Le contrat de licence de logiciel permet d’encadrer l’utilisation des logiciels, de protéger les droits de l’éditeur et de garantir la sécurité juridique du licencié. Découvrez dans cet article tout ce qu’il faut savoir pour rédiger, négocier et sécuriser votre contrat.
Un contrat de licence de logiciel est un accord juridique par lequel l’éditeur d’un logiciel (titulaire des droits d’auteur) autorise un tiers – le licencié – à utiliser son logiciel dans des conditions précisément définies, sans pour autant lui céder la propriété intellectuelle.
Le logiciel reste la propriété inaliénable de son auteur, mais il en concède l’usage à l’utilisateur, généralement contre le paiement d’une redevance ou d’un prix. Exemple : Microsoft Office est licencié à ses utilisateurs sans transfert de propriété du logiciel.
N.B. : le contrat de licence est distinct du contrat de cession qui transfère définitivement les droits patrimoniaux sur le logiciel.
Le recours à ce contrat est essentiel pour :
• Sécuriser l’utilisation du logiciel et éviter les litiges sur la propriété.
• Définir clairement les droits et obligations de chaque partie.
• Prévoir un cadre pour la maintenance, l’évolution, la mise à jour et la résolution des conflits.
• Répondre aux exigences réglementaires, notamment en matière de protection des données et de sécurité informatique.
Les licences propriétaires sont les plus courantes dans le secteur commercial. Elles interdisent à l’utilisateur de modifier, de distribuer ou d’accéder au code source du logiciel. L’utilisateur obtient un droit d’usage limité, souvent pour un nombre d’appareils ou d’utilisateurs défini.
Exemple : Adobe Creative Cloud.
Les licences libres ou open source (FOSS) permettent à l’utilisateur d’accéder au code source, de le modifier et de le redistribuer, sous réserve du respect des termes de la licence (copyleft fort comme GNU GPL, copyleft faible comme LGPL, ou permissives comme MIT ou Apache).
Exemple : Le système d’exploitation Linux distribué sous licence GPL.
Des modèles hybrides existent, notamment le Software as a Service (SaaS), où l’accès au logiciel se fait à distance via abonnement, sans remise du code source à l’utilisateur.
Exemple : Salesforce.
Permet à l’utilisateur d’exploiter le logiciel dans un périmètre défini (durée, nombre d’utilisateurs, fonctionnalités), mais n’autorise aucune modification ni redistribution.
Va plus loin en octroyant un droit d’exploitation commercial du logiciel (ex : intégration dans une offre de services).
Autorise un tiers (revendeur, intégrateur) à distribuer le logiciel auprès de clients finaux, avec des conditions spécifiques.
Attention, il ne s’agit plus d’une licence mais d’un transfert de propriété intellectuelle : le cessionnaire devient titulaire des droits patrimoniaux sur le logiciel.
Il est fondamental de bien identifier le donneur de licence et le licencié, ainsi que le périmètre exact du logiciel (version, modules, documentation, objets complémentaires).
Exemple de clause :
« Le Donneur de licence concède à l’Utilisateur un droit d’utilisation non exclusif sur le Logiciel X, dans sa version 2.5, pour une durée de 12 mois, pour un maximum de 10 utilisateurs. »
Le contrat doit préciser ce qui est permis (installation, sauvegarde, copie de sécurité) et ce qui est interdit (modification, ingénierie inverse, revente, transfert à des tiers).
Exemple :
« L’utilisateur s’engage à ne pas tenter d’accéder au code source, ni à redistribuer le logiciel, sauf accord préalable écrit du propriétaire. »
La durée du contrat est un élément structurant : durée déterminée (avec possibilité ou non de renouvellement), ou durée indéterminée (résiliation par préavis).
Exemple :
« La présente licence est concédée pour une période initiale de 24 mois, renouvelable tacitement par périodes de 12 mois sauf dénonciation par lettre recommandée un mois avant échéance. »
Le contrat fixe le prix de la licence, son mode de calcul (forfait, redevance proportionnelle, prix par utilisateur).
