Tout savoir sur la promesse unilatérale : définition, distinction avec la promesse synallagmatique, exemples concrets, analyse des jurisprudences, et FAQ pour dirigeants de PME traitant des promesses unilatérales de vente, d'achat, de contrat et de travail. Guide complet rédigé par un avocat pour sécuriser vos opérations commerciales.
La promesse unilatérale est un instrument juridique clé pour anticiper, organiser et sécuriser vos opérations commerciales. Pourtant, elle suscite de nombreuses interrogations : quelle est sa portée ? En quoi se distingue-t-elle de la promesse synallagmatique ? Quels en sont les risques pratiques ?
Cet article, pensé pour les dirigeants, vous offre une vision complète de la promesse unilatérale, illustrée par des exemples concrets et des cas pratiques afin d’en maîtriser chaque dimension. Ce guide vise à répondre de façon pédagogique et technique à toutes vos questions sur le sujet.
La promesse unilatérale est un engagement pris par une partie (le promettant) envers une autre (le bénéficiaire) de conclure à l'avenir un contrat déterminé, si le bénéficiaire lève l’option à des conditions prédéfinies. La promesse unilatérale crée ainsi un droit d’option au profit du bénéficiaire, qui peut décider seul de la formation du contrat définitif.
La promesse unilatérale tire son régime de l’article 1124 du Code civil, modifié par l’ordonnance du 10 février 2016. Cet article affirme que :
« La promesse unilatérale est le contrat par lequel une partie, le promettant, accorde à l'autre, le bénéficiaire, le droit d'opter pour la conclusion d'un contrat dont les éléments essentiels sont déterminés. »
Le promettant est donc engagé envers le bénéficiaire pour la durée convenue.
La promesse unilatérale de contrat s’applique à tous types de contrats (vente, prestation, bail, etc.). Elle permet de verrouiller une opération sans la conclure immédiatement, tout en donnant une sécurité juridique aux parties.
La promesse unilatérale est recommandée lorsque le bénéficiaire souhaite disposer d’un temps de réflexion ou doit attendre un événement (levée d’un financement, accord d’un organe social) avant de s’engager définitivement.
Exemple concret : Un investisseur souhaite réserver l’achat d’actions d’une PME, le temps de finaliser un audit ou d’obtenir l’accord de son comité d’investissement. La promesse unilatérale permet d’assurer la disponibilité des actions durant ce délai.
La promesse bilatérale – aussi appelée compromis ou promesse synallagmatique – correspond à un accord où chaque partie s’engage envers l’autre à conclure le contrat. Elle se distingue de la promesse unilatérale par la réciprocité des engagements, qui valent vente (hors conditions suspensives).
Exemple pratique : Un compromis de vente immobilière est une promesse bilatérale : l’acheteur et le vendeur s’engagent tous deux à signer la vente.
À la différence du compromis de vente, la promesse unilatérale de vente engage uniquement le vendeur à vendre le bien à des conditions déterminées, à la demande du bénéficiaire, qui dispose d’un certain délai pour lever l’option. La vente sera formée si le bénéficiaire se manifeste dans le délai convenu.
Exemple de clause :
« Le promettant s’engage à vendre à M. X, qui accepte, le bien désigné ci-après, au prix et conditions définis, si ce dernier manifeste son intention d’acheter par écrit dans un délai de trois mois à compter de ce jour. »
Cas pratique : Une société souhaite céder un fonds de commerce, mais l’acheteur potentiel attend la validation d’un prêt. La promesse unilatérale garantit au bénéficiaire exclusivité et prix, tout en sécurisant l’opération.
La promesse unilatérale d’achat oblige cette fois l’acheteur à acheter le bien si le bénéficiaire – généralement le vendeur – décide d’y recourir. Ce type d’acte est moins fréquent mais utilisé par exemple pour garantir un prix minimum lors d’une levée de fonds.
Exemple : clause d’achat ferme de titres sous conditions de valorisation, au bénéfice d’un actionnaire sortant dans une PMI.
