Commercial real estate contracts
9/10/25

Le congé du bail commercial : Guide exhaustif du bail 3/6/9, stratégies et jurisprudence

Maîtrisez le congé du bail commercial : conditions, délais, préavis, reconduction tacite, indemnité d'éviction et FAQ. Tout ce qu'il faut savoir, conseils d’avocat, cas concrets, modèles et stratégies pour sécuriser vos démarches et anticiper les enjeux du bail commercial 3/6/9.

Le congé dans le cadre du bail commercial soulève de nombreuses questions tant pour les bailleurs que les locataires. Dates, mécanismes, protection du fonds de commerce, enjeux de l'indemnité d'éviction, gestion de la tacite prolongation ou stratégies contractuelles : l'objectif de ce guide est d'apporter des réponses concrètes, techniques et pédagogiques, en éclairant chaque étape et en illustrant par des exemples adaptés à la vie des affaires.

Sommaire

  • Définition et cadre du congé du bail commercial
  • Quand et comment donner congé ? (bailleur et locataire)
  • La résiliation anticipée du bail commercial
  • Tacite prolongation et reconduction : conséquences sur le congé
  • Préavis à respecter et modalités pratiques
  • Indemnité d'éviction et droit au renouvellement
  • Exemples concrets et modèles
  • Questions fréquentes (FAQ)
  • Points d'attention : clause de résiliation & force majeure
  • Conseils stratégiques & prise de rendez-vous
  • Nature réglementée et accompagnement

Définition et cadre général du congé du bail commercial

Le congé du bail commercial désigne la notification par laquelle une partie (bailleur ou locataire) informe son cocontractant de sa volonté de mettre fin au bail, à l’échéance prévue ou dans certaines conditions particulières. C’est une formalité essentielle, strictement encadrée, qui conditionne la sécurité juridique des opérations commerciales.

Le bail commercial 3/6/9 : rappel des règles fondamentales

Le contrat de bail commercial classique est conclu pour une durée minimale de neuf ans, d'où le terme « bail 3/6/9 » : le locataire a la possibilité de donner congé à chaque période triennale (3e, 6e ou 9e année). Le bailleur, lui, ne peut donner congé qu’au terme du bail ou pour certains motifs graves (ex : faute du locataire).

Table d’aide à la compréhension

DuréeCongé possible ?PréavisFormalisme
3, 6, 9 ansLocataire à chaque échéance triennale / Bailleur au terme6 moisActe de commissaire de justice, ou LRAR (préc. art. L.145-9 C. com.)

À retenir : Tout manquement au formalisme peut rendre le congé inefficace.

Quand et comment donner congé dans un bail commercial ?

Quand le bailleur commercial peut-il donner congé ?

Le bailleur peut principalement donner congé :

  • À l’expiration du bail (9e année), en respectant un préavis de 6 mois.
  • Pour motif légitime (faute grave ou inexécution des obligations du locataire), via une clause résolutoire.
  • Dans le cadre de la tacite prolongation (voir infra).

Exemple concret : Un bail se termine le 31 décembre 2025. Pour refuser le renouvellement ou reprendre les locaux, le bailleur doit notifier le congé au plus tard le 30 juin 2025. Tout retard reporte le terme au trimestre civil suivant.

Comment résilier un bail commercial avant son terme ?

La résiliation anticipée est possible en cas de :

  • Utilisation d’une clause résolutoire (ex : loyers impayés).
  • Résiliation amiable (consentement écrit des deux parties).
  • Exception prévue par la loi (départ à la retraite du preneur, par exemple).
  • Force majeure (événement rendant impossible l’exécution du contrat — ex : destruction des locaux).

Exemple de clause résolutoire (extrait) :

« En cas de manquement du locataire au paiement du loyer à l’échéance, et un mois après un commandement resté infructueux, le bail sera résilié de plein droit si bon semble au bailleur, sans qu’il soit besoin d’une décision judiciaire. »

À noter : Le juge peut parfois moduler ou écarter les effets de la clause en fonction des circonstances.

