Maîtrisez le congé du bail commercial : conditions, délais, préavis, reconduction tacite, indemnité d'éviction et FAQ. Tout ce qu'il faut savoir, conseils d’avocat, cas concrets, modèles et stratégies pour sécuriser vos démarches et anticiper les enjeux du bail commercial 3/6/9.
Le congé dans le cadre du bail commercial soulève de nombreuses questions tant pour les bailleurs que les locataires. Dates, mécanismes, protection du fonds de commerce, enjeux de l'indemnité d'éviction, gestion de la tacite prolongation ou stratégies contractuelles : l'objectif de ce guide est d'apporter des réponses concrètes, techniques et pédagogiques, en éclairant chaque étape et en illustrant par des exemples adaptés à la vie des affaires.
Le congé du bail commercial désigne la notification par laquelle une partie (bailleur ou locataire) informe son cocontractant de sa volonté de mettre fin au bail, à l’échéance prévue ou dans certaines conditions particulières. C’est une formalité essentielle, strictement encadrée, qui conditionne la sécurité juridique des opérations commerciales.
Le contrat de bail commercial classique est conclu pour une durée minimale de neuf ans, d'où le terme « bail 3/6/9 » : le locataire a la possibilité de donner congé à chaque période triennale (3e, 6e ou 9e année). Le bailleur, lui, ne peut donner congé qu’au terme du bail ou pour certains motifs graves (ex : faute du locataire).
À retenir : Tout manquement au formalisme peut rendre le congé inefficace.
Le bailleur peut principalement donner congé :
Exemple concret : Un bail se termine le 31 décembre 2025. Pour refuser le renouvellement ou reprendre les locaux, le bailleur doit notifier le congé au plus tard le 30 juin 2025. Tout retard reporte le terme au trimestre civil suivant.
La résiliation anticipée est possible en cas de :
Exemple de clause résolutoire (extrait) :
« En cas de manquement du locataire au paiement du loyer à l’échéance, et un mois après un commandement resté infructueux, le bail sera résilié de plein droit si bon semble au bailleur, sans qu’il soit besoin d’une décision judiciaire. »
À noter : Le juge peut parfois moduler ou écarter les effets de la clause en fonction des circonstances.
Le locataire peut, à chaque échéance triennale, donner congé moyennant un préavis de 6 mois, par acte de commissaire de justice ou LRAR. Si le délai n'est pas respecté, la résiliation ne prendra effet qu'à l’échéance suivante.
Exemple concret : Locataire souhaitant partir à l’échéance du 30 juin 2028, doit signifier le congé avant le 31 décembre 2027.
Le locataire bénéficie de la « faculté triennale » : il peut mettre fin au bail à l’issue de chaque période triennale. Mais il existe aussi des situations exceptionnelles (ex : incapacité, départ à la retraite) autorisant une résiliation avant terme. À noter, la résiliation amiable offre toujours un espace de négociation.
Sauf clause spécifique ou manquement grave du locataire, le bailleur ne peut en principe résilier avant le terme.
L’intégration d’une clause de force majeure est recommandée pour anticiper certains événements exceptionnels (ex : pandémie, catastrophe naturelle).
Encadré pédagogique :
La pandémie de COVID-19 a poussé de nombreux preneurs et bailleurs à s’interroger sur les clauses de force majeure. Il peut être utile de prévoir une clause spécifique permettant la suspension ou la résiliation du bail en cas d’événement imprévisible et irrésistible.
À la fin des 9 ans, le bail commercial peut se prolonger tacitement : il continue dans les mêmes conditions mais sans terme défini. Le bail ne peut alors s'achever que par un congé, donné par l'une des parties, avec un préavis de 6 mois, effectif au dernier jour du trimestre civil.
Différence entre tacite prolongation et reconduction :
Exemple pratico-pratique : Locataire toujours dans les lieux après le 31 décembre 2025 (terme initial), sans réaction du bailleur : le bail se poursuit tacitement, et chacune des parties pourra mettre fin au contrat à tout moment avec 6 mois de préavis, pour le dernier jour du trimestre civil.
Astuce : Anticipez toujours votre préavis pour éviter tout litige sur la date d’échéance !
