Commercial contracts
28/9/25

Le Guide Complet du Contrat Freelance en France

Découvrez tout ce qu’il faut savoir sur le contrat freelance : définition, fonctionnement, différences avec le salariat, clauses essentielles et exemples pratiques. Un guide rédigé par un avocat en contrats commerciaux à Paris.

Introduction

Le recours à un contrat freelance s'impose pour sécuriser vos collaborations avec des travailleurs indépendants dans de multiples secteurs : informatique, conseil, communication, graphisme, enseignement, etc. Comprendre le cadre juridique, les clauses essentielles et les bonnes pratiques permet de protéger efficacement vos droits et d’anticiper les risques de requalification en contrat de travail.

Qu’est-ce qu’un contrat freelance ?

Freelance : définition juridique et distinction avec auto-entrepreneur

Un freelance est un professionnel indépendant qui propose ponctuellement ou régulièrement ses services, sans lien de subordination, à des entreprises ou particuliers. Légalement, il peut adopter différents statuts : entreprise individuelle (EI, micro-entreprise), société unipersonnelle (EURL, SASU), cumul avec d’autres statuts, voire portage salarial. Ce choix conditionne ses obligations fiscales, sociales et sa protection sociale.

Exemple : un développeur web peut être freelance en micro-entreprise, tandis qu’un consultant international privilégiera la SASU pour structurer sa facturation et sa protection sociale.

Les différences entre contrat freelance et contrat de travail

  • Absence de lien de subordination : le freelance reste libre d’organiser son emploi du temps, d’accepter ou non les missions, sans recevoir d’ordres permanents.
  • Négociation des conditions : le freelance fixe ses propres tarifs, conditions de réalisation, planning.
  • Risque de requalification : si la réalité de la collaboration révèle un contrôle hiérarchique ou une intégration dans le fonctionnement de l’entreprise, une requalification en contrat de travail est possible.

Dans quels cas recourir à un contrat freelance ?

  • Besoin ponctuel ou expertise rare : développement d’un site web, rédaction de contenus spécialisés.
  • Mission indépendante : la prestation n’est pas soumise à des horaires fixes ou à un processus interne rigide.
  • Externalisation de compétences : design, traduction, conseil en organisation.

Exemples concrets :

  • Mandater un graphiste freelance pour le lancement d’un nouveau logo d’entreprise.
  • Solliciter un consultant en RGPD pour auditer la conformité d’une PME.

Les obligations des parties dans un contrat freelance

Obligations du freelance

  • Obligation de moyen : il s’engage à mobiliser ses compétences et tous les moyens nécessaires, sans garantir un résultat.
  • Exécution de la mission : respecter la mission confiée, informer le client en cas de difficulté.
  • Responsabilité civile professionnelle : souscription souvent recommandée pour anticiper d’éventuels litiges.

Obligations du client

  • Paiement : respecter le tarif convenu (TJM, forfait…), dans les délais fixés.
  • Fournir les informations ou moyens nécessaires à l’exécution de la prestation.
  • Pour les prestations supérieures à 3 000 €, demander l’attestation de vigilance prouvant que le freelance est à jour de ses obligations sociales.

Que doit contenir un contrat freelance ?

Le contrat doit impérativement contenir :

  • Identification des parties : nom, forme juridique, siège, représentant.
  • Description précise de la mission, livrables attendus, objectifs concrets.
  • Durée et calendrier : dates d’exécution, délais, modalités de report.
  • Rémunération : montant, modalités de paiement, pénalités en cas de retard.
  • Résiliation anticipée : conditions, préavis, indemnités.
  • Modalités de résolution des litiges (juridiction ou arbitrage).

Exemple de clause sur l’objet :
« Le Prestataire s’engage à réaliser la mission suivante : [préciser la prestation, ex : refonte du site internet de la société X, livraison d’un rapport d’audit RGPD, etc.] dans un délai de [X semaines] à compter de la signature du présent contrat. »

Les clauses essentielles d’un contrat freelance

Clause de non-concurrence

Elle interdit au freelance de solliciter ou de travailler pour un concurrent direct du client, limitée dans le temps, l’espace, et proportionnée à l’objet du contrat (exemple : 12 mois, France entière, domaine de la cybersécurité).

Clause de confidentialité

Protège les données et les informations sensibles du client durant et après la mission. Elle doit spécifier les éléments concernés et prévoir, le cas échéant, une pénalité en cas de violation.

Clause de propriété intellectuelle

Elle précise à quel moment les droits sur la création du freelance (codes, œuvres graphiques…) sont transférés au client, pas automatiquement dès le paiement sauf stipulation expresse.

Exemple de clause :
« Toutes les créations réalisées par le Prestataire dans le cadre de la présente mission demeurent sa propriété jusqu’au paiement intégral du prix convenu, date à laquelle les droits patrimoniaux sont cédés au Client pour [domaine d’utilisation, durée, support]. »

Clause de résiliation anticipée

Elle fixe les modalités de terminaison anticipée, la durée du préavis, les raisons légitimes (faute grave, retard répété, force majeure…).