Congé du locataire : modalités et stratégie

Le locataire peut, à chaque échéance triennale, donner congé moyennant un préavis de 6 mois, par acte de commissaire de justice ou LRAR. Si le délai n'est pas respecté, la résiliation ne prendra effet qu'à l’échéance suivante.

Exemple concret : Locataire souhaitant partir à l’échéance du 30 juin 2028, doit signifier le congé avant le 31 décembre 2027.

La résiliation anticipée du bail commercial : conditions et limites

À l’initiative du locataire

Le locataire bénéficie de la « faculté triennale » : il peut mettre fin au bail à l’issue de chaque période triennale. Mais il existe aussi des situations exceptionnelles (ex : incapacité, départ à la retraite) autorisant une résiliation avant terme. À noter, la résiliation amiable offre toujours un espace de négociation.

À l’initiative du bailleur

Sauf clause spécifique ou manquement grave du locataire, le bailleur ne peut en principe résilier avant le terme.

Point d’attention sur la force majeure

L’intégration d’une clause de force majeure est recommandée pour anticiper certains événements exceptionnels (ex : pandémie, catastrophe naturelle).

Encadré pédagogique :

La pandémie de COVID-19 a poussé de nombreux preneurs et bailleurs à s’interroger sur les clauses de force majeure. Il peut être utile de prévoir une clause spécifique permettant la suspension ou la résiliation du bail en cas d’événement imprévisible et irrésistible.

Qu’est-ce qu’un congé en tacite prolongation de bail commercial ?

À la fin des 9 ans, le bail commercial peut se prolonger tacitement : il continue dans les mêmes conditions mais sans terme défini. Le bail ne peut alors s'achever que par un congé, donné par l'une des parties, avec un préavis de 6 mois, effectif au dernier jour du trimestre civil.

Différence entre tacite prolongation et reconduction :

  • Tacite prolongation : même bail, sans nouveau contrat, durée indéterminée.
  • Tacite reconduction : un nouveau bail naît — ce n'est pas le cas en matière de baux commerciaux classiques (voir Code civil).

Exemple pratico-pratique : Locataire toujours dans les lieux après le 31 décembre 2025 (terme initial), sans réaction du bailleur : le bail se poursuit tacitement, et chacune des parties pourra mettre fin au contrat à tout moment avec 6 mois de préavis, pour le dernier jour du trimestre civil.

Quel est le préavis pour un bail commercial 3/6/9 ?

  • Préavis commun : 6 mois
  • Modalités : Acte de commissaire de justice (anciennement huissier), parfois lettre recommandée avec AR (pour le locataire en cas de demande de renouvellement)
  • Début de préavis : Le préavis court à partir de la date de signification régulière du congé.
  • Date d’effet : Congé donné pour le dernier jour d’un trimestre civil.

Astuce : Anticipez toujours votre préavis pour éviter tout litige sur la date d’échéance !

Résiliation bail commercial, indemnité d’éviction & conditions de renouvellement

L’indemnité d’éviction

Si, au terme du bail, le bailleur refuse le renouvellement sans motif légitime, il doit verser au locataire une indemnité d’éviction. Cette somme vise à compenser la perte du fonds de commerce et les frais liés au déménagement ou à la réinstallation.

Montant de l’indemnité :

  • Valeur marchande du fonds,
  • Frais de déménagement/réinstallation,
  • Pertes diverses (clientèle, activités, etc.).

Point pratique : Le calcul est souvent source de débats, d’expertises et parfois de contentieux. Les parties ont tout intérêt à s’accorder à l’amiable mais demeurent libres de saisir le juge si aucun compromis n’est trouvé.

Les conditions de renouvellement du bail commercial (art. L. 145-10 du Code de commerce)

Le locataire dispose d’un véritable droit au renouvellement, à condition d’exploiter un fonds de commerce immatriculé et d’être à jour de ses obligations. La demande de renouvellement doit être notifiée dans les 6 mois précédant l’expiration du bail ou pendant la tacite prolongation.

