CGV et CGA : Comment résoudre les conflits ? Différences, articulation, exemples, jurisprudence (CA Paris, 17 juin 2021), opposabilité et conseils pour sécuriser vos contrats B2B : le guide d’un avocat à Paris.
Les conditions générales de vente désignent le socle contractuel établi par un vendeur, indiquant les modalités applicables à toutes ses transactions (prix, délais, livraison, garanties, paiement…). Leur communication, obligatoire en B2B, permet de standardiser la relation commerciale, prévenir les abus et garantir la transparence pour tous les clients professionnels.
Exemple concret : Un fournisseur de matériel informatique impose dans ses CGV des délais de paiement à 30 jours et prévoit des pénalités en cas de retard.
Les conditions générales d’achat sont élaborées par l’acheteur pour fixer les règles souhaitées dans ses commandes (délais, modalités de livraison, pénalités, assurance…). Elles visent à sécuriser les processus d’achat, à optimiser les coûts et à uniformiser les exigences auprès de tous les fournisseurs.
Exemple concret : Une enseigne de distribution exige, par ses CGA, une livraison sous 48h avec pénalité de 2 % par jour de retard et l’obligation pour le fournisseur de souscrire une assurance spécifique.
Encadré pédagogique
Ne confondez jamais CGV (vente), CGA (achat) et CGU (utilisation) : chaque document a un objet et un champ contractuel distinct.
Le Code de commerce (art. L.441-1, ex-L441-6) pose que les CGV constituent le socle unique de la négociation commerciale en France. Cela signifie que, sauf accord explicite contraire, ce document prévaut en principe lors de la formation du contrat.
Cependant, il n’existe aucune hiérarchie automatique : les CGA, dès lors qu’elles sont acceptées par le fournisseur, sont parfaitement valables et opposables. Cela implique que le contrat sera composé des clauses acceptées mutuellement — et en cas de contradiction, des règles précises s’appliquent.
Selon l’article 1119 du Code civil, en cas de discordance entre conditions générales invoquées par l’une et l’autre partie, les clauses incompatibles sont sans effet (“Knockout rule”).
Conséquence :
La Cour d’appel de Paris dans l’arrêt du 17 juin 2021 (n°17/05445) réaffirme que, faute d’accord précis, et en présence de contradictions irréductibles entre CGV et CGA, ces clauses sont réputées inapplicables. Le juge tranche alors selon les dispositions supplétives du Code civil, sans donner priorité d’emblée à l’une ou l’autre des conditions générales.
En l’absence de preuve d’acceptation, les conditions générales sont inopposables (CA Versailles 3 mai 2016, n°15/02478).
Les CGV (conditions générales de vente) sont rédigées par le vendeur et définissent les conditions standards sous lesquelles il propose la vente de ses biens ou services à ses clients : délais, prix, modalités de paiement, transfert de risques, garanties, etc. Les CGA (conditions générales d’achat), quant à elles, sont élaborées par l’acheteur pour fixer un cadre à ses commandes, incluant ses propres exigences sur les modalités de livraison, la qualité, les indemnités, la propriété intellectuelle, etc. Contrairement aux CGV, les CGA ne résultent pas d’une obligation légale, elles visent à protéger l’acheteur et ne s’imposent que si leur existence et leur acceptation sont prouvées. En somme, les CGV structurent la vente, alors que les CGA protègent l’achat .
En cas de conflit, deux étapes s’imposent :
Pour anticiper, il est conseillé d’insérer une clause de prévalence dans les CGV ou CGA (« En cas de contradiction entre les présentes et les conditions générales du partenaire, les présentes prévaudront ») ; mais son efficacité dépend de son acceptation expresse par l’autre partie.
Résumé :
Encadré pédagogique
Instaurez une clause de prévalence dans vos CGV ou CGA : "En cas de contradiction entre les CGA et les CGV, les présentes prévaudront sur tout autre document contractuel", tout en sachant que l’efficacité sera soumise à l’acceptation réciproque.
"En cas de contradiction entre les conditions générales d’achat du Client et toute condition générale de vente ou spécifique du Fournisseur, les présentes CGA prévalent sauf accord exprès écrit constatant la renonciation du Client à cette priorité pour la clause concernée."
Ce type de clause, très fréquent, doit toujours être accepté explicitement pour valoir.
Objet, modalités de commande, facturation, délais de livraison, contrôle qualité, gestion des garanties, responsabilité, assurances, confidentialité, droit applicable et juridiction compétente.
Si les CGV n’ont pas été expressément acceptées (signature, validation écrite, preuve d’accord explicite), elles ne sont pas opposables en cas de litige, même si elles figurent sur le site ou au dos d’une facture (CA Versailles 3 mai 2016).
Non. Le Code de commerce donne un primat théorique aux CGV comme socle unique de négociation, mais aucune hiérarchie n’existe en pratique : seules les clauses acceptées par les deux parties s’appliquent, et les clauses contradictoires sont écartées.
Les CGV encadrent les ventes et prestations entre professionnels ou envers les consommateurs ; les CGU fixent les règles d’utilisation d’un service ou d’une plateforme.
Il faut les communiquer clairement avant la conclusion du contrat, faire preuve de l’acceptation expresse du client (signature, case à cocher, mention sur devis…). Sans acceptation, elles sont inopposables.
Les clauses contradictoires sont écartées : seules les clauses compatibles s’appliquent et, à défaut, le Code civil sert de référence supplétive.
La Cour d’appel de Paris a décidé que lorsque CGV et CGA sont incompatibles sur une stipulation essentielle, et qu’aucune n’a été négociée ni acceptée explicitement, aucune ne s’applique : le contentieux est tranché par le droit commun des contrats.
L’articulation entre CGV et CGA requiert anticipation, clarté et adaptation : privilégiez la communication, l’acceptation expresse, la négociation personnalisée et l’insertion de clauses de prévalence. En cas de conflit, la diplomatie contractuelle prime, faute de quoi le contentieux revient toujours au droit commun et à l’appréciation souveraine du juge.
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Guillaume Leclerc, avocat au Barreau de Paris en contrats commerciaux et contentieux des affaires.
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