Exemple :
« Le licencié versera au donneur de licence une redevance annuelle de 1 500 € payable à la signature du contrat. »
Une clause sur la maintenance et les mises à jour est essentielle pour garantir la pérennité du logiciel, ainsi que l’accès à un support technique.
Exemple :
« Le donneur de licence s’engage à fournir les mises à jour et la maintenance corrective du logiciel pour la durée du contrat, avec une garantie de traitement des incidents sous 48h ouvrées. »
Le donneur de licence garantit qu’il détient les droits nécessaires sur le logiciel et qu’il en assure la conformité réglementaire.
Exemple jurisprudentiel :
La jurisprudence exige que l’éditeur puisse garantir au licencié que le logiciel n’est pas contrefait ou grevé de droits de tiers (CA Paris, 15 juin 2021).
Préciser la responsabilité de chaque partie et les éventuelles limitations de responsabilité (exclusion de dommages indirects, plafonnement).
Exemple :
« La responsabilité du donneur de licence est limitée au montant total des redevances effectivement versées sur les 12 derniers mois. »
Organiser les modalités de résiliation anticipée (manquement grave, inexécution), la restitution du logiciel, et la gestion des données.
Exemple :
« En cas de résiliation, le licencié s’engage à désinstaller le logiciel de tous ses équipements dans un délai de 30 jours. »
La licence doit inclure une clause sur la conformité RGPD si traitement de données personnelles, ainsi que sur la sécurité des systèmes.
Exemple :
« Le licencié garantit le respect des obligations issues du RGPD dans le cadre de l’exploitation du logiciel. »
Déterminer la juridiction compétente (souvent celle du siège de l’éditeur) et la loi applicable (française dans la majorité des cas).
« L’utilisateur s’interdit toute utilisation du logiciel à des fins contraires à la législation en vigueur, toute tentative d’ingénierie inverse ou de modification du code source. »
Dans le SaaS, le logiciel n’est pas téléchargé, mais utilisé via une interface web. Le contrat de licence devra détailler les garanties de disponibilité, le niveau de service (SLA), et l’accès aux données hébergées.
Prévoyez toujours un préavis en cas de résiliation unilatérale, sauf faute grave, avec modalités d’indemnisation ou d’accompagnement vers un autre logiciel.
La jurisprudence encadre les problématiques de contrefaçon, de violation de licence et de responsabilité de l’éditeur. Exemple : une clause qui excluait toute réparation pour interruption du service a été jugée abusive car privait l’utilisateur de toute garantie minimale (CA Versailles, 7 juillet 2023).
• Adapter le périmètre aux besoins concrets du client (nombre d’utilisateurs, géographie, type d’utilisation).
• Préciser le régime de sauvegarde, de restitution et d’effacement des données.
• Vérifier la portabilité et l’interopérabilité entre différents logiciels.
• Veiller à la compatibilité du contrat avec d’autres contrats informatiques déjà souscrits.
Il s’agit d’un contrat qui permet à un utilisateur d’exploiter un logiciel dans des conditions définies, tout en préservant la propriété intellectuelle de l’éditeur.
• Licences propriétaires
• Licences libres et open source
• Licences hybrides ou SaaS
On distingue la licence d’utilisation, la licence d’exploitation, la licence de distribution, et la cession de droits.
C’est l’autorisation contractuelle donnée par l’auteur d’un logiciel permettant à un tiers de l’utiliser selon des conditions déterminées, sans transfert de propriété intellectuelle.
Les clauses essentielles incluent le périmètre logiciel, les conditions d’utilisation, la durée, la rémunération, la maintenance, la conformité, la limitation de responsabilité, la protection des données, la résiliation et la loi applicable.
En définissant précisément les droits concédés, les interdictions, les garanties et les sanctions en cas de non-respect, tout en assurant la conformité réglementaire (notamment RGPD).