Responsabilité délictuelle : découvrez le guide ultime pour dirigeants de PME. Explications complètes, actualité jurisprudentielle, exemples concrets, distinctions avec la responsabilité contractuelle, FAQ pédagogique, encadrés pratiques. Par Guillaume Leclerc, avocat à Paris.

La responsabilité délictuelle est un pilier du droit civil français et concerne chaque entrepreneur dès lors qu'un préjudice peut survenir en dehors de toute relation contractuelle. Comprendre ses contours, ses particularités et ses évolutions jurisprudentielles, c'est anticiper efficacement les risques et sécuriser l'activité de votre PME.
Ce guide a été conçu pour vous apporter une vision claire, pédagogique et exhaustive, illustrée par des exemples et des cas pratiques récents, tout en offrant les clefs techniques nécessaires à une bonne gestion des litiges délictueux.
La responsabilité délictuelle (ou extracontractuelle) désigne l’obligation faite à toute personne de réparer un préjudice causé à autrui, en dehors de toute relation contractuelle. Elle est fondée sur l’article 1240 du Code civil :
« Tout fait quelconque de l’homme, qui cause à autrui un dommage, oblige celui par la faute duquel il est arrivé à le réparer. »
Le principe ? La personne responsable d’un préjudice, issu d’un acte ou d’une abstention, doit indemniser la victime. Il peut s’agir d’un comportement fautif (manquement à une règle, négligence, abus de droit...)
Supposons qu’un piéton trébuche sur une planche mal fixée devant votre commerce et se blesse. En l’absence de contrat liant le piéton à votre société, il pourra engager votre responsabilité délictuelle si la faute est démontrée (négligence dans la fixation de la planche).
Pour que la responsabilité délictuelle soit engagée :
La preuve de la faute est appréciée par les juges au regard de la conduite raisonnable attendue ou l’analyse d’une violation de règle. Elle peut être involontaire !
Une rupture brusque des pourparlers en négociation contractuelle peut constituer un abus de droit fautif, fondant une action en responsabilité délictuelle.
Un accident causé par un salarié dans le cadre de l’exercice professionnel, hors relation contractuelle directe avec la victime, peut également relever de cette responsabilité.
Dans un contrat : « La responsabilité de la Société X en cas de dommage causé lors de la prestation sera limitée au montant de la commande, hors cas de faute lourde ou dolosive. »
En responsabilité délictuelle, de telles clauses ne s'appliquent pas au tiers victime, sauf dernier revirement jurisprudentiel (voir arrêt Clamageran – Cour de cassation, chambre commerciale, 3 juillet 2024).
La doctrine distingue traditionnellement :
Pour affiner l’analyse civile :
1. Préparation du dossier : Recenser le fait à l’origine du dommage, les preuves et la qualification juridique (faute, dommage, causalité).
2. Mise en demeure/conciliation : Bien que facultatives, elles peuvent précéder l’action judiciaire.
3. Saisine du juge : Tribunal judiciaire pour les litiges civils; Tribunal de commerce si l’auteur du dommage est une société commerçante.
4. Vérification des moyens de défense :
L’action en responsabilité délictuelle nécessite une analyse minutieuse pour chaque fait générateur, la qualification juridique étant la clef du succès ou de l’échec du litige. Le recours à l’avocat est vivement conseillé dès la phase préalable de négociation et de constitution de preuves.
Cet arrêt révolutionne l’application de la responsabilité délictuelle à l’égard des tiers aux contrats.
Traditionnellement, un tiers à un contrat ne pouvait se voir opposer les clauses limitatives de responsabilité prévues par ledit contrat. Les parties contractantes, donc, étaient exposées face au tiers agissant en responsabilité délictuelle.
Dans la décision du 3 juillet 2024, la Cour de cassation décide désormais :
« Le tiers à un contrat qui invoque, sur le fondement de la responsabilité délictuelle, un manquement contractuel qui lui a causé un dommage peut se voir opposer les conditions et limites de la responsabilité qui s’appliquent dans les relations entre les contractants. »
Un sous-traitant peut opposer une clause limitative prévue dans le contrat principal si un tiers agit contre lui en responsabilité délictuelle sur le fondement de ce contrat.
Le chef d’entreprise doit anticiper désormais l’opposabilité des exclusions et limitations, y compris vis-à-vis des tiers. Il devient stratégique d’adapter la rédaction des clauses dans les contrats (détail dans l’article recommandé plus haut sur la responsabilité contractuelle).
La responsabilité quasi-délictuelle se rapproche de la délictuelle, mais concerne les hypothèses de faute d’imprudence ou de négligence. Elle s’appuie sur l’article 1241 du Code civil. Par exemple, une omission involontaire ayant causé un dommage à un tiers peut engager votre responsabilité quasi-délictuelle.
Un dirigeant oublie d’installer un panneau de signalisation et un accident se produit. Il s’agit d’une faute d’imprudence, relevant de la quasi-délictuelle.
Pour les dirigeants de PME, l’assurance responsabilité civile professionnelle est essentielle pour se couvrir contre les risques liés à la responsabilité délictuelle (et contractuelle en cas de dommages hors contrat). Veillez à la bonne rédaction des clauses et à la conformité de votre contrat d’assurance au regard de vos risques sectoriels.
C'est une procédure judiciaire permettant à une victime d'obtenir réparation d'un préjudice subi du fait d’une faute, agissement ou omission, alors qu’aucun contrat ne la liait à l’auteur du dommage.
La première intervient hors contrat en cas de faute quelconque, la seconde vise l’inexécution ou le mauvais accomplissement d’une obligation prévue dans un contrat. Chaque régime a ses conditions et ses spécificités. Voir le tableau comparatif plus haut et notre article approfondi sur la responsabilité contractuelle.
Il consacre la responsabilité du fait personnel : « Toute personne qui, par sa faute, cause un dommage à autrui doit le réparer. »
Dans la sphère civile :
Identique à la responsabilité délictuelle, elle sanctionne les faits dommageables commis hors contrat et impose la réparation intégrale à la personne fautive.
Responsabilité en cas de faute d’imprudence ou de négligence, même involontaire, régie notamment par l’article 1241 du Code civil.
L’obligation pour une partie de réparer le préjudice causé par l’inexécution d’un contrat (article 1231‑1 s. du Code civil). Retrouvez mon guide détaillé ici : Responsabilité contractuelle selon le Code civil, guide pratique et exemples pour dirigeants de PME
Retrouvez dans le tableau HTML ce qui distingue chaque régime; chaque cas pratique appelle une analyse personnalisée et une vigilance contractuelle accrue.
Historiquement non, mais depuis l’arrêt Clamageran du 3 juillet 2024, la clause peut désormais, dans certaines situations, être opposée au tiers agissant en responsabilité délictuelle.
La matière de la responsabilité délictuelle est spécifiquement réglementée et évolutive, notamment au regard des dernières jurisprudences et des subtilités contractuelles. Les conseils d’un avocat sont essentiels pour anticiper les risques, sécuriser vos relations d’affaires et prévoir tous les aspects de la gestion des sinistres. Une analyse personnalisée constitue le meilleur rempart face aux risques de réparation qui peuvent impacter lourdement la trésorerie et l’image de votre société.