L’action en contrefaçon est le rempart juridique clé pour la défense des droits de propriété intellectuelle. Définition, procédure, conditions, exemples concrets, distinction avec la concurrence déloyale et FAQ détaillée pour tout comprendre des enjeux pratiques et techniques
L’ « action en contrefaçon » constitue l’arme centrale de protection et de valorisation des droits de propriété intellectuelle – marques, brevets, dessins et modèles, droits d’auteur.
Forte d’une jurisprudence évolutive et d’une pratique judiciaire dynamique, elle répond à des enjeux économiques majeurs pour les entreprises et créateurs.
Quelle que soit votre position – titulaire de droit, exploitant ou mise en cause – il est indispensable de comprendre la portée, la procédure et les alternatives à cette action.
L’action en contrefaçon est la voie de recours offerte à tout titulaire d’un droit de propriété intellectuelle pour faire cesser la violation de ce droit et obtenir réparation. Il s’agit d’une action civile ou pénale, selon la nature des faits reprochés, qui vise toute reproduction, imitation ou usage non autorisé d’un droit protégé.
Exemple pédagogique :
Un titulaire de brevet identifie la commercialisation d’un produit reprenant sans autorisation les revendications techniques de son brevet. Il peut engager une action pour obtenir l’arrêt immédiat de la commercialisation, la destruction des stocks contrefaisants et l’indemnisation de son préjudice.
Retrouvez mon article sur : www.victorisavocat.com/blog/cession-de-droit-dauteur.
Encadré pratique :
La protection s’applique au titre de la propriété intellectuelle valable et publiée : une marque non enregistrée ou un brevet non inscrit ne confèrent pas ce droit.
Exemple d’actualité :
La Cour de cassation a rappelé l’importance de l’inscription au registre national des brevets pour la recevabilité de l’action en contrefaçon, y compris pour les faits antérieurs sous réserve de régularisation légale.
Le titulaire du droit, le cessionnaire dûment inscrit, le licencié exclusif, dans certains cas le syndicat professionnel ou l’ayant droit en matière successorale ou de société.
"Le licencié exclusif est habilité à engager toute action en contrefaçon relative au présent contrat, sous réserve d’en informer préalablement le titulaire des droits."
Zoom sur la saisie-contrefaçon
La saisie-contrefaçon, ordonnée par le tribunal, permet de faire constater, saisir et préserver la preuve de la contrefaçon.
Illustration :
Une entreprise suspectant la copie de ses produits peut, grâce à la saisie-contrefaçon, faire intervenir un huissier pour saisir directement chez l’auteur présumé tout document, produit ou machine suspectée.
Dans la pratique, il est fortement recommandé d’adresser une mise en demeure à l’auteur supposé de la contrefaçon avant toute action judiciaire. Cette démarche peut permettre d’obtenir un accord amiable ou servir de preuve de bonne foi lors de l’action ultérieure.
Cas concret :
Un fabricant obtient par ordonnance sur requête une saisie-contrefaçon, puis assigne l’importateur devant le tribunal judiciaire de Paris, en référé, pour faire cesser la diffusion des articles litigieux.
L’action en référé permet d’obtenir rapidement la cessation de la contrefaçon lorsque l’urgence est caractérisée ou que le trouble manifestement illicite persiste.
Exemple d’application :
Un auteur de logiciel, constatant une utilisation frauduleuse, agit en référé : le juge ordonne la désinstallation immédiate des licences litigieuses.
Encadré pratique :
L’action en contrefaçon de marque déposée s’engage devant le tribunal judiciaire du lieu de domiciliation du contrefacteur ou du consommateur ciblé, selon la stratégie procédurale.
Exemple jurisprudentiel :
La contrefaçon est caractérisée en droit d’auteur même s’il n’y a pas d’intention frauduleuse, dès lors que la reproduction concernée porte atteinte aux droits patrimoniaux de l’auteur (Cass. Civ. 1re, 29 mai 2001, 99-15.284).
Le délai pour agir est de cinq ans à compter du jour où le titulaire a connu ou aurait dû connaître le dernier fait de contrefaçon.
Exemple jurisprudentiel :
Une action engagée en 2021 pour des faits connus du titulaire depuis 2008 est jugée prescrite, le point de départ n’étant pas reporté malgré un maintien de la commercialisation (Cass. civ. 1re, 15 nov. 2023, n°22-23.266).
Bien qu’elles poursuivent parfois des buts similaires (indemniser la victime), l’action en contrefaçon est autonome par rapport à l’action en responsabilité contractuelle ou délictuelle.
L’action en contrefaçon porte sur la violation d’un droit privatif formellement reconnu (marque, brevet, etc.), tandis que l’action en concurrence déloyale vise sanctionner tout comportement déloyal, même en l’absence de droit protégé.
Exemple concret :
Une entreprise copie non seulement le logo (contrefaçon de marque), mais aussi la présentation générale de ses produits sans utiliser la marque (concurrence déloyale). L’action en contrefaçon est alors complétée par une demande distincte fondée sur l’article 1240 du Code civil.
L’action en contrefaçon est une action en justice permettant au titulaire d’un droit de propriété intellectuelle de faire cesser et sanctionner une atteinte à ses droits (marque, brevet, droit d’auteur, dessin et modèle).
C’est une procédure d’urgence possible dès lors que l’atteinte est manifeste et qu’il y a urgence à obtenir la cessation immédiate de l’usage frauduleux : elle permet des mesures provisoires, comme la saisie des produits ou leur suspension.
Les tribunaux judiciaires à compétence spécialisée (ex. Paris) sont seuls compétents pour juger les affaires de contrefaçon.
Toute reproduction, imitation, exploitation ou usage d’un droit protégé sans autorisation est considérée comme de la contrefaçon.
La contrefaçon d’un droit d’auteur suppose l’existence d’une œuvre protégée et une exploitation non autorisée, consciente ou non, de tout ou partie de l’œuvre.
Être titulaire ou exploitant autorisé, produire des preuves et respecter le délai de prescription (cinq ans à compter de la connaissance du fait).
C’est l’action civile ou pénale en cessation, en dommages-intérêts et, le cas échéant, en sanction devant le juge, fondée sur la violation d’un droit de propriété intellectuelle.
Obligation d’une inscription régulière du titre au registre national et possibilité de régulariser l’inscription en cours de procédure.
Principalement les articles L.335-1 et suivants (droit d’auteur), L.713-1 et suivants (marque), L.615-1 et suivants (brevet).
Cinq ans pour l’action civile, six ans pour l’action pénale, à compter du dernier fait connu.
Oui, si les faits sont distincts ou présentent des aspects complémentaires, l’action fondée sur la contrefaçon peut être cumulée avec celle de concurrence déloyale.
L’action en contrefaçon exige une expertise juridique solide et une stratégie adaptée à chaque typologie de droit et de litige. Préparer en amont son dossier, connaître les subtilités de la procédure, anticiper la prescription, articuler éventuellement plusieurs fondements (concurrence déloyale, contractuel, délictuel, etc.) et bénéficier d’un accompagnement professionnel sont essentiels à la défense optimale de ses droits.
Article rédigé par Guillaume Leclerc, avocat en contrats commerciaux et contentieux commerciaux à Paris.