Découvrez tout sur la clause de buy or sell, aussi appelée clause américaine ou clause texane : définition juridique, fonctionnement, exemples concrets, et conseils pratiques pour l’intégrer efficacement dans un pacte d’associés afin d’éviter les blocages entre dirigeants de PME.

Dans les PME où le capital est souvent détenu à parts égales, les désaccords entre associés peuvent rapidement paralyser la société. La clause de buy or sell, également appelée clause américaine ou clause texane, constitue un outil juridique redoutablement efficace pour prévenir ces blocages.
Cet article vous propose une analyse complète de ce mécanisme, ses variantes, son cadre juridique, sa rédaction, les risques à anticiper, et des conseils concrets pour les dirigeants de PME.
La clause de buy or sell est une clause de sortie insérée dans un pacte d’associés ou dans les statuts d’une société. Elle permet de résoudre un conflit entre deux associés en imposant la sortie de l’un d’entre eux selon un mécanisme d’offre et de contre-offre.
Concrètement, un associé (l’initiateur) propose à un autre le rachat de ses titres à un prix fixé. Le second associé a alors deux options :
Quelle que soit la réponse, un des deux associés quitte la société, évitant ainsi la paralysie.
Ce mécanisme trouve ses racines dans le droit américain, d’où son appellation de clause américaine ou Texas shoot-out clause. En France, elle a été progressivement reconnue par la jurisprudence, notamment par la chambre commerciale de la Cour de cassation qui, dans un arrêt du 12 février 2025 (n° 23-16.290), a confirmé sa validité.
La clause a pour objectif principal d’éviter les situations de paralysie dans les sociétés à deux associés, souvent à parts égales. En cas de mésentente durable, elle permet une séparation rapide et équitable.
Elle évite qu’un conflit d’associés ne mette en péril l’activité, en assurant qu’un seul décideur détienne finalement les parts sociales.
Imaginez une SAS détenue à 50/50 par deux associés, M. Dupont et Mme Martin. Un désaccord stratégique éclate : M. Dupont souhaite se tourner vers l’international, Mme Martin s’y oppose. Grâce à une clause de buy or sell, M. Dupont peut proposer à Mme Martin de lui racheter ses titres à 300 000 €. Mme Martin peut soit vendre à ce prix, soit racheter les parts de M. Dupont au même montant. Le blocage est ainsi levé.
Le processus repose sur l’équilibre contractuel : celui qui fixe le prix prend le risque d’être soit acheteur, soit vendeur à ce prix. D’où la nécessité d’un prix juste et sincère.
Dans tous les cas, la société retrouve un seul associé majoritaire.
La version dite texane prévoit que l’associé destinataire puisse proposer un contreprix, que le premier devra accepter ou refuser selon le même principe.
La Cour de cassation valide régulièrement la clause au regard de l’article 1591 du Code civil, selon lequel le prix d’une vente doit être déterminé ou déterminable. Le mécanisme n’est donc pas considéré comme une fixation unilatérale du prix, car l’autre associé dispose d’un pouvoir symétrique.
Le prix peut être :
Un prix révisable est recommandé pour tenir compte de l’évolution de la société.
En cas de désaccord grave et persistant entre les associés, l’un d’eux pourra notifier à l’autre son intention de mettre en œuvre la présente clause. Il proposera un prix par titre pour le rachat de la totalité des participations de l’autre. Ce dernier disposera d’un délai de trente jours pour soit céder ses titres au prix proposé, soit acquérir ceux de l’initiateur au même prix. À défaut de réponse dans le délai, il sera réputé avoir accepté l’offre initiale.
D’où l’importance d’une rédaction sur-mesure par un avocat.
La clause de buy out impose la cession forcée des parts d’un associé selon des conditions précises (ex. : départ, décès). La buy or sell repose, elle, sur un mécanisme symétrique entre deux associés en désaccord.
Oui, notamment dans les SAS, SARL et SNC. Elle doit toutefois respecter les règles de gouvernance propres à chaque structure.
Oui, mais le principe d’équité est assuré par le mécanisme lui-même : celui qui fixe le prix prend le risque d’être vendeur ou acheteur. Les juges valident cette pratique si le second associé n’est pas lésé.
Faites évaluer la société par un expert-comptable ou un évaluateur indépendant pour éviter toute contestation ultérieure sur la valeur des titres.
Oui, il est fortement conseillé d’insérer une clause de révision pour adapter le prix en fonction de la situation réelle de la société.
La rédaction et la mise en œuvre d’une clause de buy or sell constituent des opérations techniques et stratégiques. Elles impliquent une analyse fine de la structure du capital, de la capacité financière des associés et des conséquences fiscales.