Comment contester une injonction de payer ? Découvrez toutes les étapes, délais, motifs, procédures et conseils d'expert pour défendre vos droits, à travers des exemples pratiques et des conseils d’avocat
La procédure d’injonction de payer constitue en France un mécanisme prisé pour le recouvrement rapide de créances. Mais que faire lorsqu’on reçoit une telle ordonnance et que l’on entend s’y opposer ? Cet article vous propose une exploration approfondie, structurée et enrichie d’exemples concrets pour comprendre, anticiper et réussir la contestation d’une injonction de payer.
L’injonction de payer est une procédure judiciaire non contradictoire permettant à un créancier d’obtenir du juge un titre exécutoire, sans que le débiteur n’ait été entendu au préalable. Elle est fréquente dans le recouvrement des dettes commerciales et civiles, par exemple en cas de factures impayées ou de loyers non réglés.
Exemple pratique : Une société prestataire obtient une injonction de payer à l’encontre d’un client professionnel n’ayant pas réglé plusieurs factures, sans audience préalable.
Si le débiteur ne réagit pas dans les délais, l’ordonnance devient exécutoire et le créancier peut engager des mesures d’exécution forcée (saisies, blocage de comptes, etc.).
Un débiteur peut souhaiter contester pour différents motifs, tels que :
Exemple jurisprudentiel : Un débiteur forme opposition car l’ordonnance vise une créance prescrite ; le juge annule l’ordonnance car la prescription était acquise.
La contestation doit impérativement être effectuée dans le délai d’un mois à compter de la signification de l’ordonnance par huissier de justice. Ce délai court à compter du jour où la notification est faite en main propre, ou du premier acte apporté directement à la connaissance du débiteur en cas d’absence de remise en main propre.
Encadré pratique : Pour une ordonnance reçue le 5 octobre, l’opposition doit parvenir au tribunal au plus tard le 5 novembre suivant.
L’opposition doit être formée :
Le dossier d’opposition doit comporter :
Clause-type pour acte d’opposition :
« Je, soussigné, forme opposition à l’ordonnance d’injonction de payer N° [x], rendue le [date], pour les motifs suivants : [détail argumenté], pièces justificatives à l’appui. »
Après dépôt de l’opposition, le greffe convoque les parties à une audience devant la juridiction concernée (tribunal judiciaire ou tribunal de commerce). La procédure redevient contradictoire, chaque partie exposant ses arguments devant le juge.
Exemple concret : Une société assiste à l’audience accompagnée de son avocat, qui plaide l’exécution du service contesté; le débiteur expose l’absence de livraison.
Le tribunal se prononce à l’issue de l’audience :
L’opposition formée dans le délai légal suspend l’exécution de l’injonction de payer. Cela signifie que tant que le tribunal n’a pas statué, aucune saisie ou mesure d’exécution forcée ne peut être menée sur la base de l’ordonnance contestée.
Si aucune des parties ne se présente, l’ordonnance devient inopposable. Si seul le débiteur ne se présente, le juge statue sur les éléments du créancier. À l’inverse, si le créancier est absent, le juge peut renvoyer l’affaire ou statuer sur le fond à la demande du débiteur.
L’huissier joue un rôle-clé dans la signification de l’ordonnance et l’exécution des mesures ; il doit impérativement respecter les formalismes sous peine de nullité de la procédure.
Depuis la dématérialisation, il est parfois possible d’effectuer certaines démarches ou de suivre l’état d’avancement du dossier via des plates-formes judiciaires numériques.
Exemple de motif valable :
« Le montant réclamé est contesté, la facture n°123 ayant fait l’objet d’un avoir en date du 15/11/2024 ; documents joints. »
Au-delà de 10 000 €, l’accompagnement d’un avocat est obligatoire devant la plupart des juridictions. Même en deçà, il est recommandé pour optimiser la défense de vos intérêts.
Vous devez former une opposition auprès du tribunal ayant rendu l’ordonnance, dans un délai d’un mois après notification par huissier, en exposant par écrit les motifs précis de la contestation.
Après le jugement rendu sur opposition, il est possible d’exercer un appel devant la cour d’appel compétente dans le délai d’un mois à compter de la signification du jugement.
Le délai est strictement de 30 jours (un mois) à compter de la signification de l’ordonnance au débiteur par huissier.
Oui, une opposition déposée hors délais ou sans motif valable peut être jugée irrecevable. En outre, des irrégularités procédurales ou l’absence de pièces justifiant la contestation sont également des causes d’irrecevabilité.
L’huissier est incontournable pour la signification de l’ordonnance et, en cas d’exécution forcée, pour la mise en œuvre des mesures d’exécution.
Oui, pour les créances commerciales entre commerçants ou sociétés, le tribunal de commerce est compétent.
Certaines démarches et suivis sont aujourd’hui disponibles en ligne, notamment pour obtenir ou contester une injonction de payer. Toutefois, la phase d’opposition implique souvent une comparution physique ou représentée.
La mise en demeure est une lettre préalable invitant le débiteur à régler sa dette; l’injonction de payer est une procédure judiciaire pouvant aboutir à une exécution forcée.
Maîtriser la contestation d’une injonction de payer nécessite rigueur, réactivité et clarté dans l’argumentation. Vouloir se défendre efficacement passe par la compréhension des enjeux, le respect scrupuleux des délais et l’appui, autant que possible, d’un professionnel du droit.
Article rédigé par Guillaume Leclerc, avocat en contrats commerciaux et contentieux commerciaux à Paris.