer toute activité concurrente, salariée ou indépendante. Cette disposition vise à protéger les intérêts économiques et la confidentialité des informations relatives à l’Entreprise. ».
Exemple d’abus sanctionné
Dans l’affaire Cass. soc., 29 mai 2024, une clause interdisant toute activité parallèle, même non concurrentielle, a été annulée en raison de l’absence de lien avec la nature des fonctions exercées.
Box jurisprudentiel :
La clause doit impérativement respecter les règles du droit de la concurrence. Une clause d’exclusivité qui a pour effet de verrouiller un marché peut être frappée de nullité, voire entraîner des sanctions de l’Autorité de la concurrence ou de la Commission européenne. Le règlement UE n°330/2010 prévoit une tolérance sous la barre des 30% de parts de marché pour ce type d’accords.
Exemple :
Un franchiseur impose à un franchisé l’achat exclusif de marchandises, mais cette clause ne saurait empêcher toute concurrence sur un marché entier, sous peine de nullité.
Il s’agit d’une stipulation interdisant de traiter ou d’exercer une activité parallèle à celle du cocontractant sur une période et un périmètre strictement déterminés, afin de fidéliser la relation et maximiser l’investissement réciproque.
Elle ne s’applique pas lorsque la justification fait défaut, lorsque le salarié est à temps partiel (hors dérogations rares), ou si la restriction imposée excède de manière disproportionnée la liberté professionnelle du débiteur.
Dans un NDA, la clause d’exclusivité implique que le cocontractant ne peut négocier ou traiter des informations confidentielles similaires avec un tiers, limitant toute divulgation ou exploitation concurrentielle.
Oui, notamment dans les contrats commerciaux : l’exclusivité doit souvent être accompagnée d’une contrepartie financière ou d’avantages matériels équitables. Son absence justifiée peut conduire à la nullité de la clause.
Voir section supra pour les modèles de rédaction (adaptables selon activité, périmètre, durée, contrepartie, fonctions, secteur).
C’est une clause disproportionnée, insuffisamment justifiée, ou dont l’étendue excède le strict nécessaire à la protection des intérêts légitimes du créancier ; elle est alors réputée nulle.
La clause d’exclusivité à l’égard d’un auto-entrepreneur est admise mais fait l’objet d’un strict contrôle : il faut prouver qu’elle est indispensable, proportionnée et compatible avec le statut d’indépendant.
Il convient d’adresser une lettre recommandée avec accusé de réception à l’employeur ou au partenaire, justifiant la demande par l’absence d’intérêt légitime ou le caractère excessif de la restriction (modèle sur demande).
Conclusion
La clause d’exclusivité, pilier des contrats commerciaux et de travail modernes, ne se conçoit admissible qu’encadrée par la rigueur du formalisme, le principe de proportionnalité et le respect du droit de la concurrence. Rédigez, motivez, limitez : c’est la clé d’une relation contractuelle sécurisée, équilibrée et durable.
Guillaume Leclerc, avocat au Barreau de Paris en contrats commerciaux et contentieux des affaires.
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