Commercial real estate contracts
9/10/25

Indemnité d'éviction bail commercial : guide complet et exemples pratiques

L'indemnité d'éviction en bail commercial compense le locataire en cas de refus de renouvellement du bail par le bailleur. Découvrez dans ce guide complet les règles juridiques, le calcul détaillé, les conséquences fiscales, les circonstances d'exonération, les procédures et la jurisprudence récente, illustrés par des exemples concrets.

L’indemnité d’éviction, au cœur du statut des baux commerciaux, protège les commerçants face au refus du renouvellement de leur bail. À travers ce dossier approfondi, nous vous guidons dans la compréhension de ses mécanismes, du calcul jusqu’aux subtilités fiscales et procédurales, en passant par les stratégies à adopter en cas de litige.

Sommaire

  1. Définition et fondements juridiques de l’indemnité d’éviction en bail commercial
  2. Les cas d'ouverture et d'exclusion de l’indemnité d’éviction
    • Refus de renouvellement du bail commercial : avec ou sans indemnité d’éviction ?
  3. Évaluation et calcul de l’indemnité d’éviction
    • Méthodologie et barèmes appliqués
    • Apport de la jurisprudence
    • Exemples pratiques de calcul
  4. Procédure de fixation et de paiement de l’indemnité
    • Accord amiable ou fixation judiciaire ?
    • Délais, modalités et obligations des parties
  5. Conséquences fiscales et comptables de l’indemnité d’éviction
    • Traitement fiscal côté bailleur et locataire
    • Points d’attention en comptabilité
    • Particularités pour les résidences de tourisme et baux mixtes
  6. FAQ - Vos questions les plus fréquentes sur l’indemnité d’éviction en bail commercial
  7. Encadré pratique : clause-type d’indemnité d’éviction
  8. L'accompagnement juridique : une nécessité réglementée

Définition et fondements juridiques de l’indemnité d’éviction en bail commercial

Qu’est-ce que l'indemnité d'éviction ?

L'indemnité d'éviction constitue la compensation financière versée par le bailleur au locataire lorsque ce dernier refuse de renouveler le bail commercial sans motif légitime. Cette indemnité vise à réparer l’intégralité du préjudice subi par le locataire commercialement évincé. Elle permet au locataire protégé par la réglementation des baux commerciaux de retrouver, autant que possible, la situation qui aurait été la sienne si le bail avait été renouvelé.

Fondements juridiques

  • Article L. 145-14 du Code de commerce : « Le bailleur doit au locataire évincé une indemnité dite d’éviction égale au préjudice causé par le défaut de renouvellement. »
  • Article L. 145-28 du Code de commerce : Le locataire a le droit de rester dans les lieux jusqu’au paiement de l’indemnité d’éviction.
Exemple concret : Un bailleur refuse le renouvellement du bail pour céder l’immeuble. Il devra verser l’indemnité d’éviction pour permettre au commerçant de reconstituer son fonds de commerce transféré ou perdu.

Les cas d'ouverture et d'exclusion de l’indemnité d’éviction

Refus de renouvellement du bail commercial : avec ou sans indemnité d’éviction ?

Avec indemnité d’éviction :

  • Lorsque le bailleur refuse le renouvellement du bail sans motif grave et légitime, ou sans offrir une solution satisfaisante de relocation au preneur.
    • Exemple : La vente de l’immeuble ou la reprise pour occupation personnelle.
  • En cas de reprise pour réaliser des travaux importants ne permettant pas le maintien du locataire.

Sans indemnité d’éviction :

  • Si le bailleur invoque un motif grave et légitime, tel que des manquements contractuels du locataire (défaut de paiement des loyers, infractions graves).
  • Si l’immeuble doit être démoli pour cause d’insalubrité avérée.
    • Exemple : Locataire expulsé pour transformation illicite des locaux ou activité illicite.
À noter : Les motifs doivent être réels, précis et prouvés par le bailleur. En pratique, la jurisprudence est exigeante sur la preuve du motif grave et légitime.

Évaluation et calcul de l’indemnité d’éviction

Méthodologie générale

Le principe de réparation intégrale anime le calcul de l’indemnité d’éviction. Concrètement, il s'agit d'évaluer tous les postes de préjudices consécutifs à la perte du bail :

  • Valeur du fonds de commerce (clientèle, achalandage, droit au bail), selon les usages de la profession.
  • Frais normaux de déménagement et de réinstallation (professionnels, matériels, adaptation des nouveaux locaux).
  • Frais et droits de mutation nécessaires à la reconstitution du fonds.
  • Indemnités accessoires : par exemple, indemnités pour licenciement de salariés, perte de logement ou de licence spécifique.