Exemples concrets et modèles clé-en-main

Cas pratique 1 – Congé donné par le locataire à échéance triennale

Madame A., exploitante d’une galerie marchande, souhaite développer son activité dans un autre quartier. Son bail commercial arrive à la fin de sa 6ème année. Elle notifie par acte de commissaire de justice son congé 7 mois avant la date d’échéance. Elle pourra ainsi libérer les locaux dans les délais légaux, sans indemnité à verser au bailleur.

Modèle de notification de congé (locataire) :

« Je soussigné(e) [Nom], locataire des locaux sis à [adresse], vous informe, en application de l’article L. 145-4 du Code de commerce, de ma décision de vous donner congé pour la fin de la période triennale venant à échéance le [date]. Ce congé prendra effet au [date], conformément au préavis légal de 6 mois. »

Cas pratique 2 – Refus de renouvellement et indemnité d’éviction

La société Y occupe des bureaux via un bail commercial arrivé à terme en juin 2025. Le bailleur, qui souhaite y installer son siège social, refuse le renouvellement. Sauf motif grave, il devra verser à Yune indemnité d’éviction représentant la valeur marchande de leur fonds, estimée par un expert, couvrant aussi les frais de déménagement.

Modèle de clause de préavis la plus usuelle (extrait de bail)

"Le congé devra être donné par acte de commissaire de justice, au moins six mois avant l’échéance triennale ou la fin du bail, pour le dernier jour du trimestre civil."

Foire aux questions (FAQ) sur le congé du bail commercial

Quand le bailleur peut-il donner congé ?

Le bailleur donne congé principalement à l’issue de la période de 9 ans, ou exceptionnellement pour motif grave ou en cas de tacite prolongation, toujours avec un préavis de 6 mois et généralement via un acte de commissaire de justice.

Comment résilier un bail commercial avant son terme ?

Anticipez : résiliation amiable, clause résolutoire, ou conditions restrictives (retraite, invalidité, force majeure) permettent une résiliation avant terme. Le dialogue reste privilégié.

Qu’est-ce qu’un congé en tacite prolongation de bail commercial ?

C’est la notification de fin de bail pour un contrat poursuivi après son terme initial, sans rédaction d’un nouveau bail. Les règles diffèrent d’une simple reconduction.

Quel est le préavis pour un bail commercial 3/6/9 ?

Toujours 6 mois, que ce soit pour une résiliation triennale ou la tacite prolongation, le congé s’appliquant au plus tôt à la prochaine échéance du trimestre civil.

Résiliation bail commercial : indemnité d’éviction ?

Le propriétaire doit payer une indemnité d’éviction lorsqu’il refuse injustement le renouvellement. Elle couvre notamment la valeur du fonds, les pertes subies et certains frais du locataire sortant.

Les conditions du renouvellement du bail commercial ?

Respect des délais, notification sous 6 mois précédant l’expiration (article L. 145-10 C. com.), activité déclarée, exploitation régulière. Le locataire peut en faire la demande à l’amiable ou par acte unilatéral.

Points d’attention : clauses de résiliation et force majeure

Pour se prémunir contre les aléas, il est vivement recommandé d’insérer dans les baux commerciaux des clauses de force majeure et de veiller à la précision des clauses de résiliation anticipée. En cas d’incertitude, l’arbitrage du juge reste possible, mais le coût et la durée du contentieux ne doivent pas être sous-estimés. Chaque situation mérite une analyse spécifique par un professionnel du droit.

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Une matière réglementée, un conseil essentiel

Le bail commercial et sa résiliation relèvent d’une réglementation complexe et évolutive. Seul un accompagnement sur-mesure assuré par un avocat vous permettra de sécuriser votre situation et d’anticiper tous les enjeux contractuels, fiscaux et fiscaux à chaque étape.

Article rédigé par Guillaume Leclerc, avocat en contrats commerciaux et contentieux commerciaux à Paris.