La saisie attribution sur compte bancaire est une procédure particulièrement redoutée par les particuliers comme par les professionnels. Elle permet à un créancier, muni d’un titre exécutoire, de récupérer directement les sommes qui lui sont dues, parfois sans avertissement préalable. Pourtant, il existe des moyens d’agir et de contester pour préserver vos droits
La saisie attribution est une mesure d’exécution forcée, encadrée par le Code des procédures civiles d’exécution (CPCE), qui permet à un créancier d’obtenir le paiement d’une créance reconnue par décision de justice. Le créancier charge un commissaire de justice (ex-comme huissier) de signifier à la banque l’acte de saisie, bloquant les comptes du débiteur.
Exemple concret : Si vous avez été condamné par jugement à payer une somme à un organisme, celui-ci pourra diligenter une saisie-attribution sur vos comptes bancaires, afin d’obtenir paiement, même en dehors de tout accord préalable.
• Existence d’un titre exécutoire valide (jugement, ordonnance d’injonction de payer…)
• Dette certaine, liquide et exigible
• Respect strict des mentions obligatoires sur l’acte de saisie et la dénonciation
1. Le créancier obtient un titre exécutoire
2. Le commissaire de justice rédige l’acte de saisie
3. La banque bloque le(s) compte(s) du débiteur pendant 15 jours ouvrables
4. La dénonciation de l’acte de saisie est transmise au débiteur (obligation d’information)
5. Le débiteur dispose d’un délai d’un mois pour contester
• Solde bancaire insaisissable (SBI) : Il est interdit de saisir l’intégralité des fonds ; un minimum de 646,52 € (SBI) doit être laissé sur le compte
• Sommes insaisissables : Certaines allocations et prestations sociales, les indemnités de licenciement, rentes et pensions, sont partiellement ou totalement insaisissables
Cas pratique : Si le jour de la saisie votre compte présente 1 200 € dont 700 € d’allocations RSA, seule la partie saisissable après application du SBI pourra être prélevée. À défaut, la procédure est entachée de nullité et contestable.
Sont recevables devant le JEX (juge de l’exécution) :
• Absence de titre exécutoire valable
• Violation des règles de notification ou des mentions obligatoires
• Saisie de sommes légalement insaisissables
• Prescription du titre ou erreur dans le montant réclamé (mais attention : seule la réduction du montant peut être prononcée, la nullité totale est rare)
• Irrespect des formes légales par le commissaire
Jurisprudence : La Cour de cassation (27 mars 2025, n° 22-18.591) a rappelé qu’une erreur sur le montant ne suffit pas à annuler l’acte : seule une rectification du montant s’impose.
1. Agir vite !
• Délai impératif d’un mois à compter de la dénonciation de la saisie par le commissaire
• La contestation doit être faite par voie d’assignation devant le JEX
• Informer l’huissier, la banque et déposer l’assignation au greffe le jour de l’audience
2. Saisir le juge compétent
• Tribunal judiciaire du domicile du débiteur
• Représentation par avocat obligatoire si le litige excède 10 000 €
3. Formuler les arguments
• Nullité formelle de l’acte
• Saisie de sommes insaisissables
• Prescription du titre ou créance incertaine
Exemple de clause contestatoire :
« Il est demandé au juge l’annulation de l’acte de saisie-attribution, pour absence de titre exécutoire et violation des dispositions de l’article R211-11 du CPCE. »
• La contestation est rejetée : la banque débite le compte, le créancier est payé.
• La contestation est accueillie : la mainlevée est prononcée, les sommes indûment saisies sont restituées au débiteur.
• Possibilité de dommages et intérêts pour préjudice subi, en cas de saisie abusive
Exemple 1 : Saisie d’allocations insaisissables
Monsieur X se voit saisir 900 € sur son compte, dont 600 € d’AAH (allocation adulte handicapé). Il conteste dans le mois auprès du JEX avec justificatifs, obtient la mainlevée : la banque lui restitue le montant insaisissable.
Exemple 2 : Titre trop ancien ou prescrit
Madame Y découvre une saisie en 2025 sur la base d’un jugement datant de 2001. L’avocat invoque la prescription, le JEX ordonne la mainlevée et la restitution des sommes.
• Négocier avec le créancier : possible mainlevée anticipée avec échéancier, si accepté par le commissaire de justice
• Obtenir la mainlevée par décision du JEX
• Recours en appel possible sous 15 jours après la décision du JEX (attention, non suspensif)
Oui, la contestation est possible pour vice de procédure, absence de titre valable, saisie de sommes insaisissables ou prescription. Le délai d’un mois est impératif.
Obtenir une mainlevée par le juge de l’exécution, négocier avec le créancier, ou prouver la nature insaisissable des fonds dans le délai légal.
Aucun mécanisme de blocage « préventif » n’existe légalement. Cependant, réagir vite dès la dénonciation, fournir des justificatifs, et contester devant le JEX permet d’interrompre la procédure jusqu’à décision du juge.
L’opposition prend la forme d’une contestation formalisée par assignation dans le délai d’un mois auprès du tribunal compétent. L’assistance d’un avocat est fortement recommandée, et obligatoire au-dessus de 10 000 €.
• Contactez rapidement un professionnel dès la notification de la saisie
• Rassemblez tous les justificatifs de ressources insaisissables
• Respectez scrupuleusement les délais
• Préparez une argumentation solide basée sur le CPCE, la jurisprudence récente et des exemples concrets
La saisie-attribution bancaire est une procédure efficace pour le créancier, mais le débiteur dispose de droits de contestation à exercer promptement et méthodiquement. Des recours existent en cas d’abus ou de vice de procédure, et l’accompagnement par un avocat spécialisé est souvent déterminant.
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Par Guillaume Leclerc, avocat en contrats commerciaux et contentieux commerciaux à Paris.