Contrats informatiques (IT) et RGPD
23/9/25

Cybersécurité : comment un avocat peut vous aider

Découvrez comment un avocat vous aide à maîtriser la cybersécurité : obligations, risques, normes, bonnes pratiques, exemples de clauses et jurisprudences récentes, FAQ, et conseils de prévention adaptés aux entreprises.

Préambule : Cybersécurité, un enjeu juridique majeur

La cybersécurité constitue aujourd’hui un pilier de la stratégie des entreprises. À l’heure où les attaques informatiques s’intensifient, la prévention des risques numériques et la conformité réglementaire nécessitent une véritable expertise juridique. L’avocat joue un rôle déterminant dans la sécurité des systèmes d’information, la protection des données et la gestion des incidents cyber.

Qu’est-ce que la cybersécurité et pourquoi les entreprises doivent s’en préoccuper ?

Définition et champ d’application

La cybersécurité regroupe l'ensemble des moyens techniques, organisationnels et juridiques destinés à protéger les systèmes informatiques, les réseaux et les données contre les menaces (malveillance, fraude, perte de confidentialité). Pour l'entreprise, il s'agit de garantir non seulement la continuité de l’activité, mais aussi la confiance de ses clients et partenaires.

Exemple concret :
Prenons le cas d’un cabinet d’expertise comptable victime d’un rançongiciel. L’impact se traduit par un arrêt de l’activité, un risque de divulgation d’informations sensibles et l’obligation de notification à la CNIL. L’accompagnement de l’avocat est alors déterminant pour évaluer les responsabilités, organiser la réponse juridique à la crise et éviter d’aggraver les conséquences.

Menaces et risques principaux

  • Attaques par ransomware ou hameçonnage.
  • Espionnage économique et exfiltration de données.
  • Altération ou interruption de service (ex : déni de service).
  • Responsabilité réglementaire en cas de défaillance.

Encadré pédagogique :
Un message frauduleux reçu via email, exploitant l’identité d’un fournisseur, peut inciter le comptable à effectuer un virement frauduleux. L’avocat vous aide à auditer les processus de vérification internes et à établir des protocoles de sécurité adaptés.

Quelles sont les obligations légales et réglementaires en cybersécurité pour les entreprises ?

Principales normes juridiques applicables

Les obligations en cybersécurité varient selon la nature et la taille de l'entreprise, mais trois ensembles de textes s’imposent : le RGPD, la Directive NIS2 et le Code pénal (articles sur l’intrusion frauduleuse ou l’atteinte aux systèmes de traitement automatisé des données).

RGPD : Sécuriser les données personnelles et garantir la confidentialité

Le RGPD impose à toutes les entreprises, indépendamment de leur taille, d’assurer la sécurité des données personnelles contre toute perte, divulgation ou altération. Cela implique :

  • Mise en place de mesures techniques (chiffrement, authentification forte, pseudonymisation) et organisationnelles (chartes internes, formation, politique de gestion des incidents).
  • Obligation de notification à la CNIL sous 72 h en cas de violation de données.
  • Répartition contractuelle des responsabilités entre donneurs d’ordre et sous-traitants (les fournisseurs et partenaires doivent eux aussi répondre des exigences RGPD).
  • Application dans tous les secteurs, y compris l’édition de logiciels, le cloud, la santé et la finance.

Exemple :
Un prestataire SaaS doit chiffrer les bases de données de ses clients et mettre en œuvre des protocoles d’accès sécurisés, sous peine de voir sa responsabilité engagée en cas de fuite de données sensibles.

Directive NIS2 : Sécurisation accrue des secteurs et entreprises critiques

La Directive NIS2, applicable depuis 2024-2025, étend les obligations de cybersécurité à un large spectre d’entreprises des secteurs critiques (banque, énergie, santé, infrastructures numériques, etc.) et à toutes les entreprises de 50 salariés ou plus dans des secteurs identifiés.
Les obligations clés comprennent :

  • Mise en place d’une gouvernance cybersécurité (audits réguliers, plan de continuité, gestion des sauvegardes).
  • Détection et réaction rapide aux incidents (notification obligatoire à l’ANSSI sous 24 h pour les incidents majeurs).
  • Sécurisation de la chaîne d’approvisionnement : les fournisseurs et sous-traitants doivent également être conformes.
  • Surveillance continue, correction rapide des vulnérabilités, chiffrement de bout en bout et authentification renforcée.
  • Formation du personnel et culture de cybersécurité.

Sanctions en cas de non-conformité :
Amendes pouvant atteindre jusqu’à 10 millions d’euros ou 2 % du chiffre d’affaires mondial annuel, avec engagement possible de la responsabilité personnelle du dirigeant en cas de manquement grave.

Code pénal : Lutte contre l’intrusion et les atteintes aux systèmes automatisés

Le Code pénal punit sévèrement les actes de cybercriminalité, ciblant l’accès ou le maintien frauduleux dans un système de traitement automatisé de données, ainsi que l’altération, la suppression ou la détention illicite de données.

