Le mandat d’intérêt commun est une notion essentielle du droit des contrats commerciaux, régulant les relations entre mandant et mandataire dans le cadre d’accords stratégiques et collaboratifs. Découvrez les règles, les exemples concrets, la jurisprudence clé et les points de vigilance à anticiper avec l’accompagnement d’un avocat spécialisé.
Le mandat d’intérêt commun constitue l'une des figures les plus sophistiquées du droit des contrats commerciaux, au cœur des relations d'affaires entre entreprises et partenaires. Ce type de mandat, loin du schéma classique, s’inscrit dans une dynamique où les intérêts du mandant et du mandataire sont structurellement liés et protégés, dépassant la simple logique de représentation.
Exemple concret :
Imaginez un fabricant confiant la distribution exclusive de ses produits à un distributeur sur un territoire donné, avec un dispositif de co-développement et de co-investissement dans le réseau de distribution. Le distributeur agit ici dans l’intérêt commun des deux parties : il développe le marché tout en protégeant le positionnement du fabricant.
Le mandat d’intérêt commun trouve son origine dans la pratique commerciale et la jurisprudence, avant d’être consacré par l’article L.134-1 et suivants du Code de commerce pour le mandat d’agent commercial, puis de façon plus large dans d’autres contrats collaboratifs.
Encadré pédagogique :
Le caractère d'intérêt commun ne se présume jamais. Il est issu du contrat, des obligations réciproques, et de la volonté manifeste des parties de faire converger leurs intérêts économiques autour de la mission du mandataire.
Contrairement au mandat classique, le mandat d'intérêt commun suppose que le mandataire n'œuvre pas seulement pour le compte du mandant, mais également dans son propre intérêt, lié à celui du mandant. Les deux parties sont engagées dans la réussite commune de la mission.
Exemple de clause :
« Le présent mandat est consenti dans l’intérêt commun des parties. Le mandataire s’engage à développer le réseau de distribution dans le territoire désigné, les investissements réalisés le seront dans l’intérêt réciproque des parties. »
Pour qu’un contrat soit reconnu comme étant un mandat d’intérêt commun, trois critères essentiels doivent être remplis :
Exemple concret :
Un franchiseur et un franchisé co-investissant dans une marque, le mandataire (franchisé) ayant la possibilité de bénéficier des actifs ou des clientèles élaborés, tout en ayant l’obligation de les protéger dans l’intérêt de tous.
Il est crucial d’intégrer dans le contrat une clause explicite rappelant l’intérêt commun pour éviter toute requalification ou litige ultérieur.
Dans le mandat d’intérêt commun, les obligations du mandataire débordent la simple exécution fidèle : elles englobent la protection, la valorisation et la sécurisation du patrimoine des deux parties.
Tableau : Régime comparé
La rupture d’un mandat d'intérêt commun n’est pas libre : elle suppose un préavis et, en cas de préjudice, le versement d’une indemnité au mandataire pour la perte du « bénéfice de l'intérêt commun ».
La jurisprudence a souvent rappelé que la résiliation abusive du mandat d'intérêt commun entraîne la condamnation du mandant à réparer l’ensemble des pertes subies, notamment lorsque le mandataire a investi pour développer le projet commun.
Exemple :
Une société d’importation ayant développé un réseau sur plusieurs années se voit retirer brutalement le mandat alors même que le contrat prévoyait l'intérêt commun et des obligations de développement partagé.
L’agent commercial agit souvent dans l’intérêt commun, associant le développement de clientèle et la protection des investissements, avec un cadre légal spécifique (indemnité de fin de contrat).
Un promoteur désigne un mandataire chargé de vendre des lots, les commissions étant indexées sur la réussite commune et la valorisation de l’opération globale.
Dans les contrats de distribution exclusive ou sélective, le distributeur est investi du pouvoir de développer le réseau dans l’intérêt commun du développement de la marque.
Le mandat d’intérêt commun est une forme de contrat dans laquelle mandant et mandataire s’engagent pour la réussite de la mission et la protection d’intérêts économiques réciproques.
Il convient d’intégrer une clause expresse rappelant la volonté des parties de partager les risques, les investissements et les bénéfices, tout en précisant les droits à indemnisation en cas de rupture.
Non. La rupture doit être motivée, respectueuse d’un préavis et accompagnée, le cas échéant, d’une indemnisation pour le mandataire.
Une clause vague ou absente expose à la requalification du contrat en mandat classique, privant le mandataire des droits particuliers tirés de l’intérêt commun.
Le mandat d’intérêt commun soulève des enjeux économiques, juridiques et fiscaux nombreux. Sa rédaction et sa gestion requièrent une analyse approfondie et adaptée à chaque situation. Dans ce contexte, il est essentiel de solliciter l’appui d’un avocat spécialisé pour anticiper les risques, sécuriser les clauses et optimiser la collaboration entre les parties.
Article rédigé par Guillaume Leclerc, avocat en contrats commerciaux et contentieux commerciaux à Paris.