Barème et absence de liste exhaustive

La loi ne fixe pas de barème : chaque situation est appréciée au cas par cas, en s’appuyant sur des expertises et sur la jurisprudence.

Exemple pratique :

  • Un commerçant doit déménager et retrouver un local équivalent dans la même zone. Tous les frais justifiés (transport, nouveaux aménagements…) viendront s’ajouter à la valeur du fonds de commerce à indemniser.

Bon à savoir : Si le locataire parvient à transférer son fonds sans perte de clientèle, on parle d’indemnité de déplacement, moins élevée que l’indemnité de remplacement due lorsqu’il perd sa clientèle.

Apports de la jurisprudence

Les décisions judiciaires affinent l’évaluation des préjudices :

  • Si le refus de renouvellement entraîne une perte de la clientèle, l’indemnité prime sur tout.
  • La valeur prise en compte est celle du fonds prime au jour où le locataire quitte effectivement les lieux.
  • En cas de litige ou divergence de calcul, le tribunal judiciaire nomme généralement un expert indépendant.

Tableau synthétique d’évaluation

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Poste indemnisé Critères d’évaluation Exemples
Fonds de commerce Valeur vénale, clientèle attachée, usages professionnels Pharmacie de quartier, salon de coiffure, etc.
Droit au bail Valeur locative, solde de durée du bail restant Commerce bénéficiant d’un loyer bas
Déménagement, réinstallation Frais réels et justifiés (devis, factures) Changement de local, nouveaux aménagements
Indemnités accessoires Licenciements, fins de contrats, pertes diverses Indemnité de licenciement pour un employé devenu inutile

Exemple chiffré de calcul de l’indemnité d’éviction

Imaginons un fonds de commerce valorisé à 120 000 €, frais de déménagement à 10 000 €, aménagement nouveaux locaux à 25 000 € : l’indemnité globale serait donc de l’ordre de 155 000 €, sous réserve de la preuve des préjudices réellement subis.

Outils pratiques

  • Il existe des simulateurs d’indemnité d’éviction sur les sites professionnels d’avocats spécialisés ; ils donnent une première estimation mais ne remplacent pas une analyse sur-mesure.

Procédure de fixation et de paiement de l’indemnité

Accord amiable ou fixation judiciaire ?

  • Accord amiable : Les parties peuvent parvenir à une estimation négociée avec l’appui de leurs conseils. L’accord doit être formalisé par écrit.
  • Référé devant le tribunal judiciaire : À défaut d’accord, le locataire peut saisir le tribunal compétent, qui désignera un expert, puis fixera le montant.

Délais et modalités

  • Versement préalable : Aucun locataire ne peut être contraint de quitter les lieux avant d’avoir perçu en totalité l’indemnité d’éviction.
  • Maintien dans les lieux : Le locataire a droit à un maintien dans les lieux jusqu’au paiement effectif. Ensuite, il dispose de trois mois pour libérer les locaux.
    • Exemple : Un bailleur notifie le refus de renouvellement et propose une somme contestée : le locataire peut rester jusqu’au paiement de l’indemnité fixée par décision judiciaire.
  • Formalisation : La notification et le paiement suivent les formes prévues par le Code de commerce (LRAR, acte d’huissier, remise en main propre).

Conséquences fiscales et comptables de l’indemnité d’éviction

Traitement fiscal chez le locataire

  • Lorsque l’indemnité compense la perte du fonds de commerce (clientèle, droit au bail…), elle est assimilée à un produit de cession et imposée selon le régime des plus-values (IR ou IS).
  • Si l’indemnité couvre des charges (déménagement, licenciements, perte d’exploitation) : elle est imposable comme un revenu classique.
  • Elle peut être soumise à la TVA dans certains cas. Il convient toujours de préciser le montant HT lors des transactions.

Traitement fiscal chez le bailleur

  • Pour le propriétaire, l’indemnité versée est déductible des revenus fonciers (pour maximiser l'intérêt fiscal, fournir les justificatifs nécessaires en cas de contrôle).
    • Exemple : Un bailleur souhaitant récupérer les locaux loués pour son activité personnelle : indemnité déductible du revenu foncier.

Comptabilisation

  • Chez le bénéficiaire (locataire) : l’indemnité d’éviction se comptabilise pour partie au compte « Produits de cession d’éléments d’actif » (pour la part couvrant la perte d’un élément du fonds de commerce) et pour partie dans le résultat d’exploitation (pour la part liée à la perte d’exploitation courante). Si l’opération n’est pas liée à l’activité principale, il s’agit d’un produit exceptionnel.
  • Chez le payeur (bailleur) : charge déductible.