  • Intrusion frauduleuse : jusqu’à 3 ans d’emprisonnement et 100 000 € d’amende (jusqu’à 7 ans et 300 000 € si le système concerne des données étatiques).
  • Altération du fonctionnement ou extraction illégale de données : jusqu’à 5 ans d’emprisonnement et 150 000 € d’amende.
  • Usage de moyens frauduleux pour accéder ou modifier les données, transmission ou suppression illicite : peines aggravées pour les systèmes critiques et en cas de récidive.

Exemple jurisprudentiel :
Une entreprise ayant négligé la sécurisation de son serveur, victime d’une attaque de type "defacement", peut voir sa responsabilité pénale engagée si l’intrusion est attribuable à une carence dans les mesures de protection.

En synthèse, la conformité en cybersécurité impose aux entreprises d’anticiper, formaliser et contrôler les risques techniques aussi bien que juridiques : les textes prévoient des sanctions lourdes et une responsabilité qui peut être partagée entre tous les acteurs de la chaîne des systèmes d’information.

Exemple de clause contractuelle :
"Chaque partie s’engage à mettre en œuvre des mesures de sécurité conformes aux standards minimaux de la réglementation applicable, notamment le RGPD et la directive NIS2, et à signaler sans délai toute faille de sécurité constatée."

Le rôle de l’avocat dans la conformité

L’avocat intervient à plusieurs niveaux :

  • Analyse des flux de données et des risques internes.
  • Mise en conformité des contrats (sous-traitants, cloud, prestataires IT).
  • Assistance dans la rédaction et la négociation de clauses de sécurité et de gestion des incidents.

Exemple concret :
Un éditeur de logiciel SaaS confie l’hébergement de ses données à un prestataire externe. L’avocat vérifie la rédaction des clauses relatives à la sécurité informatique, la procédure en cas d’incident de sécurité, et la gestion des notifications à la CNIL.

Jurisprudence récente

La Chambre commerciale de la Cour de cassation a confirmé en 2023 la responsabilité contractuelle d’un fournisseur IT ayant manqué à son obligation de conseil en sécurité, après la compromission d’un système d’encaissement bancaire.
Encadré jurisprudentiel :
"La jurisprudence considère désormais que la sécurité des systèmes est une obligation de résultat pour le prestataire assurant l’hébergement et la maintenance de données sensibles."

Les normes et standards clés de la cybersécurité

Quelles sont les normes en cybersécurité ?

Les principales normes en matière de sécurité informatique sont :

  • ISO/IEC 27001 : système de management de la sécurité de l’information.
  • ISO/IEC 27002 : bonnes pratiques de contrôle et de gestion.
  • RGPD pour la protection des données personnelles.
  • RGS (Référentiel Général de Sécurité) pour les prestataires publics.
  • NIS2 pour les opérateurs de services essentiels.

Exemple concret :
Une entreprise pharmaceutique se dote d’une infrastructure technique certifiée ISO 27001 et sollicite son avocat pour adapter ses contrats et garantir la conformité avec les normes européennes.

Les règles de base de la cybersécurité : que faut-il mettre en place ?

Politiques de sécurité et prévention

L'avocat accompagne la mise en place de politiques internes de sécurité :

  • Authentification forte et traçabilité des accès.
  • Sensibilisation des collaborateurs aux risques numériques.
  • Procédure de gestion de crise et de notification des incidents.

Encadré pratique :
Mettre à disposition un guide interne ("Kit cybersécurité") incluant les procédures à suivre en cas de suspicion de piratage ou d’anomalie. L’avocat vous aide à formaliser ce kit et à l’intégrer dans les contrats de travail ou règlements internes.

Exemples de clauses contractuelles essentielles

Clause de notification des incidents :
"Le prestataire s’engage à notifier sans délai toute violation de sécurité ou incident affectant les données confiées, et à collaborer dans la gestion des mesures correctives."

Clause d’assurance cyber-risques :
"La société souscrira une police d’assurance couvrant l’ensemble des risques de piratage, d’intrusion ou de perte de données, en concertation avec son avocat."

Les piliers de la cybersécurité : quels fondements pour la protection ?

Les 4 piliers de la cybersécurité

  1. Confidentialité : garantir que seules les personnes autorisées accèdent à l’information.
  2. Intégrité : préserver l’exactitude et la fiabilité des données.
  3. Disponibilité : assurer un accès ininterrompu et sécurisé aux données et services.

Exemple concret :
Un cabinet d’avocats doit s’assurer que la transmission des pièces entre confrères s’effectue via une plateforme sécurisée, assurant confidentialité et traçabilité.

En pratique, la doctrine ajoute un quatrième pilier :

  1. Traçabilité/Auditabilité : pouvoir prouver a posteriori qui a fait quoi, quand et comment, pour répondre à toute demande d’autorité ou de régulateur.

Encadré technique :
La mise en place de logs d’accès et de registres d’opérations permet de répondre aux exigences d’auditabilité exigées tant par le RGPD que l’ANSSI ou les tribunaux.

