Tout comprendre sur la clause de préemption : définition, fonctionnement, rédaction, différences avec la clause d’agrément, exemples, enjeux pour PME. Article par Guillaume Leclerc, avocat en contrats commerciaux et contentieux commerciaux à Paris.

Dans le monde des affaires, garantir la stabilité du capital ou préserver la maîtrise de la composition des associés est un enjeu vital pour de nombreux dirigeants de PME. C’est précisément pour répondre à ces défis qu’est prévue la clause de préemption. Véritable « garde-fou », cette clause s’inscrit dans les statuts ou contrats pour organiser et contrôler la transmission des parts sociales ou actions au sein d’une société. Cet article propose un panorama complet et pédagogique de la clause de préemption, enrichi d’exemples pratiques et de réponses aux questions récurrentes.
La clause de préemption est une stipulation contractuelle qui confère à certaines personnes (généralement les associés ou actionnaires) un droit prioritaire d’acquérir un bien – le plus souvent des titres sociaux (actions, parts de société) – avant que celui-ci ne soit cédé à un tiers extérieur. Elle s’oppose donc à une liberté totale de cession, en faveur d’une organisation réfléchie de la transmission des droits.
Exemple concret :
Dans une SARL, une clause de préemption insérée dans les statuts prévoit que tout associé souhaitant céder ses parts doit d’abord proposer l’achat à ses coassociés selon les modalités définies contractuellement
La clause n’est pas expressément encadrée par le code civil mais découle du principe de la liberté contractuelle (article 1102 du Code civil) et est courante dans le droit des sociétés. Elle s’appuie aussi sur la notion de « préférence » en matière de cession de droits sociaux.
Il ne faut pas confondre la clause de préemption contractuelle avec le droit de préemption légal, qui trouve sa source dans la loi (ex : droit de préemption urbain, droit de préemption du locataire commercial, etc.). Pour approfondir ces aspects, consulter également notre dossier sur le droit de préemption, comprendre un levier essentiel en droit immobilier et commercial.
La clause de préemption, pour être efficace, doit prévoir le formalisme suivant :
Encadré pédagogique :
Si une cession intervient en violation de la clause de préemption (ex : vente directe à un tiers sans notification préalable), celle-ci risque d’être annulée par le juge sur demande des associés lésés, ou peut permettre une action en responsabilité contre le cédant. La jurisprudence sanctionne régulièrement ce détour.
Exemple jurisprudentiel :
Dans un arrêt de la Cour de cassation (Com., 9 juillet 2013, n°12-19.204), les juges ont rappelé que la cession faite en méconnaissance d’une clause de préemption pouvait être annulée sauf si le tiers pouvait se prévaloir de sa bonne foi (ignorance légitime de la clause).
En droit des sociétés, les clauses de préemption concernent principalement la cession des titres pour préserver la stabilité du groupe d’associés.
Exemple :
Dans une SA, les statuts peuvent prévoir que toute cession d’actions à des tiers est précédée d’une notification aux autres actionnaires, qui disposent d’un mois pour exercer la préemption.
La clause peut prévoir plusieurs niveaux bénéficiaires (associés, puis société elle-même, puis tiers désignés…), structurés selon l’importance des intérêts à protéger.
Entre plusieurs sociétés ou groupes partenaires, la clause pourra prévoir que chaque société bénéficie d’un droit de priorité en cas de cession croisée de participations.
La phase de rédaction est cruciale pour anticiper les problèmes de mise en œuvre et garantir l’opposabilité du mécanisme :
La clause de préférence est également proche mais se distingue par le fait qu’elle porte sur tout projet de cession, sans qu’une offre concrète d’un tiers ne soit nécessaire pour la déclencher.
La clause est fréquente en SARL pour compléter le régime d’agrément légal et renforcer le contrôle protecteur des associés.
En SA, la clause doit se concilier avec le principe de la libre cessibilité des actions – un aménagement statutaire précis est requis.
Souplesse : tout est négociable et personnalisable entre actionnaires grâce à la liberté statutaire et aux pactes d’actionnaires.
La rédaction et la mise en œuvre de la clause de préemption sont éminemment stratégiques et juridiques. Cette matière est réglementée et appelle à la plus grande vigilance : l’accompagnement par un avocat s’impose pour adapter la clause à la situation de votre société, prévenir les contentieux éventuels et garantir la sécurité juridique de l’opération.
C’est une clause contractuelle qui vous permet, en tant qu’associé, de racheter en priorité les parts/action d’un autre associé avant toute vente à un tiers. Elle protège ainsi la cohésion du groupe.
La clause d’agrément soumet la vente de titres à l’approbation d’un organe social. La clause de préemption, elle, offre aux associés la possibilité d’acheter avant toute vente à un tiers.
Le cédant notifie ses intentions et conditions aux bénéficiaires, qui disposent alors d’un délai pour faire connaître leur intention de préempter.
Oui, mais ses modalités diffèrent selon la forme de la société. La rédaction doit toujours être adaptée à la structure de la société (SARL, SA, SAS…).
La cession peut être annulée, ou le cédant peut voir sa responsabilité engagée à l’égard des bénéficiaires lésés. Le tiers de bonne foi est généralement protégé, mais la jurisprudence évolue sur ce point.
La clause de préférence et la clause d’agrément sont proches, mais répondent à des logiques différentes (préférence = engagement de proposer en priorité, agrément = nécessité d’une autorisation).
Consultez l’article dédié sur le droit de préemption.