Clause de résolution des litiges (compromissoire)

Prévoit qu’en cas de différend, les parties tenteront d’abord une médiation ou un arbitrage, avant d’assigner devant le tribunal compétent.

Les risques majeurs à encadrer et la jurisprudence récente

Le risque de requalification en contrat de travail

Il surgit si la relation recèle un lien de subordination (horaires imposés, intégration dans l’équipe, compte-rendu systématique, etc.). Ceci a été rappelé par de multiples décisions, notamment : un professeur d’anglais sous contrat “freelance“ requalifié en salarié dès lors qu’il devait suivre un planning, un cahier des charges trop contraignant et recevait sanctions disciplinaires [CA Paris, 18 nov. 2010].

Éléments factuels surveillés par les juges

  • Directives précises et contrôle permanent du client.
  • Équipement et locaux fournis par le client.
  • Inclusion dans l’organigramme et la communication interne.

Encadré pédagogique :

Pour éviter tout risque de requalification, veillez à convaincre que : le freelance reste autonome dans la façon de réaliser sa mission, qu’il enchaîne plusieurs clients et ne dépend pas économiquement du donneur d’ordre.

Les statuts possibles pour le freelancing en France

Micro-entrepreneur

Le régime le plus simple au démarrage : déclaration facile, comptabilité allégée, plafonds de CA.

Entreprise individuelle (EI) ou classique

Idéal pour les freelances ayant un chiffre d’affaires régulier et des charges à déduire.

Création de société (EURL, SASU)

Permet de séparer patrimoine professionnel/privé, d’optimiser la fiscalité, de s’associer à terme.

Portage salarial

Pour bénéficier du statut salarié tout en gardant l’indépendance d’une prospection libre (applicable en conseil, formation, etc.).

Cas spécifique des Freelances enseignants et consultance

Statut de CESU pour cours à domicile, auto-entrepreneur ou portage salarial pour missions régulières. Attention : missions durables ou intégration à l’établissement = risque de requalification.

Modèle de contrat freelance – Structure type à télécharger

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Clause Contenu essentiel
Identité des parties Nom, adresse, statut, représentant légal
Objet de la mission Description précise, livrables, délais
Rémunération TJM ou forfait, modalités de paiement
Modalités de paiement Échéance, acompte, pénalités de retard
Clause de confidentialité Étendue de la confidentialité, durée
Clause de propriété intellectuelle Transfert des droits, moment, support
Clause de non-concurrence Domaine, durée, zone géographique
Résiliation anticipée Préavis, motifs légitimes
Litiges Compromis, juridiction choisie

Exemples concrets et bonnes pratiques

  • Ne jamais réutiliser un modèle “générique” sans l’adapter à la mission et à la situation du freelance.
  • Préciser chaque modalité (clause de prestation, propriété intellectuelle, confidentialité) en évitant les ambiguïtés.
  • Rédiger les clauses de paiement en séparant acompte, échéancier, et pénalités dissuasives.
  • Lister les éléments “hors mission” (prestations exclues, matériel non fourni...).

FAQ – Questions fréquentes sur le contrat freelance

C’est quoi un contrat de freelance ?

Un accord écrit ou verbal par lequel une entreprise ou un particulier mandate un professionnel indépendant pour une mission définie, sans lien de subordination.

C’est quoi le travail d’un freelance ?

Un freelance choisit ses clients, fixe ses honoraires, organise son planning. Il propose son expertise, réalise des missions, puis facture sa prestation.

Comment est payé un freelance ?

Le plus fréquemment : au TJM (taux journalier moyen), au forfait pour le projet ou à la prestation (ex : rédaction d’un article, création de site web…), paiement à terme ou échelonné selon l’accord.

Quels sont les 4 types de contrat de travail ?

  • Contrat à durée indéterminée (CDI)
  • Contrat à durée déterminée (CDD)
  • Contrat de mission ou d’intérim
  • Contrat d’apprentissage ou de professionnalisation

Peut-on travailler en freelance et salarié ?

Oui, à condition de vérifier l’absence de clause d’exclusivité dans le contrat de travail salarié, et que les deux activités sont compatibles (ex : horaires, absence de concurrence).

Quelle est la différence entre micro-entrepreneur, auto-entrepreneur, freelance ?

Le micro-entrepreneur (anciennement auto-entrepreneur) est un régime fiscal/social simplifié adoptable par un freelance, mais ce n’est pas le seul : EI, EURL, SASU, portage salarial… Freelance désigne la modalité d’activité indépendante plus que le statut juridique.

Peut-on utiliser un modèle Word pour un contrat freelance ?

Oui , mais il doit être adapté à chaque mission et validé par un professionnel du droit pour prévenir tout risque de litige ou de requalification.

Rappel – Réglementation et accompagnement professionnel

Le conseil d’un avocat spécialisé reste indispensable à chaque étape : choix du statut, rédaction des clauses, sécurisation des relations commerciales, anticipation des risques de requalification. Cette matière, soumise à des évolutions régulières jurisprudentielles et fiscales, nécessite un accompagnement individualisé pour garantir la sécurité juridique des parties.

Article rédigé par Guillaume Leclerc, avocat en contrats commerciaux et contentieux commerciaux à Paris.