Comment l’avocat vous accompagne de façon concrète dans votre cybersécurité

Audit et cartographie des risques

L’avocat commence par une analyse exhaustive du système d’information, des processus internes, et des flux de données sensibles.
Il identifie les zones de vulnérabilité juridique et technique pour proposer des mesures adaptées, et élabore un rapport d’audit opposable en cas de litige ou de contrôle.

Rédaction des documents contractuels et internes

L’avocat élabore des contrats IT intégrant :

  • Clauses de prévention des cyber-risques (garanties, assurances, obligation de résultat).
  • Modalités de gestion des incidents et du support technique.
  • Accord de confidentialité, charte IT, code d’éthique numérique.

Exemple de clause issue d’un contrat SaaS :
"Le fournisseur garantit la mise en œuvre d’une politique de sécurité conforme aux exigences ISO/IEC 27001 et s’engage à un audit annuel indépendant, à la charge du client."

Gestion des incidents et contentieux cyber

En cas d’attaque ou de compromission, l’avocat pilote les aspects légaux :

  • Notification à la CNIL et aux parties concernées.
  • Rédaction du reporting d’incident.
  • Assistance dans les procédures judiciaires ou administratives.
  • Négociation avec les assureurs et les prestataires IT.

Exemple concret :
Une PME victime d’une fuite de données doit non seulement éviter l’amende CNIL, mais aussi négocier avec ses clients et fournisseurs sur les conséquences commerciales. L’avocat intervient pour limiter la responsabilité et préserver la réputation de l’entreprise.

Enjeux pratiques et défis émergents de la cybersécurité

Risques liés à la souveraineté numérique et au cloud

Le recours au cloud et aux prestataires étrangers pose la question de la localisation des données et du respect des réglementations nationales et européennes.
L’avocat doit vérifier les garanties légales offertes par le prestataire, la réversibilité des données et la conformité des transferts transfrontaliers.

Encadré pratique :
Demander systématiquement une attestation de conformité RGPD aux prestataires SaaS, et prévoir une clause contractuelle de réversibilité des données ("Le prestataire s’engage à restituer l’ensemble des données, dans un format ouvert, en fin de contrat ou en cas d’incident grave.").

Jurisprudence et sanctions récentes

La CNIL a récemment sanctionné une startup française pour défaut de sécurité sur son serveur hébergeant des données clients.
Le contrôle a révélé l’absence de chiffrement des bases de données, une mauvaise gestion des mots de passe, et l’inexistence de procédure de notification des incidents.
Sanction :
Amende administrative de 25 000 euros et publication de la décision.

FAQ : Les questions fréquentes sur la cybersécurité et le rôle de l'avocat

Quelles sont les normes en cybersécurité ?

Les entreprises doivent se conformer aux normes ISO/IEC 27001 et 27002, au RGPD pour la protection des données personnelles, à la directive NIS2 pour les opérateurs de services essentiels, et à tout standard spécifique de leur secteur (santé, finance, etc.).

Quelles sont les règles de base de la cybersécurité ?

  • Mettre en place une politique de sécurité interne.
  • Limiter les accès et les autorisations.
  • Sensibiliser et former ses collaborateurs.
  • Assurer la traçabilité des opérations.
  • Prévoir un protocole clair de gestion des incidents.

Quels sont les 3 piliers de la cybersécurité ?

Confidentialité, intégrité, et disponibilité sont les trois piliers fondamentaux pour garantir la sécurité des systèmes et des données.

Quels sont les 4 piliers de la cybersécurité ?

Si l’on ajoute la traçabilité/auditabilité, on obtient un quatrième pilier indispensable pour garantir la conformité réglementaire et prouver les actions entreprises en cas de contrôle ou de litige.

Quelle est la plus-value de l’avocat en cybersécurité ?

L'avocat apporte une vision globale, juridique et stratégique sur la gestion des risques, la rédaction des contrats, la réactivité en cas d’incident, et la prévention des contentieux.
Son intervention permet d’adapter l’organisation interne aux exigences réglementaires, de négocier les relations avec les prestataires IT et de garantir une protection optimale des intérêts de l’entreprise.

Comment choisir son avocat en cybersécurité ?

Optez pour un avocat doté d’une expérience reconnue en droit des nouvelles technologies, en conformité RGPD/NIS2, et ayant l’habitude de traiter avec des DSI, RSSI et assureurs spécialisés. Vérifiez la présence de publications régulières et d’interventions dans des colloques ou formations spécialisées.

Conclusion : L’avocat, partenaire-clé de votre cyberprotection

La cybersécurité ne se limite plus à un enjeu technique ; elle est devenue une composante centrale du contrat et de la responsabilité de l’entreprise. Le recours à un avocat expérimenté vous permet :

  • D’anticiper les risques juridiques.
  • De sécuriser vos contrats et relations avec les prestataires.
  • De réagir de façon pertinente en cas d’incident.
  • D’assurer la conformité de votre organisation à la réglementation.

Misez sur la prévention avec un audit juridique et la rédaction de clauses adaptées, pour que la cybersécurité devienne un atout, et non une contrainte.

Article rédigé par Guillaume Leclerc, avocat à Paris.