Si, au terme du bail, le bailleur refuse le renouvellement sans motif légitime, il doit verser au locataire une indemnité d’éviction. Cette somme vise à compenser la perte du fonds de commerce et les frais liés au déménagement ou à la réinstallation.
Montant de l’indemnité :
Point pratique : Le calcul est souvent source de débats, d’expertises et parfois de contentieux. Les parties ont tout intérêt à s’accorder à l’amiable mais demeurent libres de saisir le juge si aucun compromis n’est trouvé.
Le locataire dispose d’un véritable droit au renouvellement, à condition d’exploiter un fonds de commerce immatriculé et d’être à jour de ses obligations. La demande de renouvellement doit être notifiée dans les 6 mois précédant l’expiration du bail ou pendant la tacite prolongation.
Cas pratique 1 – Congé donné par le locataire à échéance triennale
Madame A., exploitante d’une galerie marchande, souhaite développer son activité dans un autre quartier. Son bail commercial arrive à la fin de sa 6ème année. Elle notifie par acte de commissaire de justice son congé 7 mois avant la date d’échéance. Elle pourra ainsi libérer les locaux dans les délais légaux, sans indemnité à verser au bailleur.
Modèle de notification de congé (locataire) :
« Je soussigné(e) [Nom], locataire des locaux sis à [adresse], vous informe, en application de l’article L. 145-4 du Code de commerce, de ma décision de vous donner congé pour la fin de la période triennale venant à échéance le [date]. Ce congé prendra effet au [date], conformément au préavis légal de 6 mois. »
Cas pratique 2 – Refus de renouvellement et indemnité d’éviction
La société Y occupe des bureaux via un bail commercial arrivé à terme en juin 2025. Le bailleur, qui souhaite y installer son siège social, refuse le renouvellement. Sauf motif grave, il devra verser à Yune indemnité d’éviction représentant la valeur marchande de leur fonds, estimée par un expert, couvrant aussi les frais de déménagement.
Modèle de clause de préavis la plus usuelle (extrait de bail)
"Le congé devra être donné par acte de commissaire de justice, au moins six mois avant l’échéance triennale ou la fin du bail, pour le dernier jour du trimestre civil."
Le bailleur donne congé principalement à l’issue de la période de 9 ans, ou exceptionnellement pour motif grave ou en cas de tacite prolongation, toujours avec un préavis de 6 mois et généralement via un acte de commissaire de justice.
Anticipez : résiliation amiable, clause résolutoire, ou conditions restrictives (retraite, invalidité, force majeure) permettent une résiliation avant terme. Le dialogue reste privilégié.
C’est la notification de fin de bail pour un contrat poursuivi après son terme initial, sans rédaction d’un nouveau bail. Les règles diffèrent d’une simple reconduction.
Toujours 6 mois, que ce soit pour une résiliation triennale ou la tacite prolongation, le congé s’appliquant au plus tôt à la prochaine échéance du trimestre civil.
Le propriétaire doit payer une indemnité d’éviction lorsqu’il refuse injustement le renouvellement. Elle couvre notamment la valeur du fonds, les pertes subies et certains frais du locataire sortant.
Respect des délais, notification sous 6 mois précédant l’expiration (article L. 145-10 C. com.), activité déclarée, exploitation régulière. Le locataire peut en faire la demande à l’amiable ou par acte unilatéral.
Pour se prémunir contre les aléas, il est vivement recommandé d’insérer dans les baux commerciaux des clauses de force majeure et de veiller à la précision des clauses de résiliation anticipée. En cas d’incertitude, l’arbitrage du juge reste possible, mais le coût et la durée du contentieux ne doivent pas être sous-estimés. Chaque situation mérite une analyse spécifique par un professionnel du droit.
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Le bail commercial et sa résiliation relèvent d’une réglementation complexe et évolutive. Seul un accompagnement sur-mesure assuré par un avocat vous permettra de sécuriser votre situation et d’anticiper tous les enjeux contractuels, fiscaux et fiscaux à chaque étape.
Article rédigé par Guillaume Leclerc, avocat en contrats commerciaux et contentieux commerciaux à Paris.