Tout comprendre sur le responsable de traitement au regard du RGPD : définition, obligations, clauses types, différences avec le sous-traitant, jurisprudence, exemples pratiques et FAQ complète
Le Règlement général sur la protection des données (RGPD) a instauré une nouvelle architecture autour de la notion de responsable de traitement. Cette figure centrale porte l'essentiel de la responsabilité juridique en matière de données personnelles, de la conception des traitements à la gestion des incidents de sécurité. Ce guide s'adresse aux professionnels, entreprises et juristes souhaitant comprendre en profondeur les mécanismes, obligations et subtilités liés au responsable de traitement RGPD.
Le responsable de traitement est « la personne physique ou morale, l'autorité publique, le service ou un autre organisme qui, seul ou conjointement avec d’autres, détermine les finalités et les moyens du traitement de données à caractère personnel ». Il s’agit d’une notion autonome de droit européen, indépendante des statuts internes (chef d’entreprise, DSI, organisme privé ou public).
Exemple concret : dans une entreprise, c’est généralement l’entité juridique (SAS, SARL…) qui assume les rôles stratégiques et le pouvoir de décision sur l’exploitation des données (clients, RH, etc.).
Quelques critères permettent de l’identifier :
Exemple pratique : la société X utilise un logiciel de gestion commerciale fourni par un prestataire. Même si le prestataire héberge techniquement les données, la société X, qui décide des campagnes commerciales et du profilage, reste responsable du traitement.
Le responsable doit être en mesure de démontrer à tout moment sa conformité aux principes du RGPD. Concrètement, cela se traduit par :
Le RGPD impose la tenue d’un registre détaillé des activités de traitement indiquant :
Encadré pratique : Le registre n’est pas une simple contrainte formelle ; il sert de « plan de vol » en cas de contrôle par la CNIL et éclaire la gouvernance des données dans l’organisation.
Le responsable doit fournir une information transparente, intelligible et aisément accessible à toutes les personnes concernées.
Exemple : l’employeur doit informer ses salariés, dans la politique interne, des finalités de collecte et de leurs droits (non-constamment dans le contrat de travail).
Le responsable de traitement doit mettre en place toutes les mesures organisationnelles et techniques appropriées afin d’assurer la confidentialité, l’intégrité et la disponibilité des données.
Lorsque plusieurs organismes déterminent conjointement les finalités et les moyens d’un même traitement, ils sont co-responsables de traitement.
Exemple commun : Dans le secteur de la santé, un hôpital et une société de gestion de dossiers médicaux co-conçoivent une base de données mutualisée. Ils devront définir ensemble la répartition des obligations et responsabilités.
Le sous-traitant traite les données uniquement pour le compte et sous instruction écrite du responsable.
Exemple : une agence marketing externalisée qui gère les campagnes email mais n’a pas d’initiative autonome sur les données clients.
Exemple typique de clause contractuelle :
« Le sous-traitant s’engage à traiter les données à caractère personnel uniquement pour la finalité strictement définie par le responsable de traitement, conformément à ses instructions documentées. »
En cas de violation de données personnelles, le responsable de traitement doit :
Le responsable doit organiser l’exercice effectif des droits (accès, rectification, opposition, effacement, portabilité, limitation, etc.) et pouvoir le démontrer en cas de contrôle.
La CNIL a récemment sanctionné une TPE qui n’avait pas documenté ses traitements (registre incomplet). Outre l’amende, la publicité de la sanction a eu un impact réputationnel majeur.
Exemple : une société spécialisée dans la sécurité avait délégué son registre à un prestataire, pensant assurer sa conformité. La CNIL a maintenu la sanction estimant que le registre relève exclusivement du responsable.
L’absence de répartition claire des obligations entre co-responsables expose à des actions solidaires en réparation, y compris pour la part de faute de l’autre acteur.
Exemple de clause à intégrer :
« Le sous-traitant s’engage à ne pas transférer les données hors de l’Union européenne sauf instructions écrites du responsable et sous réserve de garanties appropriées. »
Définir dans un accord la répartition des obligations, information des personnes, gestion des droits, sécurité des données, modalités de responsabilité conjointe.
C’est l’entité ou la personne qui décide des finalités et des moyens essentiels du traitement (ex : entreprise, organisme public, association).
Les co-responsables doivent formaliser par accord leurs responsabilités respectives et informer clairement les personnes des principales lignes de cet accord. Les obligations sont solidaires face aux personnes concernées.
Le responsable de traitement décide, le sous-traitant exécute sur instruction, les co-responsables décident et gèrent ensemble.
Un registre complet doit détailler : les finalités, la nature et la durée du traitement, les types de données/personnes, les destinataires, les transferts éventuels hors UE, les mesures de sécurité.
Notifier la CNIL dans les 72 heures, informer au plus tôt les personnes exposées si leur vie privée est menacée, documenter la violation.
Par la documentation (registre, DPIA), la formation, la sensibilisation, la contractualisation et la traçabilité des actions prises.
Article rédigé par Guillaume Leclerc, avocat en contrats commerciaux et contentieux commerciaux à Paris.