Particularités

  • Baux de résidence de tourisme : l’indemnité respecte les mêmes grands principes, sous réserve de certaines adaptations (durée limitée, fiscalité propre à ce secteur).
  • Bail mixte (habitation et commerce) : l’indemnité peut devoir réparer la perte du logement, au-delà du seul fonds commercial.

Les questions fréquentes sur l’indemnité d’éviction bail commercial

Quelle est l'indemnité d'éviction pour un bail commercial ?

C’est une somme destinée à indemniser intégralement le locataire pour la perte de son bail, pouvant couvrir la valeur du fonds de commerce, le droit au bail, les frais de déplacement, la perte de clientèle, et d’autres préjudices.

Comment ne pas payer l'indemnité d'éviction ?

Le bailleur n’est pas tenu de verser l’indemnité s’il prouve un motif grave et légitime contre le preneur (impayés, manquements répétés, activités prohibées, insalubrité imposant la démolition…)

Quels sont les cas d’un refus de renouvellement du bail commercial avec indemnité d’éviction et sans indemnité d’éviction ?

  • Refus avec indemnité : refus simple, reprise de locaux, réalisation de travaux, etc.
  • Refus sans indemnité : faute grave du locataire, locaux insalubres nécessitant une destruction.

Comment est calculée l'indemnité d'éviction pour trouble commercial ?

On tient compte du préjudice réel : si la clientèle ne peut être déplacée, le montant sera calé sur la perte intégrale du fonds ; en cas de transfert, il s’agira de compenser la perte liée au déplacement (perte partielle de clientèle, frais d’installation, etc.).

Jurisprudence indemnité d’éviction bail commercial : quelles tendances marquantes ?

La jurisprudence réaffirme régulièrement le principe de réparation intégrale : le montant de l’indemnité doit réparer tous les préjudices subis, et la charge de la preuve pèse sur le bailleur s’il souhaite limiter ce montant. Les tribunaux sont également attentifs aux fraudes ou abus de droit.

Calcul indemnité d’éviction bail commercial : qui intervient ?

Si un accord amiable n’est pas trouvé, le juge fera appel à un expert (souvent un expert agréé près les tribunaux) pour chiffrer l’ensemble du préjudice.

Existe-t-il un simulateur d’indemnité d’éviction ?

Des outils existent, mais n’ont qu’une valeur indicative. La complexité des paramètres impose de solliciter un spécialiste (avocat, expert judiciaire).

Indemnité d'éviction bail commercial fiscalité : qui paie, que déclarer ?

Côté bailleur, c’est une charge déductible. Côté locataire, l’indemnité touchée peut être soumise à l’IS, IR et parfois à la TVA. Il faut donc bien déclarer selon la nature du préjudice indemnisé et demander conseil à son expert-comptable ou à son avocat.

Résiliation bail commercial indemnité d’éviction : est-ce automatique ?

Non – encore une fois, tout dépend du motif de résiliation et du respect des conditions (délai de préavis, notification…).

Indemnité d'éviction locataire bail d'habitation : même régime ?

Non, le bail d’habitation obéit à une réglementation distincte. Les règles de l’indemnité d’éviction sont strictement prévues pour les baux commerciaux.

Calcul indemnité d’éviction bail commercial résidence de tourisme ?

Le calcul répond aux principes généraux, mais l’évaluation du fonds de commerce tient compte de la spécificité des résidences de tourisme (saisonnalité, clientèle internationale, etc.).

Conditions de renouvellement du bail commercial et incidence sur l’indemnité d’éviction ?

Le droit au renouvellement protège le locataire. Si le bailleur refuse ce droit sans motif exonératoire, le paiement de l’indemnité d’éviction s’impose.

Encadré pratique : exemple de clause d’indemnité d’éviction

Voici un exemple de clause à insérer dans un bail commercial, que vous pouvez adapter à vos besoins :

« En cas de refus de renouvellement du présent bail sans motif grave et légitime, le bailleur sera redevable, au profit du locataire, d’une indemnité d’éviction équivalente au préjudice effectivement subi, conformément à l’article L. 145-14 du Code de commerce. Le montant de cette indemnité sera fixé, à défaut d’accord entre les parties, par un expert désigné d’un commun accord ou à défaut par le tribunal compétent. »

L’accompagnement par un avocat : une garantie pour défendre vos intérêts

Le droit des baux commerciaux et l’indemnité d’éviction forment une matière complexe et réglementée, sensible aux évolutions jurisprudentielles et législatives. Chaque dossier présente des spécificités et des risques particuliers. Les conseils d’un avocat sont indispensables pour anticiper au mieux toutes les conséquences financières, fiscales et opérationnelles de chaque décision, et ainsi sécuriser durablement vos droits.

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Article rédigé par Guillaume Leclerc, avocat en contrats commerciaux et contentieux commerciaux à Paris.