Dans le domaine de l’emploi, la promesse unilatérale d’embauche correspond, depuis la réforme de 2016, à un véritable engagement de l’employeur qui ne peut revenir sur sa promesse si le salarié lève l’option dans les délais et conditions convenus.
Exemple de clause :
« La société X s’engage à embaucher Mme Y au poste de responsable commercial à compter du 1er septembre, au salaire défini, sous réserve que Madame Y confirme sa volonté d’intégrer la société avant le 15 août. »
Cette distinction entre promesse unilatérale et offre d’embauche est essentielle pour éviter un contentieux prud’homal.
L’article 1124 consacre la force obligatoire de la promesse unilatérale, sauf rétractation avant levée de l’option. La Cour de cassation, dans plusieurs arrêts récents, juge que la rétractation du promettant n’empêche pas la formation du contrat définitif si le bénéficiaire lève l’option avant l’expiration du délai.
Arrêt marquant : Cass. civ. 3e, 23 juin 2021 – La vente a été reconnue parfaite dès la levée d’option par le bénéficiaire, malgré la rétractation préalable du promettant.
L’offre peut être librement rétractée tant qu’elle n’est pas acceptée. La promesse unilatérale crée un engagement irréversible du promettant pendant le temps de l’option.
Encadré pratique :
La promesse unilatérale est un instrument de négociation apprécié en droit commercial et bénéficie à la fois au promettant (qui se ménage une probabilité de conclure la vente) et au bénéficiaire (qui obtient une sécurité à court terme).
Pour le cédant : Garantir l’intérêt d’un acheteur potentiel tout en gardant la maîtrise de son bien tant que l’option n’est pas levée.
Pour l’acquéreur : Négocier un financement ou réaliser un audit sereinement sans risque de se voir retirer le bien.
Pour le dirigeant de PME : Sécuriser une opération de cession de fonds de commerce, d’actions, ou de partenariat.
« Le promettant s’engage à vendre à M. X ou à toute personne désignée, le fonds de commerce sis à […], au prix de 100 000 euros net vendeur, si le bénéficiaire lève l’option dans le délai de trois mois à compter de ce jour. Une indemnité d’immobilisation de 5 000 euros sera versée au promettant, acquise en cas de non-levée de l’option par le bénéficiaire. »
Conseil du praticien : Veillez à prévoir explicitement toutes les conditions essentielles pour éviter toute nullité ou litige.
C’est l’engagement d’une partie à contracter si l’autre lève l’option dans les délais fixés.
La promesse unilatérale n’engage qu’un seul contractant ; la promesse bilatérale engage les deux.
C’est la promesse ferme par laquelle un employeur s’engage à embaucher une personne si celle-ci confirme son intérêt dans le délai imparti.
Il s’agit d’un engagement ferme du vendeur envers l’acquéreur potentiel, qui dispose d’un délai pour acheter.
C’est l’inverse : ici l’acheteur s’engage à acheter si le vendeur décide de lui céder le bien.
L’employeur est tenu d’embaucher le bénéficiaire qui donne sa réponse positive dans les délais.
L’article 1124 du Code civil définit et organise le régime de la promesse unilatérale.
Elle est utile lors de négociations avancées, pour sécuriser une opération à venir, tout en conservant une latitude importante pour l’optionnaire.
Son versement doit être proportionné. En cas de litige, le juge peut en réduire le montant s’il le juge abusif.
La Cour de cassation confirme régulièrement la force obligatoire de la promesse unilatérale et protège le bénéficiaire en autorisant la formation forcée du contrat si la levée d’option intervient dans les règles, malgré une tentative de rétractation du promettant. Doctrinalement, la frontière reste débattue entre offre ferme et promesse, notamment sur la sanction d’une rétractation inopportune.
La promesse unilatérale offre au dirigeant de PME un outil de sécurisation dans la négociation et la transmission d’actifs. Sa maîtrise technique conditionne la réussite de nombreuses opérations.
Ne perdez pas de vue que cette matière est réglementée et que les conseils d’un avocat demeurent essentiels pour anticiper et prévoir toutes les considérations juridiques spécifiques à votre situation.